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 » Ceux qui racontent les histoires dirigent le monde. Notre tâche fondamentale est d’inventer une nouvelle histoire pour dire ce que signifie être humain au XXI siècle »

Georges Monbiot

« Avant la dernière guerre, nous avions les colonies, Marseille était la porte de l’Orient. Dans la bourgeoisie, on voyageait beaucoup. Quand les jeunes gens avaient terminé leurs études de droit on les envoyait dans les colonies pour se faire les dents…  » Edmonde Charles Roux, écrivaine, veuve de Gaston Deferre

 » Pourquoi Marseille est-elle soumise au terrorisme des sans-abri qui suppriment la convivialité en dormant sur les bancs ? « 

Anonyme, livre d’or de l’exposition Euroméditerranée 2002 Cité par Bruno Le Dantec dans » la ville sans nom »

« Marseille passe pour la dernière grande ville populaire de France « 

Alessi Dell’ Umbria

Marseille à venir

Cinquième reportage à Marseille  Juin2022/ Décembre 2022

Premier, deuxième, troisième, quatrième reportage (1) : mise en avant exaltée des femmes et des hommes  qui donnent avec générosité, intelligence, humilité ce qu’ils ont de plus précieux pour que cette ville respire haut et fort, pour que l’imaginaire des peuples de la Méditerranée perpétue un vivre ensemble magnifique.

Faut-il continuer sur cette lancée ? Impossible de répondre d’une façon péremptoire. Mais dans l’intervalle qu’esquisse cette incertitude, pourquoi ne pas tenter le contrepied.

 » Dis- moi quel est ton ennemi je te dirais qui tu es »

Mais qui es-tu donc Marseille pour avoir tant d’ennemis ?

Par ennemi on entendra à minima, des personnes, groupes, institutions qui ne t’aiment pas telle que tu es. Au pire ceux qui par tous les moyens s’acharnent sur toi comme étant l’incarnation du mal, de la vie nauséabonde.

 Nous sommes, toute hypocrisie mise à part, ravis d’accueillir :

–  L’État centralisateur

Face à une ville revendiquant son autonomie et baignant dans une culture monde, l’état jacobin se montre aussi hostile que déphasé.

Les médias régionaux et nationaux

Marseille bouc émissaire est la cité de tous les dangers. Elle incarne le mal, l’insécurité, la drogue. L’islamisme est au cœur de la cité. Si d’aventure vous tenez à visiter cette ville, un gilet pare-balle ne sera pas de trop.

L’équipe municipale Gaudin/ Deferre pendant 60 ans.

Chasser les pauvres du centre-ville était l’objectif à long terme.

Solidarité dangereuse (effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne) avec les propriétaires indignes et les marchands de sommeil. Sacrifice permanent de l’école publique en ruine au profit des amis de l’école privée.

Le secteur immobilier et du bâtiment

En osmose avec l’équipe municipale Gaudin/ Deferre.

Beaucoup de trous creusés et rebouchés pour stimuler l’activité  des amis.

Les citoyens racistes de droite, extrême droite et….

Les citoyens racistes de droite, extrême droite et….

Toujours prêts à casser de l’arabe et encore plus depuis 1962 avec l’indépendance de l’Algérie ». Contrairement à l’affirmation du président Georges Pompidou la société française est raciste. » les immigrés finissent par croire qu’ils sont chez eux  » affirme un député suppléant. Paris Match peut titrer  » Les bougnoules sont-ils dangereux ». L’activisme d’anciens de l’OAS et la nostalgie des partisans de l’Algérie française s’affirme dans un contexte où la métropole et Marseille en particulier  ont accueilli avec hostilité l’afflux des rapatriés en 1962 : 700.000 sur tout le territoire dont 450 000 à Marseille  (2)

Les forces de l’ordre

L’extrême droite, les anciens de l’OAS y sont implantés. L’intervention de la police dans les quartiers difficiles n’est pas bienvenue.

La bourgeoisie petite, moyenne et grande

Marseille est sale (3) gangrenée par les gangs et autres mafias.

Que des quartiers du centre-ville soient encore habités par des pauvres est un scandale visuel et économique.

La métropole et la région

Depuis 2021 la nouvelle équipe municipale tente de mettre en pratique ce pourquoi elle a été élue. Son action est contrecarrée par la métropole et la région. Face à la ville  monde, Aix en Provence  incarne la ville propre et respectable.

Pourquoi cet opprobre ?

Affirmer son amour pour Marseille n’exclut pas de regarder la réalité telle que d’autres moins que bienveillants la construisent.

-La propreté de Marseille laisse à désirer ?

Oui. Le système de nettoyage mis en place par Gaston Deferre avec l’appui du syndicat FO pour faire pièce à la CGT y est pour quelque chose (3)

-la ville est administrée, en sous activité économique depuis que les pays colonisés ont pris leur indépendance.

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_ Le chômage y culmine en particulier chez les jeunes des classes populaires.

_ La domination, hier incontestée, de la mafia italo -corse liée au pouvoir municipal  ne l’est plus. La concurrence est rude entre les petites mafias d’origine maghrébine. Les assassinats, règlements de compte sont nombreux.

-Même si la french connexion n’existe plus le commerce de la drogue est ici prospère. Certains affirment  que sans cette activité le chômage des jeunes déjà catastrophique serait pire.

_ L’état du logement populaire est indigne. Tant dans le centre- ville qu’à la périphérie dans les quartiers.

– Les bâtiments installations  de l’école publique  ne valent pas mieux que les logements populaires du centre- ville.

– Faits divers, délits, incivilités, crime, la ville serait au top de l’insécurité. Plus que les chiffres, les médias l’affirment.

