Bon an, mal an ( plutôt très bon an en l’ occurrence ) Francine Pampuzac envoie chaque mois à ses amis ses notes de lecture. Aussi passionnée que généreuse elle a l’amitié d’en faire profiter les lecteurs de mardi ça fait désordre. Merci beaucoup

 

Lectures de décembre 2014 – Francine Pampuzac

Hokusaï – Shötaro Ishinomori-( Ed Kana – réédition en 2014)

Ce manga, est réédité, probablement à l’occasion de l’exposition Hokusaï au Grand Palais. Le livre de près de 600 pages, petit format, se lit bien sûr en commençant par ce que nous considérons comme la fin. Et plutôt que de raconter une vie de manière linéaire, l’auteur livre des épisodes de la vie du maître, sautant d’un âge à l’autre. Ainsi on démarre alors qu’Hokusai, 42 ans, veut changer de nom ( il le fera plusieurs fois) pour démarrer une nouvelle vie, un nouveau style. Il a un fichu caractère et aime beaucoup les jolies japonaises. Le livre précise «  pour public averti » car il y a pas mal de dessins très chauds. Très agréable approche de la vie de ce  » vieux fou de dessin. »

Nous sommes l’eau – Wally Lamb – ( Belfond Aout 2014)

Dans un monologue, Annie, la cinquantaine, newyorkaise, raconte son angoisse. Elle va se remarier, avec.. avec… Viveca, la galiériste qui vend ses célèbres installations. Au chapitre suivant, c’est son ex-mari qui soliloque à son tour. Et ainsi, sur 658 pages, une histoire familiale se déroule avec les divers points de vue de tous les personnages. Car Annie et son ex-mari ont 3 grands enfants qui réagissent selon leur caractère. Ah ! si seulement l’auteur avait concentré son récit sur 350 pages, il aurait été bien plus intéressant. Il y a tellement de longueurs que la motivation du lecteur s’effrite. Dommage, car c’est une peinture intéressante d’une certaine Amérique contemporaine.

Constellation – Adrien Bosc –(Stock novembre)

On se souvient Marcel Cerdan et aussi la violoniste Ginette Neveu sont mort dans un accident d’avion. C’était un Constellation à destination de New York. L’auteur va se pencher en détail sur ce drame. Que s’est-il passé, ce 27 octobre 49, qui était à bord, passagers, pilote, et même qui a évité la mort : 3 personnes obligées de donner leur place à Cerdan, prioritaire de dernière minute. La construction du livre, en allers-retours, la rapidité de l’écriture, la quantité de détails surprenants ( le mausolée du passager inconnu !) l’implication personnelle de l’auteur,donnent un livre palpitant, vrai bonheur de lecture. Un premier roman couronné par le Grand Prix de l’Académie Française.

 

 

L’oubli – Frederika Amalia Finkelstein – ( L’Arpenteur- sept 2014)

Ce que veut oublier la narratrice de ce livre, elle le dit dès les premiers mots :  «  L’extermination des juifs, je ne vais pas entrer dans les détails.. je le dis sans honte, je veux oublier, anéantir cette infâme shoah dans ma mémoire ». Une insomnie la met dehors dans la nuit parisienne. Elle marche, pense, raisonne, dit avoir 23 ans, aimer les jeux vidéo, le coca cola, les Mc Do, son grand chien Edgar qui vient de mourir, son grand frère, mais tout le temps Hitler, les nazis, le grand père déporté reviennent la mettre en rage.. Et pour comble, on vient de lui présenter la petite fille d’Eischmann, très guillerette  elle ! Je n’ai pas sauté une ligne de ce récit fascinant superbement écrit, pas du tout morbide. C’est la preuve que la toute jeune génération est présente dans la mémoire collective. Oublier ? pas question ! Un premier roman, 23 ans. Ecrivain à suivre.

