Quatre poèmes de Patrick Dattas extraits de son recueil

LA PEAU DES MOTS

aux éditions Sydney Laurent.

 

Patrick DATTAS partage sa vie entre musique et écriture : compositeur, chanteur, instrumentiste, il est également auteur de chansons et de poèmes. « La Peau des Mots » est son premier recueil publié.

 

 

 

 

 

A l’Aurore naît l’orchidée…

 

Orfèvre de la lettre

La fièvre des mots est une maladie transmissible, sexuelle…

Peut-être ???

Submergé de récits décapants et d’aventures plus ou moins calamiteuses

Comment ne pas être ébloui par ces pages suffocantes, ces images obsédantes ?

 

La gloire de mes aînés coule dans mes veines rougies par l’outrage !

 

Une dose lacrymale pour l’infinie clarté

Du verbe qui vient choir sur mes pieds de verre

         A l’Aurore naît l’orchidée…

 

L’éventail alphabétique trouble les décolletés les plus audacieux

D’un souffle, murmure caressant

La brise devient musique sur la brique chauffée à blanc

Mais, les noires carillonnent et sautillent à la portée d’un vent…

 

Les lettres insolites

Celles que l’on n’apprend jamais dans nos écoles laborieuses

Les mots se repaissent de nos malheurs

Ils croustillent quand le bonheur est un éternel bourgeonnement.

 

Les lettres anonymes, les corbeaux ne sont toujours pas morts !

     Ils ont TORT !!!

                     Taupes sinistres…

 

La jouissance de l’écriture est et restera une ambition séculaire

Alors, à pleine dents, je dévore les mots, nourriture céleste

Que ne peuvent comprendre Nosferatu et ses sbires !

 

L’Offrande poétique est la démesure de mes rêves

      A l’Aurore naît l’orchidée…

 

J’ouvre grand mon bec, mes pores et le reste…

Afin d’engloutir ce miracle salutaire.

 

 

      Fragments de Ville.

 

 

La distraction citadine…

Où comment déambuler, l’air de rien, l’air de tout

L’air est si doux !

 

Les langues s’accélèrent, unisson versatile

A mesure que je franchis les périmètres irréguliers

Voyage comestible rempli de gens heureux

Je me faufile entre les cartes topographiques des lieux

D’innombrables photos qui appellent au souvenir fugace…

Les rues serpentent et mes pieds se font guides de cette flânerie.

 

   Pluie

            Crachin    Casquette

Alors, tant pis !

            Je défie

La balade, l’envie est trop impérieuse !

Il faut continuer…

 

La distraction passe souvent par un quartier

Où un savant mélange vous prend à la gorge et au bas-ventre

Les citadins se rapprochent parfois

Leur langage est plus simple

Leur carcasse se décrasse !

Un vrai regard, une voix sans peur

Passerelle d’un après-midi gris sale

Remuant une parcelle de la renaissance au palier du bonheur.

 

Et puis, se laisser porter, pirate dépenaillé

Par les boulevards aux platanes alourdis, usés…

La distance reste suspendue à la lassitude

Inutile comptabilité kilométrique !

 

   Croiser, frôler

                            Tant     Entêtant !

Cette marée humanoïde

Inquiétant liquide…

 

La distraction citadine

Boutiques qui rivalisent, courtisent le chaland

Impitoyables couleurs, néons racoleurs.

Au café, où l’allergie du tabac est devenue une maladie incurable !

Incohérence, intolérance énigmatique !

Enfin, ils ne mégotent pas sur les terrasses!!!…

 

De nouveau, repartir…

 

Les lacets de pavés vieillis par le charbon et le bronze

Existent encore, lorsque la promenade parvient à franchir

Les murs et les chicanes périlleuses.

Un numéro apparaît et c’est tout un scénario jauni, délavé

Qui remonte à la surface, qui retrouve sa place.

Les pas suivants sont nonchalamment exaltants…

 

Dérèglement savoureux et romantique.

A l’idée même de rejoindre la demeure

Le foyer de son odeur

Faire défiler, les yeux mi-clos

   Ces rubans d’innombrables humeurs.

 

    Fragments de Ville, distraction citadine.

 

 

…..

 

      Le Tribunal et ses laquais.

 

 

Le tribunal des cloportes

Referme ses portes.

 

La neige a envahit l’Espagne

Le froid, la glace des montagnes

De minuscules carrés blancs

Puzzle vu du ciel divaguant

 

Et dans l’infiniment pur

Un flocon lapis-lazuli s’élance vers les murs

Du temps fuyant

 

Pourquoi dormir, alors qu’il y a

Toutes ces splendeurs à voir

Pourquoi écrire si ce n’est

Pour que vive la plume de l’espoir !

 

La nuit tombera assez vite

Sur les ombres des maisons meurtries

Et le tourment des cœurs qui palpitent

La mer rugit et chaloupe les esprits

 

La liberté incomparable, incontestable !

Du vent chaud venant des sables

Le désert n’est plus très loin

Il envahit le sel du destin.

 

Les couronnes tomberont

Un jour à l’unisson

Les parades, les défilés

Feront l’allégresse des dessins animés !

 

A quoi peut ressembler l’éternité ?

Réponse enfouie…peut-être dans notre passé ! ?

 

Les ailes d’un long soupir

Ou comment ne pas rougir sans plaisir…

 

Une horde de diables boiteux

Pris d’une valse sanguinaire

Sur un air d’actualité tellement ordinaire

Qui fait fondre les plus malchanceux.

Les quartiers sinistrés de violence

N’ont que faire de cette suffisance !

La déroute de la conscience

Piètre clémence ou fâcheuse démence !

 

Les ruines s’agrandissent, les mines s’appauvrissent

De jour en jour, d’heure en heure…

 

Ma tête se heurte au désir

D’un rayon vert Véronèse pour finir

Les veines du soleil feront frémir

Des mains tendues, des visages

Ou les arbres qui se moquent de l’âge.

 

Le réveil atomique

De cette foule hystérique

Les sonnettes n’ont plus d’alarmes

Il ne reste plus que des pleurs et des larmes

Inondation, creusant de vastes sillons

Marquant encore plus les vagues de l’illusion…

 

Dans ce tribunal irrévérencieux

Où je me pique d’être le principal suspect

Je pisse à l’arrêt

Au terminus des laquais de la honte.

 

 

….

 

 

VAGABONDAGE…

 

Laisser courir une plume vagabonde

Au rythme d’un ruisseau légendaire

 D’eau fraîche, les pieds s’amusent

Un endroit nu

 Concerto pour l’utopie pugnace

 

La pensée libre

Une gamme d’idées, dédiées

Au futur qui nous échappe

En déshabillé de nuages roses

Dissimule l’érotisme du ciel

Fier de sa puissance

 

Un bateau fluide, file

Trinidad, porte de rêves tendres

Émeraudes, s’offrant aux doigts safrans

Passent quelques hommes en blanc, chapeaux !

 

Les minutes se dégustent

Arrosées d’un cocktail de pluie salée

La brise ranime et rallume

Les yeux s’éclairent à nouveau

Vers l’horizon si profond

Où l’on voudrait se perdre, se fondre

 

Passe le faucheur de la nuit

Il n’a plus qu’à reprendre sa route

L’étincelle magique qui fait mourir l’ennui

Une citadelle au sommet de son âme

Le château d’Alicante au soleil

Qui témoigne

 

La fortune se consume d’un regard

Hésitant détachement

 

Vagabond de la matière.

 

 

 

 

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