Panique ou manipulation ?

Les personnes qui  habitent Marseille et la pratiquent au quotidien connaissent les problèmes de la ville. Sont-ils d’une autre ampleur que ceux d’autres grandes villes du pays, cela reste à démontrer. Il n’empêche que chaque ville a une équation spécifique et si la cité phocéenne est clouée au pilori par tant de monde c’est à l’évidence qu’elle pose problème. On peut déjà affirmer qu’une  présentation aussi négative de la ville n’est en rien innocente et donc qu’elle a son utilité :

– L’opposition entre les bons et les méchants a un mérite pédagogique incontestable, elle  relève de la logique du western. Si le film est bien mis en scène, on est nécessairement du côté des bons.

En occultant les vrais problèmes on concourt efficacement au maintien du statuquo. Ne jamais oublier que les dominants ont à leur service toutes les bonnes plumes nécessaires.

Autre mérite incontestable de la proposition, elle canalise et sert d’exutoire  à tous ceux qui ont pour moteur, faute de mieux, la haine ou le ressentiment.

Mais la vertu majeure (si l’on peut dire) de cette machine de guerre est autre. Elle occulte la réalité tragique  vécue par une population qui a fait l’erreur de ne pas être blanche. Dans cette ville monde, toutes couleurs et multi culturelle le racisme (4)  dénie le droit à l’existence des populations colorées. Si elles sont traitées comme être inférieur, c’est qu’elles le sont. Le drame est que le racisme est bien une construction  sociale répondant à des impératifs économiques et politiques, mais que déployé sur le long terme, il peut apparaitre comme un fait de nature. En clair ceux qui sont l’objet du mépris raciste, sans avoir les moyens de le remettre en cause, subissent une double violence, celle d’être traités comme des êtres inférieurs et de concourir malgré eux à cet opprobre.

Juridiquement Il ne s’agit pas d’un crime. Et pourtant nier le droit à l’existence de toute une population principalement issue des anciennes colonies françaises et utilisée comme main d’œuvre d’appoint est monstrueux pour ne pas dire criminel.

Il ne s’agit pas ici d’expliciter le mode de fonctionnement de la mécanique raciste mais plutôt de se situer par rapport au défi qui est celui de tous les êtres humains qui refusent de se soumettre à un diktat avilissant.

Est-ce possible de faire émerger la parole de ceux  que l’ex-puissance coloniale et ses soutiens ont voulue inaudible, voire inexistante ?

La réponse est donnée tant par les associations rencontrées

Les centres sociaux aujourd’hui menacés (5), les théâtres, centres culturels, musiciens,rappeurs, festivals Hip-hop, les artistes, cinéastes, les militants sociaux, culturels et politiques, les chercheurs, sociologues, démocrates conséquents, êtres humains à presque 100% et sûrement bien d’autres.

Faire émerger la parole des sans-voix, ce n’est pas seulement possible mais vital.  Plus encore que de combattre une injustice, il s’agit de faire apparaitre au grand jour le caractère meurtrier du racisme. Il tue physiquement, mais au-delà, empêche de vivre, étouffe, méprise, discrimine des milliers, des millions de personnes au seul motif qu’elles n’ont pas la peau blanche. Cette entreprise a sa rationalité économique structurelle : aux inférieurs les tâches inférieures, les émoluments, les logements qui confirment aux yeux de tous cette infériorité. Le racisme, en l’absence d’un projet de société ouvert et mobilisateur est une aubaine politique, susceptible de cristalliser les mécontentements en peine de s’investir ailleurs. Il constitue donc pour le pouvoir en place une rente politique. Accepter que des humains soient aussi maltraités, avilis, c’est aussi accepter d’être soi-même  méprisé et méprisable au sein d’une humanité honteuse, C’est aussi accepter de se priver d’une énergie et d’un potentiel d’imaginaires qu’apporte la rencontre, voire la confrontation avec la culture de l’autre. Bref le racisme est inacceptable. Sauf que le poids de l’argent ajouté à la peur et à une rhétorique opacifiant la cruauté du système, autorisent tous ceux qui estiment, qu’ils ont déjà beaucoup à affronter au quotidien, à ignorer les aberrations qu’ils ont sous les yeux. Rien ne va bien, mais c’est comme ça. C’est normal. C’est dire que tous ceux qui tentent de rester debout en allant vers l’autre, comme on ouvre une bouteille d’oxygène, comme on refuse tout ce qui nous rapetisse, entreprennent en pleine conscience un travail aussi énorme, beau, courageux que modeste à l’échelle d’un système de valeurs et de représentations qu’il importe de raboter, fissurer, en espérant que toi plus moi, plus nous, plus vous, à terme le feront exploser.

Tous ceux qui se battent pour faire émerger la parole des invisibles, des sans voix, se battent aussi pour leur propre droit à la  dignité et à l’imaginaire. C’est sur le terrain où vivent les classes populaires qu’un travail immense et modeste s’accomplit pas à pas, jour après jour. Ainsi la critique du système croise la vie au quotidien, dans sa pesanteur mais aussi dans ses élans. La culture, la politique  » ce n’est pas pour nous  » tant que la chaleur humaine, la convivialité, l’écoute et le respect de l’autre sont aux abonnés absents.

Ces démarches initiées là où les gens vivent, dans leur proximité physique, mentale et affective, peuvent alors s’inscrire  dans l’universalité d’un propos en phase avec le vécu de chacun.

