Aphorisme, poésie, chausse – trappe tendu aux mots et au sens, ainsi s’insinue en nous « Courants blancs
De Philippe Jaffeux. C’est le deuxième livre de l’auteur édité par l’Atelier de l’agneau. Il nous a autorisé à en reproduire trois pages. Pour en savoir plus voir sur le net les sites : www.philippejaffeux.com – www.atelierdelagneau.com

L’alphabet dit la vérité sur l’écriture alors que les ordinateurs mentent aux nombres.
Sa voix étouffait son ego dès qu’il respirait avec de l’air qui appartenait à tout le monde.
Sa santé l’ignora lorsqu’il comprit qu’une maladie soignait le savoir de ses doutes.
Les yeux des animaux nous apaisent car ils reflètent notre angoisse de savoir parler.
Il était l’artisan de son corps depuis que sa marche était prise en main par la danse.
Nous sommes des erreurs parce que la vérité de la parole réside dans un silence parfait.
Son travail était son seul plaisir lorsqu’il faisait l’effort d’être paresseux.
Les lettres sont des traces qui nous suivent si elles perdent la piste de la parole.
Sa philosophie de l’alphabet était la seule mystique capable de conceptualiser chaque religion.
Ses cris étaient au service des animaux depuis que sa parole était inutile aux hommes.
L’alphabet trahissait sa voix tandis qu’il lisait pour traduire la fidélité de son silence.
Il croyait être un tigre en papier lorsqu’il s’habillait en blanc dans l’espoir d’effrayer sa page.
Les lettres s’écrivent en silence parce qu’un cri a célébré notre naissance d’analphabète.
La source inépuisable du temps abreuve un alphabet qui court-circuite des nombres machinaux.
La parole se situe devant ce qu’elle cache à l’instant où elle révèle un secret qui nous devance.
Le point d’interrogation était une réponse s’il questionnait une ponctuation avec sa respiration.
Sa page blanche l’angoissait parce qu’elle reflétait son absence d’inquiétude.
Sa bêtise était d’autant plus inutile qu’il s’intéressait à l’intelligence de ses muscles.
L’électricité est en paix lorsque l’alphabet est mis sous tension par un ordinateur en crise.
Il dévisageait la sauvagerie de la mer en pleurant pour raffiner le sel de sa tristesse.
Un vide sépare les mots parce que le rebond est l’unique ressort de l’alphabet.
Il apprenait à s’ennuyer depuis qu’il savait s’amuser avec son étude de l’ignorance.
Les mots sont moins drôles que les lettres parce que nous devons respecter leur orthographe.
Il enchaînait la civilité de son silence à l’alphabet pour se détacher d’une société babillarde.
Lettres ou ne pas l’être était la seule réponse qui questionnait son existence d’analphabète indécis.
L’amoralité divine des nombres cautionne la science d’écrire avec un alphabet magique.

