Lagos lady un roman noir, noir, et peut être bleu… où il s’avère qu’au bout du chemin ce ne sont pas forcément les plus noirs des noirs humains qui vont triompher.

Roman noir africain ?

Un roman qui se passe en Afrique et plus précisément au Nigéria est-il obligatoirement noir ?

Sûrement pas. Un blanc habitant au Nigéria n’est jusqu’à présent pas interdit d’écriture et puis, depuis quand la couleur de la peau d’un romancier ou celle de ses lecteurs déterminerait-elle la couleur d’un roman ?  La comtesse de Ségur aurait très bien pu écrire ses chefs d’œuvre roses au Nigéria, mais il faut tout de même avouer qu’il s’en est fallu d’un cheveu pour que Bécassine la bretonne soit remplacée par une fille d’esclaves élevée au rang de servante.

S’éloigne –t-on vraiment du sujet de la fabuleuse Lagos lady ? Pas vraiment, si l’on veut bien admettre que les fantasmes des lecteurs blancs n’ont rien d’immaculé. Et que profitant du fait que le roman se passe dans un ailleurs des plus sauvages, il devient tout à coup permis de se délecter des pires déviations sexuelles, de la violence à haute perversité garantie. Bref Lagos Lady a déjà l’immense mérite de faire comprendre au lecteur petit blanc ou blanc cassé qu’il participe d’un monde où il y a moins qu’une feuille de papier à cigarette entre les bons citoyens pur blanc garanti et les méchants, dévoyés, affreux de toutes sortes, horriblement noirs. Il faut l’avouer on se délecte à la lecture d’un récit qui nous fait sombrer au fond du trou du pire et du plus que pire.,

 Roman Noir

Un apprenti journaliste anglais est le malheureux témoin d’un acte à barbare : l’assassinat d’une prostituée à qui on a découpé les seins. Le fait même que cet homme ait été là le rend suspect aux yeux d’une police qui semble être cul et chemise et encore plus cul que le reste avec les trafiquants d’organes, salauds et puissants en tout genre. Et c’est bien là que roman noir noir rejoint le roman noir blanc. C’est la gangrène collant à chaque pore de la peau d’une société qui engendre son antidote à travers celui ou celle qui tente d’assurer la rédemption d’un peuple de pécheurs avérés. C’est sans doute la modernité du roman noir, sa lucidité qui fait que contrairement au discours moralisateur ou au discours religieux la pureté, la blancheur des êtres n’est en rien une donnée de nature.

 

Comme le bleu du ciel

D’abord le héros du livre est une héroïne, on ne dira pas une chevalière même si la femme en question, d’une grande beauté, porte aussi bien les bijoux que la toilette. Pire, pour sauver des vies humaines, pour sauver des prostituées victimes potentielles des prédateurs de tout acabit, elle est organisée comme un chef d’entreprise trois étoiles, qui aurait fait un stage tant dans la police que dans les start- up les plus technos. Et oh miracle on va découvrir, alors que l’on croit baigner dans la fange la plus dégueulasse, que ceux que l’on croyait compromis au delà du cou ne le sont qu’en apparence pour assurer leur mission. Alors plutôt que la blancheur c’est un coin de ciel bleu qui sort de dessous les nuages. Encore pire que pire on assiste à la naissance d’un amour fou, un amour blanc noir aussi onirique que beau et fragile.

Alors le vilain lecteur croit enfin être sauvé. Sauf que ce petit malin qu’à demi ne sait pas encore qu’il va être obligé de s’accepter, lui blanc, comme aussi noir ou plus noir que tous les noirs de peau. Lagos lady ou l’auto psychanalyse sauvage des racistes de tout poil. Haletant, beau, désopilant et puissant. Le peuple en redemande.

 

François bernheim

 

Lagos Lady de Leye Adenle

Editions Métailié -Noir
www.cafaitdesordre.com

 

 

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