Le guide du Marseille colonial (6)

Coédité par les éditions Syllepse et Transit, la Courte échelle, ce guide répond à une nécessité. Son collectif de contributeurs l’exprime ainsi : « La nécessité de produire un tel guide vient nourrir un sentiment d’urgence, celui de Marseillais qui ne veulent plus emprunter, parcourir, habiter, étudier dans des lieux qui portent le nom de celles et ceux qui ont œuvré à notre déshumanisation. »

Concernant, la colonisation le paradoxe est énorme, entre d’un côté l’importance primordiale d’une entreprise d’asservissement et destruction partielle des peuples colonisés impliquant une structuration hiérarchique racisée de la société métropolitaine, les inférieurs par nature étant là, tant pour offrir à bas prix leur force de travail et subir le mépris des races supérieures et de l’autre côté la dénégation voire le silence soustrayant une telle entreprise à tout débat public. Cette omerta voulue par les uns et tolérée par les autres, est sans doute, comme le souligne Alain Castan, à la source des nombreuses défaites subies par la gauche. Fort heureusement il semble bien que les nouvelles générations n’acceptent plus ce qui a été, tant bien que mal, occulté par leurs ainés. Impossible de parler politique en passant sous silence  l’exploitation et sujétion des classes populaires. Bien entendu de nombreuses revues et livres traitent de la colonisation. On peut, héla,s faire l’hypothèse  que leur lecture est principalement le fait de personnes qui ne sont plus à convaincre.

Un guide des rues et monuments de Marseille travaille à un tout autre niveau, celui d’un quotidien revisité. L’habitude et le silence aidant on ne voit plus ce qui est en face de nous. Un tel guide redonne un éclairage nouveau à un espace commun. Ainsi les escaliers de la gare Saint Charles.

  « Tout à la gloire de l’empire Colonial, ils incluent deux groupes en Pierre de Louis  Botinelly, les colonies  d’Afrique et les colonies d’Asie, dont les allégories sont à chaque fois des personnages féminins condensant tous les stéréotypes et fantasmes racistes et sexistes propres au colonialisme…..  La cité phocéenne domine les territoires des deux continents…

« Les femmes -colonies  » sont offertes, nues presque liées….. et leurs filles elles-mêmes semblent à la disposition du conquérant »

Comment peut-il y avoir encore une rue Bugeaud à Marseille et aussi à Paris « … nommé  gouverneur de l’Algérie en 1841.Il applique alors la politique de la terre brûlée.

Ses troupes pourchassent les combattants et les populations civiles, incendient les villages, détruisent les troupeaux, enfument les grottes dans lesquelles sont réfugiées des tribus entières. 18 Juin1945, dans les grottes de Dahra toute une tribu, hommes, femmes enfants entre 7000 à 12000 personnes sont exterminées… je brûlerai vos villages et vos moissons, je couperai vos arbres fruitiers et alors ne vous en prenez qu’à vous seuls »

Premier signe positif le conseil municipal de Marseille  du 21 Mai 2021 a débaptisé l’école Bugeaud  » Elle porte désormais le nom d’Ahmed Litim, tirailleur algérien tué dans les combats pour la libération de la ville le 25  Aout 1944.

Les expositions coloniales de 1906 et 1922, précédant celle de Paris en 1931 doivent  signifier aux yeux du monde que Marseille est désormais la porte  de l’orient, la capitale maritime de l’empire. Succès populaire éclatant 1, 8 millions de visiteurs pour la première, 3 millions pour la deuxième. Marseille est le 1er port colonial du pays. Les discours les œuvres artistiques et cinématographiques à la gloire de la colonisation seront un puissant allié.

A l’opposé des francs -tireurs courageux tel que Camille Pelletan. En Juillet 1885 il déclare  » Qu’est-ce que cette civilisation que l’on impose à coup de canon ?Qu’est- sinon une autre forme de barbarie?

Est-ce que ces populations de race inférieure n’ont pas autant de droit que vous ? Est-ce qu’elles ne sont pas maitresses chez elles, est-ce qu’elles vous appellent ?

Vous allez chez elles contre leur gré, vous les violentez, mais vous ne les civilisez pas »

La mise en avant du fait colonial dans un guide prolongé par un blog (6) actualisant l’information, prenant en compte les réactions et éventuelles omissions a l’immense intérêt  de concerner tout citoyen voulant en savoir plus sur l’histoire de sa ville et ses partis-pris.  Autre intérêt non mineur faire comprendre que la fin de la colonisation signe la fin de l’expansion d’une ville fer de lance de ce système d’exploitation. Des  politiques municipales encourageant les rentes de situation et l’absence d’entrepreneurs dynamiques  parmi les dynasties en place, ont creusé le trou. Soixante ans après la signature des accords d’Evian qui font de l’Algérie un pays indépendant, on prend enfin conscience de la violence du fait colonial. Les uns ne pouvaient pas parler, les autres ne voulaient pas entendre. Traumatisme torturant les esprits , comme une prison sans murs  peut rendre fous ceux qui y sont enfermés. Heureusement une nouvelle génération semble pouvoir prendre la relève; Au-delà  du guide, les prises de parole se multiplient, ainsi un cycle de conférence initiées par Act. Une nouvelle collection de livres sur les questions d’émancipation collective. Premier ouvrage édité  » Nos Algéries intimes (7)

« Pour cette Algérie intime qui nous relie à nous -mêmes comme aux autres, à cette terre de manière ombilicale ou fantasmée; penseurs, intellectuels, artistes, écrivain.es, photographes, militant.es, citoyen.nes prennent la parole Une occasion comme une nécessité pour aborder ce qui fait lien aujourd’hui avec l’Algérie pour les différentes générations ».