Le secret de Samuel Liberman – Gérard Netter (Ed. Complicités 2014)

Une grande lectrice me signale ce livre. C’est l’histoire d’une dame qui, à la suite du décès de son père – Samuel Liberman- va vider son appartement et découvrant des lettres, des documents, sera conduite, comme dans un jeu de piste à découvrir un gros secret qui la concerne. J’écris ( mail) à l’amie : Je rame beaucoup dans ce livre touffu, à cause des agents doubles ou même triples, à cause des invraisemblances, des hasards tirés pas les cheveux, à cause de l’idylle entre l’héroïne et son copain dont les épisodes érotiques m’ont fait lever les yeux au ciel. Et l’amie me répond : Les invraisemblances et les hasards tirés par les cheveux arrivent peut-être dans la vie au moins autant que dans les romans, la réalité dépassant souvent la fiction. Les agents doubles ou triples sont liés aux périodes troublés et à l’action clandestine. L’amour de Prune et de Philippe participe au mouvement de la vie ordinaire. Conclusion : voilà un livre qui sait bien diviser les opinions !

Musique, ma vie – Jean Pierre Rampal – ( Calmann-Levy – 1991)

J.P. Rampal, flûtiste virtuose, a raconté sa vie à une Anglaise en 89. Le livre a été ensuite traduit en Français. Tous les souvenirs de l’artiste défilent, très simplement : le parcours, les rencontres, ses succès, ses voyages. J.P.Rampal a réussi à faire de la flûte un instrument de soliste, au même titre que le violon et le piano. C’était un personnage éminemment sympathique, bon vivant ( Il faisait partie du  «  Quintette à vin » disait-il. Ce voyage, au pays de la musique a ravi la bien médiocre flutiste que je fus pendant des années. !

Ce qui reste de nos vies – Zeruya Shalev ( Gallimard – juin 2014)

Hemda est une très vieille dame. Elle est à l’hôpital, à Jérusalem, et revit son enfance dans un kibboutz. Ses deux enfants viennent la voir : Dina, maman d’une ado difficile et Avner, avocat ( surtout des arabes), deux enfants. Le livre développe, en détails , la vie de ces 3 personnages principaux, au moment où Dina va souhaiter une chose assez originale : à cinquante ans, adopter un enfant. Le lecteur est constamment dans la tête des gens, toutes leurs pensées, leurs problèmes, leurs espoirs, toutes les relations entre eux sont vécues avec une vérité attentive. 400 pages, pratiquement sans interligne, d’une écriture puissante font de ce livre un excellent roman, très prenant, avec la vie quotidienne en Israël en toile de fond. Il a eu le Femina étranger 2014.

Rien que la vie – Alice Munro – ( L’Olivier Oct 2014)

Ce livre réunit 10 nouvelles et 4 textes autobiographiques. C’est dans l’un de ces deniers qu’elle écrit : « ce n’est pas un conte que j’écris, c’est rien que la vie » – titre du livre. Parmi les 10 nouvelles, certaines s’imposent plus que les autres. Moi je repense tout le temps à ce soldat sautant du train qui ralentit, ou à cet homme qui raconte son amitié un peu distante avec une élève de l’école, et on apprendra bien plus tard qu’il a un bec de lièvre, très mal réparé, etc..Alice Munro n’explique jamais rien. Elle dit les faits, de l’extérieur, au lecteur de sentir, de comprendre, de cogiter. Surtout quand elle arrête une histoire tout à coup sans prévenir. C’est superbe, intelligent, fascinant. ( Prix Nobel de Littérature l’an dernier)

Au-dessous du volcan – Malcolm Lowry ( Folio – Paru en Français en 1959)

Pour finir une belle année de lecture, je rouvre ce livre-monument, découvert lors de sa parution. Revoilà le Mexique, Le Consul imbibé d’alcool, désespéré par le départ de sa femme un an plus tôt, mais revoilà Yvonne qui revient le chercher avec l’espoir de l’emmener au Canada vivre tranquillement. Je me souvenais très bien – et surtout -de cette histoire d’amour. En revanche, je ne me souvenais pas du frère du Consul, ni de Laruelle, ni que le Consul buvait de la strychnine avec ses alcools ! J’ai retrouvé cette écriture foisonnante, capable de raconter trois histoires à la fois, qui demande du temps et de la concentration. Moyennant quoi la récompense est là : une énorme et magnifique émotion.