Les lettres sont toujours à leur place lorsqu’elles localisent l’ubiquité d’un vide intempestif.
La parole l’ennuyait à mourir depuis que le silence exprimait son seul plaisir.
Il perdit la boussole dès qu’il s’avança d’un seul coup vers tous les points cardinaux.
Nous resterons indispensables les uns aux autres tant que l’art se limitera à être inutile.
Il s’attachait à sa folie afin de croire qu’il était plus proche de son chien que des hommes.
Sa réalité était mystérieuse parce qu’elle était aussi vraie que ses rêves indéchiffrables.
Ses yeux écoutaient une image s’il couvrait ses oreilles pour voir sa parole avec sa bouche.
La chasse libère notre bestialité depuis que l’élevage piège l’histoire de notre nature.
Ses questions l’interrogeaient dès qu’il trouvait de vraies solutions à de faux problèmes.
Il parlait pour se regarder vivre avec les yeux de ceux qui n’écoutaient pas son silence.
De l’air glissé entre son marteau et son enclume forgeait le martèlement d’un vide miraculeux.
Chacune de ses renaissances lui prouvait qu’il était né pour rebondir sur une terre incréée.
L’alphabet est grand s’il nous aide à raccourcir la distance avec la force de notre enfance.
Son ombre devança son corps lorsqu’il prit du retard sur des nuits impatientes.
Les animaux ont le privilège de savoir crier car tous les hommes sont égaux devant la parole.
Il parlait sans arrêt afin de ne plus mordre des hommes dangereux.
Toutes les vérités sont des erreurs parce qu’elles essayent d’interpréter la perfection.
Il oubliait son image lorsqu’il se souvenait des photographies qu’il avait perdues.
Ses mains imaginaient la marche de sa pensée dès qu’il tenait sa tête entre ses pieds.
Il voyait ce qu’il ignorait depuis qu’il croyait au pouvoir d’un savoir aveuglant.
Sa réalité fut mise en doute lorsqu’il fut certain de se cacher derrière des paroles fictives.
Les religions resteront un mystère tant qu’elles ne seront pas pratiquées par une humanité révélée.
Il se risqua à être un autre sans avenir à l’instant où il renonça à devenir lui-même.
Les rêves nous ont inventés parce que le sommeil est l’unique progrès de l’humanité.
Sa solitude s’enflammait s’il parlait dans le but de réchauffer celle de ses semblables.
Nous dormons dans le noir afin que nos ombres puissent continuer à nous poursuivre.

Seul notre premier pas compte parce que c’était celui d’un enfant audacieux.
L’équilibre du temps se renversa lorsqu’il fut surpris par le contraire d’une attente.
Il devint étranger à son pays afin de définir une langue avec les frontières de son identité.
Il obéissait à la logique de ses peurs pour être libéré par le non-sens de sa révolte.
Ses pages reflétaient la caricature d’un manque décidé à magnifier l’exactitude de son absence.
Parler était un supplice depuis qu’il punissait le silence avec un alphabet exalté.
Son cœur battait au rythme de l’électricité tandis qu’un vide dansait entre chaque lettre.
Il parlait de ses illusions avec ses tripes dans l’espoir de devenir un ventriloque passionné.
L’air était souillé par sa parole lorsque son silence innocentait une respiration de ses visions.
Il n’y a pas d’âge pour mourir depuis que les nombres mesurent un temps éternel.
Il passait d’une lettre à l’autre pour immobiliser sa traversée vers un autre monde.
Les cercles nous donnent la bonne direction lorsqu’ils trouvent un temps qui tourne en rond.
Sa pensée était mise en musique depuis que sa parole battait au rythme d’un silence créateur.
Ses réponses l’interrogeaient à l’instant où il questionnait l’élan de ses demandes irrecevables.
Il s’amusait avec une kyrielle de temps impatients pendant qu’il attendait de s’ennuyer.
Il récitait des noms d’aliments pour dévorer la gratuité d’une parole consommable.
Son attente arrivait toujours à point depuis qu’il prenait partout du retard sur ce qu’il avait été.
La parole l’oubliait parce qu’il pensait à la place des autres en vue d’ignorer ses souvenirs.
Il désobéissait au pouvoir de l’écriture s’il se soumettait à la puissance de son enfance.
Son intuition prit une direction opposée à son but pour orienter la signification de ses sens.
Seul l’alphabet peut apprivoiser notre mort depuis que la parole effarouche nos vies.
Il éteignait le feu de ses pages blanches avec de l’encre afin d’attiser une écriture absurde.
L’air le blessa à l’instant où il se risqua à parler pour aiguiser la transparence de son corps.
Le poids de sa voix diffamait un silence qui glorifiait la chute d’un alphabet innocent.
Nos voix brûlent de l’air afin d’animer l’obscurité de l’alphabet avec les cendres du silence.
Le vide était trop léger pour être mesuré par un nombre qui alourdissait ses pages.

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