Les jeunes réunis au centre social Frais Vallon

A écouter les adolescents réunis au centre social, leur cité serait dans le paysage marseillais un véritable oasis. Tous sont nés à Frais Vallon , ils ont grandi ensemble et semblent ne pas éprouver le besoin de sortir de leur cité. Ils sont scolarisés, ne savent pas ce qu’ils feront plus tard , mais sont conscients de leurs responsabilités vis à vis de leur parents quand ils ne seront plus en état de s’assumer. les jeunes filles présentes sont heureuses de dire qu’à frais Vallon il n’y a pas de sexisme. Le Club de foot de la cité  est reconnu dans le contexte local.

Alors Frais Vallon serait-il une exception dans le contexte des cités de la ville de Marseille ?

Si l’impact  des actions menées par le Centre social est certain (5) s’il semble qu’ici les familles soient très présentes et plus en état qu’ailleurs d’imposer des limites, il n’empêche que la Cité de Frais Vallon, une des trois plus importantes de la ville connait les mêmes problèmes  que les autres . Une rénovation des bâtiments mille fois annoncée et jamais venue, un enfermement psychologique des jeunes craignant de sortir de leur cité. Ici comme ailleurs sévissent racisme discriminations avec une police qui provoque les adolescents. Problèmes de drogue oui comme partout. Comme partout, énormes difficultés à poursuivre des études supérieures après le bac, faute de moyens, de connaissance des codes  et des discriminations à l’emploi. Il n’y aura jamais assez de psy pour recevoir des jeunes désenchantés, traumatisés.

On peut supposer qu’il ne soit pas facile de parler des vrais problèmes avec un intervenant extérieur. Il faut aussi se demander si les jeunes n’ont pas d’autres moyens de s’exprimer que la parole. Ainsi la musique. Le Centre social a accueilli dans ses locaux un groupe dont les instruments avaient été saccagés par la police. Le Centre a également créé un accueil de nuit  afin que les adolescents  trouvent un lieu où être ensemble à toute heure, plutôt que de dériver dans la cité en étant exposés aux rondes de police.

D’après les documents établis par le Centre, les adolescents sont pleinement conscients  des problèmes de la cité et de leur impact sur leur avenir. Plutôt que de s’exprimer oralement ils se mobilisent et proposent des solutions.

. « Aujourd’hui et plus que jamais, l’implication des jeunes est indispensable et constitue une richesse pour le territoire et l’ensemble de ses habitants. Nous les accompagnons dans ce sens afin qu’ils puissent devenir autonomes.

Suite à la participation de certains jeunes au réseau jeune national, événement organisé par la Fédération des centres sociaux de France, sur l’ile du Frioul en octobre 2021, les jeunes ont décidé de créer une instance à Frais Vallon afin d’agir localement. (8)

Ils se réunissent 2 à 4 fois par mois afin d’échanger sur des actions à développer à Frais Vallon. Ce collectif constitué de près de 30 jeunes s’est formé en début d’année 2022. Cette instance est ouverte à tout jeune intéressé, habitant Frais Vallon, souhaitant s’investir et s’engager pour l’intérêt de son quartier. Ils ont défini collectivement 3 axes de travail :

  • Amélioration du cadre de vie
  • Sujet qui concerne les jeunes de manière générale : insertion, santé, discriminations
  • Animation du quartier

A ce titre, en aout 2022, ils ont mis en place 3 animations (tournoi de football, ciné plein air, soirée des talents. Ces animations ont été bien accueillies par les habitants de Frais Vallon. L’objectif pour l’année 2023, est de conforter ces initiatives et maintenir cette dynamique.

Enfin, ils sont aussi amenés à solliciter des intervenants extérieurs lors de leurs réunions dans l’optique d’alimenter leurs connaissances et leur réflexion dans un souci de progression et d’ouverture ».( Collectif jeunes Frais Vallon)

Le restaurant le République (9)

Sébastien Richard, est le créateur du restaurant gastronomique et solidaire  » Le Republique » situé à quelques centaines de mètres du vieux port. Qui ne lirait que le début de sa biographie pourrait se demander comment un chef étoilé, reconnu par ses pairs, naviguant dans les sphères élitistes  des tables d’hôtes privées et du consulting haut de gamme, en est arrivé à concevoir, mettre  sur pied  et faire fonctionner ce que des esprits timorés auraient pu considérer comme une utopie.  La réponse de l’intéressé est claire. Deux évènements forts ont contribué à sa prise de conscience

– Le confinement. Comment faire face aux gens qui ont faim. Il sollicite plusieurs chefs amis. Ensemble ils préparent et distribuent plus de 40 000 repas.

– La mort de sa mère, personne forte dont il a toujours admiré l’altruisme absolu, sans forcément la suivre sur ce terrain. Comment rendre hommage à une mère, comment continuer à dialoguer avec elle ?  Simplement en agissant de telle façon qu’elle puisse être fière de son fils  qui sera à son tour fier de lui-même. Il n’est pas normal que des êtres humains ne puissent manger à leur faim et soient privés du plaisir d’un bon met. Pourquoi ce plaisir devrait -il être réservé à une élite ? Ceux qui ont les moyens de s’offrir un repas au prix fort pourraient bien  trouvent là également une confirmation de leur position sociale privilégiée. Au royaume des apparences la société comme les individus ne peuvent faire que du sur place.

Lui ,Sébastien veut avancer tant pour lui que pour les autres. Il faut  frapper un grand coup dans la fourmilière, faire s’entrechoquer  des concepts , aussi éloignés les uns des autres que possible . Ainsi gastronomie et solidarité. Ne pas avoir les moyens de s’offrir un très bon repas, ne signifie en rien que l’on n’est pas capable  d’apprécier la bonne chère.  Ainsi s’ouvre en Janvier 2021  » Le République », restaurant gastronomique et solidaire ouvert à tous ,ceux qui ont les moyens de payer entre 25 et 30€ ou plus pour le menu dégustation, comme à ceux qui n’en ont pas les moyens ,sollicités par les différentes associations qui les soutiennent, Ces derniers paieront 1€.

