Nio Far questionne l’histoire coloniale

Par Anne Bocandé

Réunir artistes, historiens et citoyens autour de l’histoire coloniale, c’est tout le pari du festival Nio Far. Itinérant, ce temps fort qui se déroule du 22 au 29 novembre à Paris se prolongera en avril au Sénégal. Rencontre avec les Pier Ndboumbe et Franck Dribault, de l’association organisatrice, La Tribu.

L’un est danseur et chorégraphe, l’autre metteur en scène et chanteur. Ils se présentent spontanément comme “un Noir, un Blanc” et parlent de leurs migrations familiales : “le Cameroun” pour le premier, “la France, mais avant l’Espagne, et les Maures” pour le second. C’est à partir de leur histoire intime, de leur expérience d’artistes aussi en Europe, aux États-Unis ou en Afrique de l’Ouest, que Pier Ndoumbe et Franck Dribault ont décidé de créer le festival Nio Far, entre la France et le Sénégal où ils vivent à coups d’allers-retours. Signifiant “on est ensemble” en wolof, Nio Far se veut une passerelle entre le continent africain et la France que l’histoire de la colonisation relie. “Parler de colonisation aujourd’hui est tabou, comme s’il ne fallait plus en parler, qu’il n’y avait plus rien à dire”.

S’entourant d’historiens comme Catherine Coquery-Vidrovitch, le binôme propose alors une programmation du 22 au 29 novembre mêlant débats, projections de films, lectures -avec notamment l’écrivaine sénégalaise Ken Bugul- et spectacles vivants dans différents lieux parisiens. Leur ambition ? “Interroger la citoyenneté aujourd’hui par rapport à l’héritage colonial. L’imaginaire collectif occulte l’apport des territoires coloniaux dans l’histoire française.” Et d’expliquer tous les deux les conséquences directes de ce “mal d’histoire” ici et là-bas : “il y a du racisme et de la crispation de part et d’autre qui ne sont pas déconstruits”, racontant tour à tour leurs expériences au contact des jeunes en Ile-de-France ou à Dakar.

Suite de l’article sur le n° 38 d’Afriscope de Novembre Décembre 2014  / www.afriscope.fr

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