Avé César de la déchéance abyssale
Ceux qui refusent de mourir te conspuent.
Mais au delà de l’envie de vomir
face au mépris borgne qui anime tes pas
Je salue en toi l’artisan de notre prise de conscience
du néant dans lequel nous baignons.
Perdus dans la médiocrité minable et opaque
d’une gauche introuvable nous errions dans le no man’s land
des espoirs déçus que notre lâcheté proverbiale voulait croire non définitifs.
Ton accouchement par voie de césarienne publique d’un monstre d’extrême droite
nous a permis de toucher le fond. Les pessimistes diront non sans raison que tu es le
fossoyeur non de la gauche mais de toute idée de gauche. Ceux qui ont la rage au cœur et
au ventre, ceux qui sont désespérés mais encore debout pourraient te remercier.
Grâce à toi nous savons enfin où nous nous en sommes. Nous sommes nus, à poil et si en
colère que nous allons sans vergogne mettre les mains dans le cambouis , pour
reconstruire une gauche digne du peuple que toi et les tiens avez abandonné.
Il faudra du temps, du respect de nous même et des autres, mais ce qui est formidable,
exaltant, c’est que nous n’avons pas le choix. Au travail, sortons de nos tanières.
François Bernheim