« Le République  » n’est pas une cantine. Quel que soit le montant payé, tous sont clients à part entière . Le pari veut aussi que ces populations qui n’ont pas de lieu de rencontre commun  puissent découvrir l’autre et se sentir acceptées, valorisées.

Les grands chefs amis sont la garde rapprochée d’un projet qui doit obligatoirement s’inscrire dans une économie viable à défaut d’être, du moins à court terme, profitable.

Les ingrédients qui nourrissent et confortent le projet  sont décisifs.

Le restaurant prend place au centre- ville  dans un lieu majestueux et convivial remis au goût du jour par un architecte de grand renom Rudy Riciotti. Colonnades  et sculptures dialoguent avec tables d’hôtes ouvertes à ceux qui viennent nombreux ou préfèrent faire la connaissance d’autres convives. l’accueil est chaleureux,  à l’écoute de l’autre, le service est efficace,  professionnel. La plupart des membres de l’équipe du République sont en réinsertion. Le restaurant a donc bien une vocation tant par ses clients que ses employés à développer le lien social.

Les repas sont bons , les plats originaux d’excellente qualité. De fait le restaurant qui possède aussi une agréable terrasse est un écrin, Sébastien Richard qui sait à quel point il importe de soigner les apparences a développé un ensemble de signes qui appartiennent à la légende  du luxe.. On mange bon dans un bel endroit aussi convivial que possible  en étant respecté. C’est ainsi que le République fait rimer plaisir gourmand , solidarité. et développement de l’emploi Le restaurant a également équipé un truck sillonnant régulièrement les quartiers Nord avec ses bons plats.

Après mon entretien avec  Sébastien Richard,  je me suis fait un plaisir de tester le menu du jour. J’ai été pleinement été satisfait. Ensuite en passant de table en table, j’ai eu le plaisir de faire connaissance d’une famille d’origine algérienne ; grand -mère, mère, petits enfants. On m’a invité à m’asseoir. Sourires heureux, ici on se sent  bien , on est comme chez soi …  en toute liberté. Ici le plaisir passe par la bouche, les yeux, la satisfaction d’être accepté, reconnu et relié aux autres.

« Le République » au centre -ville, « L’après M » (ex Mcdo) à la Busserine (10). Deux restaurants , deux traditions culinaires  aux antipodes mais une seule vocation: la solidarité. Preuve est ainsi faite que le plaisir sous toutes ses formes n’a vocation à être réservé à une élite que si on le veut bien.

La parole n’est pas une forteresse imprenable

les baillons les plus meurtriers n’ont pas besoin d’avoir une existence physique pour enfermer, annilher toute une population. Cette violence qui a les moyens de se parer d’habits de vertu, cette violence qui pénètre au plus profond des âmes en désarroi comme des systèmes nerveux  et qui s’offre le luxe d’opérer en douceur ne peut que susciter chez ceux qui n’en peuvent plus que rage, désespoir, contres- violences tout azimut. Là est le piège infernal. Il faut sans doute avoir beaucoup voyagé comme l’a fait Cindy Joy à travers Inde, mannequinat, accompagnement des enfants handicapés, ateliers d’écriture, réalisation de clips, documentaires pour saisir toute l’ambivalence d’une ville, capable, malgré tout de développer avec force un vivre ensemble où partage, projets et solidarité ont toute leur place. Cindy comme beaucoup, adolescents et adultes, ont de plus en plus de mal à supporter un monde où ceux qui dirigent, dans leur grande majorité, ne travaillent qu’à la défense de leurs intérêts » … J’ai l’impression de défendre l’humanité, l’humanisme, le bon sens… une intelligence profonde mais qui n’est pas associée à une bannière »  Alors quelle langue peuvent parler les sans voix, les invisibles ? celle de la musique bien évidement. La jeunesse du monde entier a fait sienne la culture Hip Hop. Et tant pis si les assis, les puissants accessoirement adultes la rejette, ou plutôt tant mieux, pour tenter d’exister il faut bien avoir un ennemi. Hélas le piège est puissant. La contre violence  Rap qui se développe sans recul enferme tous ceux s’y adonnent dans un tête à tête avec le star-system de l’argent roi où le rejet finit en apologie. Et quand cette violence dépasse le seuil de tolérance que lui accorde le libéralisme, elle ne peut qu’être réprimée. La prison invisible retrouve des murs. Éducateurs, travailleurs sociaux, artistes ,poètes ils sont nombreux à Marseille à œuvrer dans une direction où la jeunesse de cette ville trouve la possibilité de desserrer l’étau en parlant aussi librement que possible de ses problèmes, aspirations, émotions sans jamais oublier le quotidien.

La France, malgré une fâcheuse tendance  à accepter la banalisation des thèmes d’extrême droite, est fière d’avoir fait la Révolution, mais si la forteresse de la Bastille peut être prise en un jour, celle de la parole requiert un travail de sape, de création, de reconnaissance que seule la patience du long terme rend possible. Se taire est qu’on le veuille ou non , accepter de prendre à son compte tous les traumatismes , humiliations  que  le système dit libéral  impose aux classes populaires, à terme l’implosion, l’anéantissement. Ce n’est pas pour rien qu’Hannil Ghilas, réalisateur de Merlich, Merlich dénonce le cadre rigide de l’école comme une incitation à renoncer provoquée par l’incompréhensions, le dégout…. à quoi bon !

