Un billet d’humeur de Michel Dréano

 

 Ah ! mon cher Finkielkraut, voilà que tu t’y mets toi aussi à piquer ta crise d’urticaire d’identité française. Je m‘étonne que, toi l’ashkénaze qui aimes tant Charles Péguy, tu ne sois pas, du coup, allé plus loin encore, du côté de chez Maurice Barrès, en piochant dans « la terre et les morts » avec les xénophobes de la fin du XIXe, laudateurs de notre glorieux passé de brachicéphales bruns.

Tout cela finit quand même par ressembler à du radotage, du genre de celui qui « rognonne »  afin de jouir de la détestation de lui-même. Bientôt nous allons entendre ce cher Alain F., adoubé par France Culture, nous chanter à l’accordéon, d’une voix éraillée, le blues parigot: « je te trouverai charogne un vilain soir, je te ferai dans les mires deux grands trous noirs… », tel le vieux misanthrope Destouches, atrabilaire de Meudon à l’accent titi. 

 

Alors Céline et Finkielkraut même combat ? Je ne sais pas mais je sens bien que notre philosophe, trop largement médiatisé, patauge en plein ressentiment et frise parfois le ridicule ! Mais bon sang ! Nous autres, Français blancs du XXIème siècle, de souche judéo-chrétienne, quand finirons nous par accepter que nous sommes le produit de migrations incessantes sur la longue durée ? Lesquelles se sont encore intensifiées depuis la fin du XIXème siècle. Cela, nous l’avons trop longtemps  sciemment ignoré. Nous sommes, après les Etats-Unis, le pays occidental le plus riche d’apports étrangers ! Et pourtant, après plus de cent-cinquante années de vagues migratoires, on en est encore à exalter cette soi-disant « identité française » si riche de patrimoine et de valeur culturelle, en triant le bon grain de l’ivraie. Alors que 25% des Français ont au moins un grand parent étranger… Tout cela revient en fait à parasiter la confiance que nous pourrions et devrions avoir aujourd’hui en notre capacité de surmonter les difficultés d’un monde individualiste, réifié par la finance globalisée.

 

S’extasier d’un côté devant notre taux de fécondité à 2% et de l’autre stigmatiser tantôt le gitan tantôt le maghrébin, ca commence à bien faire. Et laisser penser que l’islam de France est, de fait et par essence, « inassimilable » aux valeurs de nôtre république, non merci. Cela casse le boulot de tous ceux qui, dans les quartiers populaires, se battent encore pour une laïcité fluide et ouverte au débat. Où les militants associatifs ont plus que jamais besoin de soutien moral et d’armes intellectuelles afin de raisonner les jeunes et les moins jeunes, « déboussolés » par trois décennies de promesses non tenues d’accroissement qualitatif et quantitatif du niveau effectif de la citoyenneté française. 

 

Le génial Céline, antisémite notoire, a osé écrire de notre pays qu’il était fait « de châssieux et de pucieux qui n’ont jamais pu fuir plus loin ». Il n’a pas tort. Ce grand écrivain, qui aura eu au moins le mérite de libérer la force vitale de la langue parlée par le petit peuple parisien du début du XXe siècle en lui forgeant au passage (Choiseul) un formidable écrin littéraire et musical, témoigne pourtant ailleurs (dans Les beaux draps) d’une haine du juif en haillons et de l’errant en violon. Je sais, je sais, Louis-Ferdinand n’était pas si judéophobe que cela en actes puisqu’il aurait soi-disant protégé une famille juive de voisins… On n’en a jamais fini avec ce genre de propos. Et basta ! Vous allez me faire pleurer. Bref, tout cela est bien compliqué quand l’affect « s’emmêle ». Et qu’en plus, pour des raisons différentes, je vous aime bien tous les deux !. Finkielmu et Bardakraut dans la même barque percée… Devinez qui tombe à l’eau le premier et qui sauve l’autre…

 

 

 

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