En mars 2015 Francine Pampuzac a lu P Besson, V Tong Cuong, H Mingarelli, C Ngosi Adichie, F Mitterand, C Evariste, A Sylvestre, R Montera, R jauffret, P Jacques, H Bauchau et…c’est tout.

 

Vivre vite – Philippe Besson ( Julliard – janvier 2015)

A sa manière, avec son écriture si souple, si facile, si sensible, Philippe Tesson a eu envie de nous faire revivre la courte existence de James Dean. Tour à tour, il donne la parole à la mère, au père, à un réalisateur, à une amie, à un amant, etc.. et à James Dean lui-même. Sans être ce qu’on appelle un grand livre, cet ouvrage, très court, met en relief ce qui semble avoir imprimé le destin de ce jeune ( éternellement jeune) homme : il a perdu sa merveilleuse mère quand il avait 9 ans. «  les mères devraient s’efforcer de ne pas mourir quand leurs enfants sont si jeunes «  dit joliment l’auteur. Et saviez-vous que James Dean ne voyait absolument rien sans ses lunettes ?

Pardonnable, impardonnable. Valérie Tong Cuong ( Lattes janvier 2015)

Dès la première page, on sait que Milo, 12 ans, se tue en faisant du vélo. Et comme dans le livre dont je viens de parler, l’auteur fait participer tous les membres de la famille. Car Milo, faisait la course avec sa jeune tante alors qu’ils auraient dû travailler tous les deux aux devoir de l’enfant. Cette catastrophe amène chacun à revoir sa vie, ses positions, ses faux-pas. Ainsi, le fond de l’histoire tient debout, mais hélas l’écriture manque terriblement de subtilité. C’est en gros sabots que l’auteure décrit tous les tenants et les aboutissants de cette histoire de famille .Avec des phrases du style «  j’ai organisé ma souillure »… Pas mal, mais pas très bien.

La route de Beit Zera – Hubert Mingarelli ( Stock janvier 2015)

Enfin je retrouve le Mingarelli que j’aime, et j’oublie ma déception avec « Incendie » . Stépan est un vieux monsieur qui vit en Israël, avec sa vieille chienne, dans une maison isolée près d’un bois. Tous les jours, il écrit à son fils qui s’est exilé en Nouvelle Zélande. Bien sûr, je pourrais résumer cette histoire, mais tout est suggéré et le talent de cet auteur est de nous faire comprendre que Stépan est un résumé des problèmes d’Israël et de la Palestine. Tout jeune il devait fouiller les arabes aux postes frontières : peur, haine et compassion ! Un jour, un jeune garçon sort du bois, ne dit rien.. Un très grand livre, de 150 pages seulement.

 

 

 

Américanah – Chimamanda Ngozi Adichie (Gallimard février 2015)

L’auteure est une jeune Nigériane et les mille et un détails de la vie de son héroïne sont de ceux qu’on n’invente pas. Ifemlu a grandi à Lagos, mais elle va venir aux Etats Unis pour terminer ses études. Et là, elle va se rendre compte qu’elle est noire :  « J’ai découvert ce qu’était la race en Amérique et j’ai été fascinée. ».Faisant fi du politiquement correct, l’auteur suit la vie d’Ifemlu, ses difficultés d’étudiante sans le sou, les rencontres, sa remontée, et la création d’un blog où elle prend de front le problème du racisme que d’aucuns prétendent dépassé. Au bout de 13 ans, elle veut revenir au Nigéria. Ce gros roman (520 pages en petits caractères) mené tambour battant, est un monument d’intelligence et de subtilité. Il m’a littéralement emballée, et en le refermant, j’ai réalisé qu’en effet, Michèle Obama se lissait les cheveux et que cela voulait vraiment dire quelque chose…

Une adolescence – Frédéric Mitterrand – ( Robert Laffont mars 2015)

Un chapitre par année, de 1958 à 1969. L’auteur écrit d’abord comme le petit garçon qu’il était à10 ans. Il revit l’amour familial pour tonton François, mais aussi son admiration personnelle et clandestine pour le Général de Gaulle .Et puis les choses évoluent. On revisite l’histoire de notre pays, et c’est savoureux d’un bout à l’autre. Certains passages font éclater de rire ( la visite du Général dans les provinces françaises en costumes folkloriques..) Et parfois on sourit devant la sincérité des récits : » Charonne, je ne l’ai pas vu passer On était aux sports d’hiver à Megève avec mon ami Henry ». Un très joli livre, à la fois intime et politique. Un petit garçon devient un homme.