Ce n’est pas pour rien  que Jean-Marie Sanchez dit « le Tchacheur » depuis toujours, dans la rue comme ailleurs, parle aux gens. Peu importe ce que l’on dit pourvu que l’on engage la conversation Dans le centre culturel qu’il a conçu  dans le quartier de Saint Henry, « La Machine Pneumatique » , boisson, repas, musique ,théâtre , arts plastiques, ateliers culturels , danse , mime dialoguent  en toute simplicité. Qui vient pour l’un est exposé à l’autre ,sans que le statut de chacun ait besoin d’ériger des barrières pour s’affirmer. La prise de parole nait de la rencontre. Pas un hasard non plus quand Rachida Brahim, sociologue affronte le désespoir d’enseignants et de travailleurs sociaux assignés à mettre en pratique  dans des structures inégalitaires les principes démocratiques d’égalité. Dans les ateliers de prise de parole chacun découvre qu’il n’est pas le seul assigné à  remplir une mission impossible, alors petit à petit la culpabilité s’éloigne,  la résistance devient possible, celle d’une force collective.

Horizon Beatume ( 11)

Le collectif qui est devenu une association existe depuis cinq ans.Cindy Joy et Morgane Silva l’ont créé et organisé L’objectif était, à travers des ateliers, d’aider des jeunes des quartiers en proie au racisme comme à toutes formes de discrimination à briser l’enfermement mental et physique auquel ceux qui décident de tout les condamne. L’idée de départ était de le faire à travers une initiation aux arts plastiques, Très vite la musique et les arts visuels, notamment le clip vidéo ont pris le dessus. En faisant travailler les jeunes de 13 à 19 dans une rigueur quasi professionnelle  avec des intervenants de qualité comme Marina Gomes de la cie Hylel ,chorégraphe de la M3ute. Depuis 2021 Faté Bliss et Mathieu Carvin sont venus renforcer l’organisation et la coordination. Horizon Beatume a permis à plus de25 jeunes en l’espace de deux ans de suivre, maîtriser toutes les étapes intervenant dans la réalisation d’un clip vidéo , dix en 2022. ( au total 60 jeunes ont été pris en charge en prenant en compte les autres ateliers )

Ainsi ces jeunes en se réappropriant leur culture  comprenaient qu’en travaillant, en échangeant, il leur était  possible de devenir acteur de leur vie sans succomber aux clichés dominants bien présents dans le rap. « A quoi tu sers si tu ne veux pas faire de l’argent »  Les ateliers avaient pour la plupart, lieu dans le Panier. Ils étaient ouverts à des jeunes d’autres quartiers. Ainsi les adolescents venant des quatre coins de la ville ont pu faire connaissance, s’entre-aider, bref  avancer. Ainsi ils ont pu tester  leur savoir-faire  et après plusieurs semaines de formation se produire en concert dans le quartier et se sentir reconnus par un public qui ne leur était pas  acquis d’avance. Ainsi, loin du star system Le groupe formé sur place  » La M3ute »:

 » Marseille et ses faits divers, crois moi ça date pas d’hier

les pères les mères en galère, la police qui frappe nos frères

j’pense aussi à toutes nos sœurs qui sortent avec de la peur

Marseille ça fait des dégâts et ça tire pas que sur des gars

La police débarque à toute heure

 La folie démarque le secteur

 Certains oublient les vraies valeurs »

extrait de Fait divers (12)

Maman m’a dit : ne compte jamais sur eux

Un jour où l’autre ils vont te laisser

Un jour ou l’autre ils vont te blesser

T’es trop dure, j’ai rien écouté

J’ai rien perdu, eux c’est des focus

Et de toute façon, moi je les fuck

Ils sont dans le noir et ils suffoquent,

Mais attends toi, là t’es qu’une poucave

Tu me l’a mise mais c’est pas grave

Au moins j’ai vu ton vrai visage »

Extrait de Trahison’(13)

Festival Hip hop non stop (14)

Initié, dans le cadre de « l’été marseillais » par les mairies de secteur

du 1/7, 2/3, 4/5, le Festival a connu sa première édition en 2021 et sa deuxième en 2022.il est produit par Urban Prod, de nombreux rappeurs et associations y participent. Ce festival au cœur de la culture hip hop a l’ambition  de croiser au plus haut l’exigence artistique et l’engagement social. Ainsi  le rêve Rap cesse d’être un mirage entretenu par l’appât du gain et le star system pour s’inscrire dans un réel complexe et dynamique. Au sens fort du terme le festival est un lieu de ré-union. Il est lieu de formation, de rencontres, de croisement d’expériences , d’ateliers, de conférences,  de concerts. Fans de musique,  musiciens débutants, amateurs, professionnels reconnus peuvent ainsi dialoguer. Les artistes ( 120) sont locaux comme internationaux, ces derniers sont invités pourvu qu’ils soient également à l’affiche d’autres scènes régionales. Jusqu’à la reconnaissance  par un public, toutes les étapes d’un investissement possible dans la culture Hip Hop sont clairement définies et mises en pratique. Comme quoi, plaisir du spectacle, travail d’apprentissage, formation et ouverture au monde  peuvent être compatibles et même se renforcer.

Petites histoires populaires Marseille (15)

Au festival permanent de la stigmatisation et du mépris ravageur, les quartiers Nord de Marseille pourraient recevoir la une triste palme d’or. Pas plus les quartiers Nord  que les 7ème, 9ème arrondissements réputés résidentiels n’abritent que des anges vertueux et bien-pensants. Les uns comme les autres sont peuplés d’êtres humains. La grande différence est que les quartiers Nord sont pauvres, populaires et multi couleurs. Plutôt que d’incriminer  ceux qui après la décolonisation, ont été incapables de dynamiser une ville en perte d’activité économique il a paru plus commode  de mettre en place avec l’aide des médias nationaux et régionaux, des représentations des classes populaires de ces quartiers les assimilant à la lie de l’humanité. Le racisme ambiant, réactivé par le retour des pieds noirs d’Algérie, a fait des arabes l’ennemi qu’il faut à minima tenir à distance, ou au pire abattre.