 

 

 

 

 

 

 

 

Lectures de décembre 2014 – Francine Pampuzac

Hokusaï – Shötaro Ishinomori-( Ed Kana – réédition en 2014)

Ce manga, est réédité, probablement à l’occasion de l’exposition Hokusaï au Grand Palais. Le livre de près de 600 pages, petit format, se lit bien sûr en commençant par ce que nous considérons comme la fin. Et plutôt que de raconter une vie de manière linéaire, l’auteur livre des épisodes de la vie du maître, sautant d’un âge à l’autre. Ainsi on démarre alors qu’Hokusai, 42 ans, veut changer de nom ( il le fera plusieurs fois) pour démarrer une nouvelle vie, un nouveau style. Il a un fichu caractère et aime beaucoup les jolies japonaises. Le livre précise «  pour public averti » car il y a pas mal de dessins très chauds. Très agréable approche de la vie de ce  » vieux fou de dessin. »

Nous sommes l’eau – Wally Lamb – ( Belfond Aout 2014)

Dans un monologue, Annie, la cinquantaine, newyorkaise, raconte son angoisse. Elle va se remarier, avec.. avec… Viveca, la galiériste qui vend ses célèbres installations. Au chapitre suivant, c’est son ex-mari qui soliloque à son tour. Et ainsi, sur 658 pages, une histoire familiale se déroule avec les divers points de vue de tous les personnages. Car Annie et son ex-mari ont 3 grands enfants qui réagissent selon leur caractère. Ah ! si seulement l’auteur avait concentré son récit sur 350 pages, il aurait été bien plus intéressant. Il y a tellement de longueurs que la motivation du lecteur s’effrite. Dommage, car c’est une peinture intéressante d’une certaine Amérique contemporaine.

Constellation – Adrien Bosc –(Stock novembre)

On se souvient Marcel Cerdan et aussi la violoniste Ginette Neveu sont mort dans un accident d’avion. C’était un Constellation à destination de New York. L’auteur va se pencher en détail sur ce drame. Que s’est-il passé, ce 27 octobre 49, qui était à bord, passagers, pilote, et même qui a évité la mort : 3 personnes obligées de donner leur place à Cerdan, prioritaire de dernière minute. La construction du livre, en allers-retours, la rapidité de l’écriture, la quantité de détails surprenants ( le mausolée du passager inconnu !) l’implication personnelle de l’auteur,donnent un livre palpitant, vrai bonheur de lecture. Un premier roman couronné par le Grand Prix de l’Académie Française.

 

 

L’oubli – Frederika Amalia Finkelstein – ( L’Arpenteur- sept 2014)

Ce que veut oublier la narratrice de ce livre, elle le dit dès les premiers mots :  «  L’extermination des juifs, je ne vais pas entrer dans les détails.. je le dis sans honte, je veux oublier, anéantir cette infâme shoah dans ma mémoire ». Une insomnie la met dehors dans la nuit parisienne. Elle marche, pense, raisonne, dit avoir 23 ans, aimer les jeux vidéo, le coca cola, les Mc Do, son grand chien Edgar qui vient de mourir, son grand frère, mais tout le temps Hitler, les nazis, le grand père déporté reviennent la mettre en rage.. Et pour comble, on vient de lui présenter la petite fille d’Eischmann, très guillerette  elle ! Je n’ai pas sauté une ligne de ce récit fascinant superbement écrit, pas du tout morbide. C’est la preuve que la toute jeune génération est présente dans la mémoire collective. Oublier ? pas question ! Un premier roman, 23 ans. Ecrivain à suivre.