L’histoire Poncia – Conceiçao Evaristo – ( Anacaona – 2015)

Poncia n’est pas une petite brésilienne comme les autres. Petite fille et fille d’esclaves noirs, elle est très intelligente et apprendra même à lire, quasiment toute seule. Pour raconter sa vie de misère et d’humiliation, l’auteure n’a qu’à puiser dans ses souvenirs, qu’elle livre dans un avant-propos magnifique. L    a réalité se mêle à la magie dans ce petit livre très touchant, très poétique. Et bravo pour la présentation graphique très réussie.

Coquelicot – Anne Sylvestre – ( Points Octobre 2014)

Avec le talent que vous pouvez imaginer, Anne Sylvestre commente .Les mots que j’aime ». , Frangipane, horions, pluie, rutabaga, etc, plus de 80 ! Et toujours des surprises, de l’émotion, et une femme qui se révèle peu à peu.

L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir. Rosa Montera-(Métailié Janv 2015)

L’auteure, écrivaine espagnole, est en panne d’écriture. On lui demande de faire une préface pour l’édition du Journal que Marie Curie a tenu à la mort accidentelle de son mari. A la lecture de ce document, Rosa Montera découvre la vie de cette Polonaise, génie scientifique. Quant au deuil de Marie, elle s’y reconnaît : son mari est mort il y a 3 ans. Ainsi le livre va et vient entre la vie si mal connue de Marie Curie , la vie de l’auteure, et la vie en général. Toutes les pensées, les commentaires sont si simples, si évidents qu’on a l’impression d’être moins bête au fur et à mesure de la lecture. Le style est simple, proche. Il respire l’intelligence. Excellent livre, vraiment.( A noter, le signe # qui ponctue plein de phrases.)

Bravo – Régis Jauffrey ( Seuil – mars 2015)

16 nouvelles, et leur lien, c’est qu’elles sont toutes racontées par un personnage très âgé. Hommes, femmes, gentils, méchants ( oui, plus souvent méchants) racontent leur vie. Et l’on va de surprise en surprise. Que dire de « la femme tombée du ciel », amputée des deux jambes, de ce couple qui préparent Noël pour leur famille et sont pris d’une démence qui va finir quasiment en carnage. Chaque nouvelle fait ouvrir de grands yeux. On est horrifié ou on jubile. Et puis à la dernière histoire, on pourrait presque sentir monter les larmes. Cet auteur est fou, cynique, génial.

Au moins il ne pleut pas – Paula Jacques ( Stock – mars 2015)

Un livre de Paula Jacques ? je me précipite. Je fais la connaissance de Solly, 14 ans et de sa sœur 15 ans, débarquant en 1959 à HaÏfa. Orphelins, ils viennent du Caire et c’est l’Agence Juive qui s’occupe de leur arrivée en Israël. Mis dans un camp, ils s’en échapperont pour démarrer une curieuse vie dans un vieux quartier d’Haïfa, chez deux rescapées de Ravensbrück. L’auteur a écrit cette histoire en se basant sur des faits historiques. Mais je n’ai pas réussi à croire aux personnages. Grosse déception.

Dernier Journal – Henry Bauchau ( Actes Sud – Fev.2015)

Quel homme merveilleux c’était ! il raconte les visites qu’on lui fait, ses rêves, les livres qu’il lit, les poèmes qu’il travaille, et les livres qu’il écrit. Il est obligé de dicter car il n’y voit plus guère. Il est mort en 2012 à quelques mois d’être centenaire. Je n’ai pas terminé ce texte car, en fait, je ne veux pas le terminer.

 

 

 

 

 

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