A la fin d’une réunion passablement mouvementée, Bibi Fricotin, Bardamu , Fantomas , Spartacus et l’Eve future  décident de créer les éditions Attila et d’en confier les rênes à Frédéric Martin qui a assumé pendant 7 ans des responsabilités éditoriales chez Viviane Hamy et à Benoît Virot journaliste et créateur d’une revue littéraire.

Pourquoi ces deux là ? Sans doute parce qu’ils ont en commun une audace dénuée de toute prétention, un amour des beaux textes très éloigné des querelles de chapelle, un goût prononcé pour les individus capables d’explorer la marge de l’ humanité ordinaire, là où dans un chaudron ne manquant pas de piment, le rêve surréaliste rejoint l’esprit de résistance et de révolte. Les insoumis, les flamboyants et les fous de génie font partie du conseil d’administration des éditions Attila. Ici, contrairement à d’autres entreprises rongées par une modernité un peu myope, on prend le temps le temps de lire… de travailler avec les auteurs, d’aller jusqu’au bout  du plaisir de lire. Sachant qu’un beau texte porteur d’un univers, mérite une belle typo, une maquette soignée, une création visuelle,  le plus souvent portée par un illustrateur et un papier qui chante sous les doigts du lecteur…

Si les éditeurs allemands peuvent à juste titre reprocher aux français de ne pas assez travailler avec leurs auteurs, on pourra dire qu’avant d’être français Attila est un éditeur qui appartient au pays de la littérature… On laissera les mauvais esprits se demander à quel pays appartiennent bon nombre d’éditeurs de romans et essais. Attila depuis 2009 édite une dizaine de livres par an. Le pari est que les textes sélectionnés pourront accompagner leurs lecteurs parce qu’ils répondent à un appétit de sens, de poésie et de création.Dans une époque qui vit à 200 à l’heure, il est réconfortant de croiser des échantillons d’humanité assez denses pour aimer faire danser l’ombre avec la lumière. ..

Mais comment deux éditeurs de moins de quarante ans peuvent –ils découvrir les pépites exigeantes dont ils ont besoin ? Encore une fois en prenant  le temps…. de découvrir de nouveaux textes, en s’intéressant aux auteurs vivant loin des milieux littéraires, en refusant les partis pris de la mode qui veut que des auteurs ayant eu du succès à une époque soient oubliés quelques années plus tard. Ainsi Emmanuel Bove, Paul Gadenne, René Guérin , Luc Diétrich et bien d’autres qui n’ayant que le souci de créer, peuvent changer de style à chaque livre. Comment ne se rendent-ils pas compte que la plus part du temps la reconnaissance  vient  couronner ce que l’on connaît et  donc reconnaît !

Parmi les auteurs déjà publiés par Attila Edgar Hilsenrath occupe une place de choix. Après «  Fuck America » avec une sauvagerie qui n’égale que sa drôlerie il s’attaque au phénomène nazi. Vingt ans avant «  Les Bienveillantes » voilà une fiction qui visite le nazisme de l’intérieur. Le héros du livre  est sale, ambigu, mais surtout monstrueusement ordinaire. De là naît une fort opportune sensation de malaise. Max le coiffeur nazi, avant de prendre l’identité de son ex ami juif ,a tué des milliers d’israélites. C’est naturellement en Israël qu’il trouvera refuge et défendra ses nouveaux amis contre tous ceux, anglais,arabes, qui les agressent. Dieu qui a laissé faire tout cela, s’avère incapable de pardonner ou de condamner. Dommage  pour les grands criminels de guerre qui ne trouvent  aucune solution pour se défausser de leur ignominie.  Ceux qui désespèrent  de la littérature ,des éditeurs  peuvent revoir leur copie. L’éditeur Attila n’est pas seul à faire du bon travail. Les deux complices se retrouvent en parfaite harmonie avec une nouvelle génération d’éditeurs exigeants, ainsi : Finitude, Cent pages,L’arbre vengeur, Plein Champ,etc Ils ont également le plus grand respect pour les éditions de Minuit et Pauvert. En Septembre Paul Gadenne et Jacques Abeille seront les fers de lance d’Attila. Le récit de jacques Abeille «  les jardins statuaires aurait pu être salué par André Breton comme par les grands feuilletonistes amoureux de l’étrange et de l’âme populaire. Le livre est magnifiquement illustré par François Schuiten. Edité il y a 30 ans , le récit d’Abeille  a été perdu,brûlé,ses éditeurs ont fait faillite. Bref les éditions Attila n’oublient pas que chaque livre a une histoire, bref que chaque livre est un défi.

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