«Réprimer les désirs qui sont partie intégrante de moi même me fait souffrir et n’apporte rien d’autre »

 

A quel lecteur, à quelle lectrice d’aujourd’hui s’adresse un petit livre de 143 pages racontant la vie d’une courtisane chinoise sous la dynastie des Tang (618- 907) période considérée comme l’âge d’or de l’empire chinois ?

Sûrement pas à ceux ou celles qui aiment les histoires de femmes de mauvaise vie … les histoires de putains.

L’héroïne adepte tant du plaisir sexuel que spirituel ou artistique fut une femme de très bonne vie, incapable de suivre un autre chemin que celui que le Tao lui a tracé. Les « Mémoires d’une fleur » sont celles d’une femme libre, hors de tout préjugé, de tout faux semblant.

L’ouvrage de Jacques Pimpaneau peut être lu par des gens de culture et plus particulièrement par ceux qui connaissent bien l’Asie et la civilisation chinoise. Mais si ce livre petit par la taille et grand par son propos est aussi passionnant, c’est qu’il se situe, comme le taoïsme dont l’héroïne se réclame, sur un autre terrain. « Mémoires d’une fleur » est d’abord une histoire, pas une construction intellectuelle. C’est à l ‘écoute de la vie, à l’écoute du désir et de soi-même que celle qui deviendra « Saxifrage » (plante en forme d’oreille de Tigre ) se consacre. Elle écrit des poèmes, joue de la musique mais surtout ne s’écarte jamais de ce qu’elle pense devoir faire et dire.

Dans la maison dédiée à l’amour, les autres courtisanes se nomment Camélia, Magnolia, Glycine… toutes des fleurs. La recherche de la beauté est avant tout celle de l’harmonie. Et c’est au plaisir que Saxifrage et ses compagnes se consacrent. Celui de la chair mais aussi de la conversation, de la musique, de la méditation. Jamais Saxifrage n’acceptera de se couper d’une partie d’elle même, toute sa vie, elle sera une nonne taoïste et une courtisane. Ce livre où la jeune femme découvre l’amour par ses trois orifices, est à mettre entre toutes les mains. Les enfants y apprendront que ce que l’on fait avec amour ne peut jamais être sale. L’harmonie, à contrario vient de la réunion dans un même lieu ou dans ne même approche de tous ceux qui se respectent assez pour respecter l’autre. Cela est simple à dire, moins à faire mais en tout cas absolument délicieux à lire.

Jacques Pimpaneau nous suggère qu’il n’est pas l’auteur du livre, mais seulement son traducteur. Après tout celui qui traduit n’est pas forcément celui qui trahit… Le lecteur ou la lectrice dans l’un ou l’autre cas devra se demander si c’est bien lui ou elle qui pénètre dans la maison de plaisirs. Si par hasard il se trouvait que ce fut un autre ou une autre cela pourrait vouloir dire que nous avons toujours plusieurs vies possibles, plusieurs façons d’accomplir nos vies et de les rêver.

 

François Bernheim

 

Jacques Pimpaneau`                             

Mémoires dune fleur

Editions Philippe Picquier

 

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