imagesIl voulait tomber amoureux. Certes il vivait déjà avec une femme, intelligente, belle, cultivée, qu’il aimait depuis…longtemps. Elle est « l’Une » celle qui n’a pas de nom. L’autre, Ellénore , il la rencontre dans une salle de Tango. Elle est banale sans doute peu intelligente, mais de Milonga en Milonga leurs corps se parlent, le désir monte et son accomplissement est une fête. Une fête où toutes les audaces, les inventions prennent place dans l’invention d’un abandon réciproque.

Le  « nu intérieur » est cette aptitude à se dépouiller de tout ce qui n’est pas le désir » Une liberté, une dévastation au comble de la vie.

Il voulait tomber amoureux. L’amour, tout amour est-il une construction où chacun des deux protagonistes met tout son talent, « son art » à élaborer son objet ? L’art amoureux n’est pas plus un artifice qu’autre chose. La passion n’est pas nécessairement aveugle, mais requiert disponibilité , capacité à se laisser aller, aptitude à imaginer, en même temps que les corps se consument dans une conversation d’une intensité inouïe. Belinda Cannone développe une capacité rare à imaginer et à analyser simultanément. L’incendie amoureux a ses rituels, son organisation et la lucidité de l’auteure ne gâte en rien le plaisir du lecteur. Proust avec un amour de Swann démontre bien que l’amour est une construction paradoxale .Il va jusqu’à se porter sur « une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! ». Chacun est libre, mais aussi prisonnier de ses fantasmes. Comment le désir s’accommode – t- il du quotidien ?

Il ne s’accommode pas tout simplement. L’amour, lui autorise des variations d’intensité, pire, il accepte d’être confronté à toute forme de trivialité. C’est aussi de présence, d’accompagnement qu’Ellénore a besoin. Lui en est incapable. Il ne supporte pas l’idée qu’elle puisse avoir des amants, alors que lui navigue entre deux femmes. La colère d’Ellénore grandira à la mesure de sa frustration. Elle sera alors incapable de continuer. L’érotisme est la vie, mais la vie a aussi besoin d’autres territoires. Dans une salle de Tango deux corps peuvent s’accorder facilement. Dehors l’esprit doit user de toutes ses forces pour continuer la conversation. Les femmes en sont elles plus conscientes que les hommes ? A lire Belinda Cannone, on ne peut en douter. Sa capacité à se mettre dans la peau d’un homme est époustouflante. Généreuse comme toujours elle offre à son héros une initiation au tango, danse qu’elle fréquente à ses heures. Jamais elle ne juge, mais cet homme là comme tant d’autres semble avoir les plus grandes difficultés à affronter la vie en commun. Il se pourrait bien qu’il soit un héros de notre temps.

François Bernheim

 

Belinda Cannone

 Nu intérieur

 Editions de l’Oliver

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