Qui sait qui sera le prochain président des États-Unis ?
Qui sait si l’accumulation des turpitudes, mensonges, actes arbitraires d’un président qui laisse derrière lui plus de 200.OOO morts du Covid, sont susceptibles d’empêcher sa réélection ?
Ce que nous savons par contre, c’est que depuis le 22 octobre, nous citoyens que nous citoyens et amoureux de bd pouvons trouver dans les rayons de nos librairies un livre magistral. Une BD synthétisant plus de deux ans d’enquête du procureur Robert Mueller, source d’un travail de reportage initié par le Washington Post: « Trump et l’enquête russe – un président déchaîné »
La version française de cet ouvrage est le fruit d’une coédition des éditions Goutte d’or et du média d’investigation Disclose.
Aux blasés qui ne jugeraient pas utile de découvrir ce reportage… encore un texte à charge visant à démolir Trump, nous affirmons qu’il ne s’agit pas de cela. Plus de 400 pages d’enquête et le travail du Post mettent en scène un pays, un système, les différentes sphères du pouvoir, les réactions des responsables aux différents échelons et bien entendu les actes et prises de positions d’un président déchainé. Cela pourra étonner le public français, l’approche permettant de mettre en lumière les actes répréhensibles ou courageux des uns et des autres est purement factuelle. Ici, contrairement aux américains on aurait par trop tendance à sous-estimer la force des faits. Les services de renseignements américains soupçonnent la Russie d’avoir, par piratage informatique interposé, favorisé l’élection de Donald Trump.
Ce dernier est d’abord un homme de business, une immense fortune, ensuite de par son élection un responsable au plus haut niveau des affaires des États -Unis et du monde et enfin un poids lourd de plus de 100 kilos. Au final un homme écrasant qui n’accepte librement aucune limite à son pouvoir » Un président déchaîné » Clairement un tel homme aurait dans un certain nombre de pays, pu incarner un dictateur dans toute sa splendeur ou plutôt son horreur. Pas aux États-Unis. Entre son conseiller à la sécurité qui dans un premier temps nie avoir rencontré l’ambassadeur de Russie à Washington et qui ensuite avouera qu’il a menti, le directeur du FBI, James Comey qui préfère être limogé que d’obtempérer, le ministre de la justice qui refuse de mener une enquête téléguidée par un président pour qui il a fait campagne, le numéro 2 de la justice Rod Rosenstein qui nomme un procureur spécial Robert Mueller qui effectuera en toute indépendance un travail remarquable, les journalistes du Post et du NewYork Time et bien d’autres, les faits prouvent que face à l’intimidation, au chantage, aux menaces, les individus dans un pays capitaliste mais démocratique, sont capables de mettre à mal la toute puissance d’un homme. La majorité républicaine au Sénat n’a pas permis de destituer ce président. Ainsi hors d’un procès, qui dans ces conditions ne peut lui être intenté, le rapport d’enquête n’a pas la possibilité de se substituer aux juges. Il est cependant écrit que ce président ne peut être exonéré de toute responsabilité face à l’ingérence russe.
Donald Trump est un cas. Celui d’un autoritarisme archaïque exacerbé se coulant dans les technologies up to date. La seule loi qu’il respecte volontiers est sa propre loi. Mais cet individualisme outrancier trouve dans les réseaux sociaux, Twitter en particulier, une vitrine à sa mesure. De quoi faire aussi court qu’arbitraire et primaire.
Alors que dans d’autres pays les différents systèmes de communication peuvent diffuser l’idéologie dominante, en martelant des concepts et mots d’ordre qui n’ont pas d’auteur, dans le pays le plus avancé du monde, la personnalité de Trump fait que l’émetteur est désigné. Ainsi tous ses collaborateurs qui ont commis des actes délictueux pour son compte sont, il l’affirme, des types bien. Alors que ceux qui mènent l’enquête procèdent à une « chasse aux sorcières » susceptible de nuire à l’image des États Unis. Ce n’est pas la première fois qu’on veut nous faire croire que les salauds sont ceux qui dénoncent un scandale et non ceux qui le commettent. Le cynisme du personnage n’hésite pas à retourner à son avantage un épisode douloureux de l’histoire récente des USA où sous la houlette du sénateur Mac Carthy, républicain d’extrême droite, des milliers d’intellectuels, artistes, gens de cinéma furent malmenés, écartés sous prétexte d’allégeance au parti communiste.
Ainsi Donald Trump apparait comme une véritable machine où l’idéologie couvre mensonges et manipulations. Il est un système à lui tout seul. Les américains qui ne sont pas qu’une poignée à être courageux et clairvoyants seront-ils assez nombreux à vouloir arrêter le massacre ? Nous le saurons bientôt.
Le formidable travail de synthèse effectué s’incarne dans une approche graphique où la dramatisation de l’évènement a fait alliance avec la modernité et la simplicité. Les illustrations sont de Jan Feindt , les textes et analyse de Rosalind S.Helderman , la direction artistique de Katherine B.Lee . Mathea Gold est la rédactrice en chef, responsable des enquêtes politiques du Washington Post.
Puisse ce travail susciter d’autres initiatives, aux USA, dans le monde et pourquoi pas en France.
François Bernheim
Trump et l’enquête russe – un président déchaîné
une coédition Disclose éditions Goutte d’or