Le secret de Samuel Liberman – Gérard Netter (Ed. Complicités 2014)

Une grande lectrice me signale ce livre. C’est l’histoire d’une dame qui, à la suite du décès de son père – Samuel Liberman- va vider son appartement et découvrant des lettres, des documents, sera conduite, comme dans un jeu de piste à découvrir un gros secret qui la concerne. J’écris ( mail) à l’amie : Je rame beaucoup dans ce livre touffu, à cause des agents doubles ou même triples, à cause des invraisemblances, des hasards tirés pas les cheveux, à cause de l’idylle entre l’héroïne et son copain dont les épisodes érotiques m’ont fait lever les yeux au ciel. Et l’amie me répond : Les invraisemblances et les hasards tirés par les cheveux arrivent peut-être dans la vie au moins autant que dans les romans, la réalité dépassant souvent la fiction. Les agents doubles ou triples sont liés aux périodes troublés et à l’action clandestine. L’amour de Prune et de Philippe participe au mouvement de la vie ordinaire. Conclusion : voilà un livre qui sait bien diviser les opinions !

Musique, ma vie – Jean Pierre Rampal – ( Calmann-Levy – 1991)

J.P. Rampal, flûtiste virtuose, a raconté sa vie à une Anglaise en 89. Le livre a été ensuite traduit en Français. Tous les souvenirs de l’artiste défilent, très simplement : le parcours, les rencontres, ses succès, ses voyages. J.P.Rampal a réussi à faire de la flûte un instrument de soliste, au même titre que le violon et le piano. C’était un personnage éminemment sympathique, bon vivant ( Il faisait partie du  «  Quintette à vin » disait-il. Ce voyage, au pays de la musique a ravi la bien médiocre flutiste que je fus pendant des années. !

Ce qui reste de nos vies – Zeruya Shalev ( Gallimard – juin 2014)

Hemda est une très vieille dame. Elle est à l’hôpital, à Jérusalem, et revit son enfance dans un kibboutz. Ses deux enfants viennent la voir : Dina, maman d’une ado difficile et Avner, avocat ( surtout des arabes), deux enfants. Le livre développe, en détails , la vie de ces 3 personnages principaux, au moment où Dina va souhaiter une chose assez originale : à cinquante ans, adopter un enfant. Le lecteur est constamment dans la tête des gens, toutes leurs pensées, leurs problèmes, leurs espoirs, toutes les relations entre eux sont vécues avec une vérité attentive. 400 pages, pratiquement sans interligne, d’une écriture puissante font de ce livre un excellent roman, très prenant, avec la vie quotidienne en Israël en toile de fond. Il a eu le Femina étranger 2014.

Rien que la vie – Alice Munro – ( L’Olivier Oct 2014)

Ce livre réunit 10 nouvelles et 4 textes autobiographiques. C’est dans l’un de ces deniers qu’elle écrit : « ce n’est pas un conte que j’écris, c’est rien que la vie » – titre du livre. Parmi les 10 nouvelles, certaines s’imposent plus que les autres. Moi je repense tout le temps à ce soldat sautant du train qui ralentit, ou à cet homme qui raconte son amitié un peu distante avec une élève de l’école, et on apprendra bien plus tard qu’il a un bec de lièvre, très mal réparé, etc..Alice Munro n’explique jamais rien. Elle dit les faits, de l’extérieur, au lecteur de sentir, de comprendre, de cogiter. Surtout quand elle arrête une histoire tout à coup sans prévenir. C’est superbe, intelligent, fascinant. ( Prix Nobel de Littérature l’an dernier)

Au-dessous du volcan – Malcolm Lowry ( Folio – Paru en Français en 1959)

Pour finir une belle année de lecture, je rouvre ce livre-monument, découvert lors de sa parution. Revoilà le Mexique, Le Consul imbibé d’alcool, désespéré par le départ de sa femme un an plus tôt, mais revoilà Yvonne qui revient le chercher avec l’espoir de l’emmener au Canada vivre tranquillement. Je me souvenais très bien – et surtout -de cette histoire d’amour. En revanche, je ne me souvenais pas du frère du Consul, ni de Laruelle, ni que le Consul buvait de la strychnine avec ses alcools ! J’ai retrouvé cette écriture foisonnante, capable de raconter trois histoires à la fois, qui demande du temps et de la concentration. Moyennant quoi la récompense est là : une énorme et magnifique émotion.

 

 

 

 

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