Dans ce refus souvent violent de l’autre il n’y a pas seulement une terrible injustice, une perte catastrophique d’humanité, mais aussi une profonde cécité. L’énergie et la créativité de ceux  qui sont détenteurs d’une autre culture pourraient apporter beaucoup à l’ensemble  de la société à la seule condition que ceux qui en sont porteurs soient traités comme des êtres humains à part entière. On est loin du compte, les invisibles, les sans voix  n’existent pas.

Heureusement ils sont quelques -uns comme Nora Mekmouche à vouloir  combattre ces représentations mortifères.

Refus de la discrimination, respect de l’autre, conviction que chacun a  quelque chose à dire  ont amené entre les années 2002 et  2008 Nora et son équipe à mettre sur pied des ateliers de prise de parole et d’écriture.

Il fallait persuader toutes ces personnes que l’expression par l’écriture n’était pas la chasse gardée des nantis de la culture. Chacun avec son histoire, ses expériences bonnes ou mauvaises, avait quelque chose à dire concernant tous ceux qui ont des yeux, des oreilles et un cœur. Il y a là, encore une fois, une bataille de représentations. L’enjeu n’est pas mince. A terme on pourrait bien  découvrir que ceux qui ont à se battre pour exister ont autant sinon plus de choses à dire que ceux à qui leur classe sociale a offert un passeport intégrant références culturelles et codes de comportement en société. Autant dire que la poursuite  et généralisation de telles expériences  sont de nature à  bouleverser l’ordre social et politique.

Quelques exemples à l’appui extraits du recueil édité par les éditions « Cris Ecrits »

 » Rentrer par la grande porte et surtout oublier les caves »

Jean du quartier de Moureplane

« La musique d’ailleurs c’est comme…une rencontre, la rencontre que l’on attendait sans la connaitre et pourtant quand on l’entend, on sait. On la re-connait. Les rythmes d’ailleurs font vibrer nos cœurs des vibrations nouvelles qui nous emballent, qui nous font peur, nous font bouger. Non, on ne peut pas rester là, assis à écouter. Je veux me lever. On fait un pas, on avance vers les autres, on fait partie des autres, ils font partie de nous. On écoute, on regarde autour de nous. Les autres aussi ont envie de bouger. Ils bougent, ils font un pas, ils se rapprochent, ils font des pas encore et encore…

Je BOUGE! Je ne vois plus les autres, je SUIS les autres.

……

Isabelle Borne

Un étranger c’est comme…

Dur, dur de terminer la phrase !

Le silence résonne, un étranger

en fait c’est comme personne

Mais bon Un étranger c’est comme…

`La vie, la vraie.

L’amour le vrai.

Ca nous attire et ça nous effraie.

Un étranger comme,

Son plus grand malheur

Son plus grand bonheur,

Laisse à nos coeurs,

Un sourire rêveur.

Et si un étranger, c’était comme ça.

Que nous devrions aimer l’autre.

Pierre Henri Rouzoul

Si j’étais un cri, je serais fureur et clameur.

Je sortirais de mon ventre et m’expatrierais sur terre

pour jeter une fois pour toute de la lumière dans l’ombre

Fadila Birèche

Marseille, c’st comme un gilet de sauvetage

que j’aurais peur de perdre pour ne pas me noyer

Sakina

J’essaierais d’enterrer ton mal sur d’autres rivages…

J’essaierais  d’oublier  que tes rues, tes avenues ont été tachées du sang de tes enfants.

Que les façades des maisons, des monuments ont été criblées de balles, que le bruit des mitrailles a rempli de terreur mes oreilles. J’arriverais à oublier les sirènes hurlantes sillonnant la ville, les tanks écrasant les allées des jardins, les terroristes, les soldats de tous ceux qui ont l’arme au poing et qui tirent aveugles dans la foule des marchés, dans un cortège d’enfants…

Là-bas de l’autre côté de la mer, les échos de la guerre se font plus lointains, les forces des armes, je ne les entendrai qu’aux informations, les morts je ne les verrai qu’en photos dans les journaux. Je n’oublierai pas, mais la douleur sera moins aiguë car chez ces hommes et femmes, la force de vivre est tellement plus forte que la mort. En vérité, après avoir survécu  dans un pays, une ville livrée à la folie et à la haine des hommes, j’ai tout simplement envie de vivre maintenant.

Quand cette envie de vivre se répandra jusqu’au cœur comme un bienfait divin dans les maisons, alors ton mal sera vaincu. Depuis cette terre d’exil, j’attends ta difficile guérison, ton impossible apaisement.

Alger la rouge, quand reviendras-tu Alger la  blanche ?

Chantal

L’exclusion c’est comme  un rêve d’enfant qui se brise sur du mensonge.

Malika Britel

Histoire d’un oubli.

J’aimerais oublier l’oubli. Afin qu’on ne m’oublie jamais plus!

Un petit oubli était resté coincé dans un placard. Il se passa plusieurs générations avant qu’on ne le découvre gisant, à demi – mort. Il ne manquait à personne…

Leila

Marseille donne un grand coup de pied au cul à…

à tous ceux que ses difficultés, souvent majeures, autorisent à jouer le rôle de pythie de mauvais augure. Ici parfois dans la déréliction, le désespoir, la ville semble prête de tomber. A elle seule elle est le monde s’inscrivant dans le périmètre d’une capitale qui est devenue pour ceux qui l’aiment un pays.

