imagesEst-il encore possible de prendre en compte l’évolution de la société d’abord avec nos yeux, notre intelligence plutôt qu’avec nos vieilles lunes ?

Raphaël Glucksmann nous dit, nous prouve que oui. Et cela fait du bien. J’ai lu son livre avant que les médias ne s’enflamment autour des thèses d’Emmanuel Todd et je suis sorti de cette lecture enthousiaste, heureux. Cela ne veut pas dire que l’auteur soit optimiste, prêt à déceler le moindre frémissement là où rien ne bouge. Non, cela signifie qu’un intellectuel fait avancer sa réflexion au pas de son expérience, de ses engagements au côté des mouvements démocratiques d’Europe de l’est.

Pourquoi les intellectuels français s’auto- verrouillent-ils aussi fort ?

Difficile de répondre. Peur, paresse intellectuelle, cécité, enfermement à l’intérieur des frontières, manque d’imagination, fatalisme, désespoir… Peut être. Raphaël Glucksmann lui a de l’appétit, de la conviction et quand il dit qu’il est urgent, vital, essentiel de se battre, nous le croyons d’autant plus que d’autres peuples proches nous font savoir qu’ils n’ont pas renoncé. Le pire dans cette histoire c’est que c’est l’extrême droite qui nous fait la leçon, c’est elle qui tire les enseignements de la pensée du penseur marxiste, italien Gramsci. La lutte se fait certes sur le terrain, mais c’est le combat culturel, idéologique qui est primordial. Quand Raphaël Glucksmann démonte le discours de D’Eric Zemmour, il le fait preuves à l’appui, factuellement . Par ailleurs ce n’est pas offenser l’anti racisme que de faire la différence entre les mouvements islamiques terroristes et une religion qui a d’autant plus de mal à trouver sa place ici que le racisme anti immigré vient ajouter à la confusion. Il faudra un jour que l’on comprenne pourquoi les citoyens de ce pays acceptent de faire de l’immigration un problème majeur. Sans doute la droite, l’extrême droite, une partie de la gauche et les médias ont fait ce qu’il fallait pour cela. Plutôt que se demander si nous sommes prêts ou non, il semble nécessaire, indispensable de se battre, d’être solidaires. Si pour une fois nous acceptons que nos pieds soient en avance sur notre tête, nous réussirons à faire bouger notre mental. Les mouvements réactionnaires ne sont jamais aussi forts qu’à la veille d’un changement d’époque. Il n’y a pas de honte à ne pas avoir tout de suite les bons outils. Cela vaut mieux que de dormir ou d’enfiler des perles. La société bouge. Tous ceux qui craignent que vienne au monde une société plus ouverte fourbissent leurs armes. Oui sans rêver tout à fait, on peut imaginer une société moins hiérarchisée (donc plus horizontale) une société multiculturelle ne privilégiant pas le repli communautaire. Il est grand temps de mettre au rencart postures et tentations fatalistes. Certains se délectent du combat qu’ils seront obligés de mener quand il sera trop tard. Il n’est pas trop tard. Alors n’attendons pas d’être écrasés pour réagir. Un coup de pied quelque part peut éviter de se lamenter et de souffrir. C’est en avançant que nous serons plus joyeux. Avanti !

 

Raphaël Gluckmann

Génération Gueule de bois / Manuel de lutte contre les réacs

Allary Editions

 

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