On peut, on doit pointer du doigt tout ce qui ne va pas, tout ce qui devrait être surmonté, tout ce qu’il faut remettre en question pour incarner la Marseille de demain, une ville désespérée et lucide pétant de joie et mobilisant une énergie métisse à haut potentiel, répondant moins aux critères capitalistes de réussite qu’à une possibilité de synthèse déhanchée héritée de la Grèce et de l’Afrique. Tous ceux qui se battent pied à pied  pour réinventer une humanité digne et dansante savent qu’il n’y aura pas de grand projet, de révolution  sans un acharnement quotidien à être avec l’autre, à l’écouter, le soigner s’il a mal. Ceux là savent que combattre un ennemi de classe ou (et) raciste, n’a de sens, que si l’on est capable de respirer, grandir avec tous ceux qui, malgré mépris et discriminations, sont capables de ré-enchanter le monde.

François Bernheim

Merci à toutes les belles personnes qui par leurs conseils, leurs propos, leur amitié, contribuent à la naissance, renaissance d’une ville-monde peuplée d’êtres  humains pour qui le vivre ensemble est aussi nécessaire que respirer :

Andrée Antolini, Arielle Bernheim, Fate Bliss, Rachida Brahim, Mathieu Carvin, Alain Castan,Frédérique Guétat Liviani, Hannil Ghilas, Cindy Joy,Samia Kadiri,Bruno Le Dantec, Dominique Manotti, Nora Mekmouche, Muriel Modr, Erika Nemené, Sébastien Richard, Jean Marie Sanchez, Marie Siron, Sise ici,Soila Soilihi avec les jeunes du Centre social Frais Vallon, Julien Valnet.

Notes

(1) les précédents reportages

Marseille La ville à abattre blogs.mediapart.fr/francois-bernheim/blog/070416/marseille-la-ville-abattre.

Marseille Soleils cafaitdesordre.com/blog/2017/07/marseille-soleils

Marseille trop vivante cafaitdesordre.com/blog/2018/08/marseille-trop-vivante-2

https://blogs.mediapart.fr/francoisbernheim/blog/210222/marseille-respect

 2 Février 2022

2/ Dans son roman très documenté  » Marseille  73″ ( éditions Les Arènes 202O) Dominique Manotti  décrit d’une façon saisissante le racisme anti-arabe sévissant en France et en particulier à Marseille. Cette année là 50 arabes sont assassinés dont une vingtaine à Marseille.

3/Pierre Godart et André Donzel: Eboueurs à Marseille , luttes syndicales et pratiques municipales. Editions Syllepse 2014.

(4) La race tue deux fois de Rachida Brahim éditions Syllepse 2020.voir  précédent article: Marseille respect.

Entretien de Bruno Le Dantec avec Hanifa Tagulemint  » Surtout nous avons pris la parole »

Mensuel CQFD n° 154 en ligne le 18/05/2017

(5) Les centres sociaux de Marseille essentiels à la vie des quartiers disposent de dotations très inférieures à celles dont disposent les Centres d’autres grandes villes de France. Ne pouvant pas  assumer demain les missions prioritaires qui sont les leur , ils ont manifesté en Décembre 2022 https://marsactu.fr/bref/les-centres-sociaux-manifestent-a-nouveau-pour-reclamer-des-financements-decents/

(6 L’actualité du guide du Marseille colonial sur le blog: https://guidedumarseillecolonial.org/

(7) Nos Algérie (s )Intimes ouvrage collectif  co-édition ACT / Cris Ecrits

 » J’habite une blessure sacrée/ j’habite des ancêtres imaginaires/ J’habite un vouloir obscur/ j’habite un long silence/ j’habite une soif irrémédiable(…)   Aimé Césaire / le calendrier lagunaire

« … Faire référence  à la militance de cette première génération d’immigrés revient à tordre le cou à l’idée selon laquelle ils étaient résignés; leurs conditions de travailleurs exploités le les empêchaient pas de revendiquer leurs droits sociaux et politiques… » Léla Bencharif

  (8)Les jeunes du centre social particulièrement actifs dans les différentes assemblées:

BAKARI Abdoulatuf    MIKIDADI Soufiane    M’HADJOU Sofiane    MZE M’BABA Hadji CHADHOULI Hakim        LAKHLAFA Omar         EL HOU Medhi                        AHFIR Fares

ALI Djanfar                 AHAMADA Adinane   BENHASSIR Wail         MEUSSAYAN Sarkis

MZIMBA Riyadh         MZIMBA Houcine       KIM Christian              MOHAMED Ibrahim

OUSSENI Archadah    NASSIRI Aymane        MENASSEL Fadwa      VAZ GARCIA Allyson

ABOUDOU Neissa      NASSUR Ynes             HALIFA Raima             AHAMADA Hairat

ALI SAID Roulaida       MBARAKA Nasfati      SOILIHI Fares

(9)www.restaurantlerepublique.com

(10 )marcelle.media › lapres-m-ancien-macdo-repris-par-les-habitants

(11) Horizon Beatume UCxyprgtK21fBkWksdyrNO1g

Prélude à l’estaque: https://www.youtube.com/watch?v=rX35cSx8Izs

(12)clip La M3ute fait divers https://www.youtube.com/watch?v=h4KPWKQG5sc

(13) clip La M3ute Trahison. https://www.youtube.com/watch?v=hPUNMRVmYfI

(14) Festival Hip Hop non stop

After Movie https://www.youtube.com/watch?v=Fh8YIc6BGTI – 2021

( 15) Petites Histoires populaires Marseille Nord  Nora Mekmouche éditions Cris Ecrits 2009

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