Johnny a fait un tube avec « Noir c’est noir il n’y a plus d’espoir » msecurite-vigileais il s’est aussi mis le doigt dans l’œil. La preuve c’est un jeune écrivain ivoirien surnommé «  Gauz » qui l’administre avec un premier roman aussi implacable que jubilatoire «  Debout payé » édité par le nouvel Attila.

L’homme blanc est tellement rentré dans l’histoire (1) qu’il a de la merde plein les yeux. Il est aveugle et soumis, mais on lui a tellement bien lavé le cerveau qu’il est bien incapable de s’en apercevoir tout seul. Bien au contraire barbotant dans son bouillon d’inculture culturée, il savoure plus que jamais sa merveilleuse supériorité.

Fort heureusement Gauz est arrivé, sans se presser évidemment. Il a ouvert les yeux, fait fonctionner un cerveau d’homme culturellement non breveté, c’est à dire n’ayant pas encore assimilé les codes et rituels occidentaux permettant aux blancs de croire qu’ils sont civilisés et libres. Son héros est un vigile noir, un certain Osiri (2) qui sévit dans les chaînes Camaieu et Séphora. Censé assurer la sécurité du magasin où il officie, le vigile enchainé/ déchainé travaille debout.

Ainsi l’auteur nous démontre que plus le travail est pénible moins il est payé. Qu’est-ce qu’un vigile ? pour les uns un bouledogue, un nervi asservi au capital, pour les autres sans un protecteur des gens honnêtes donc aussi une menace pour les gens malhonnêtes ou qui seraient tenté de l’être. Mais ce vigile là est d’abord une vigie, un homme assez frais et libre pour radiographier la vie que nous menons, nous les consommateurs aveugles et soi disant branchés. « Un code barre est tatoué sur le cou d’une jeune fille. Grande tentation de lui passer le pistolet à infrarouges de la caisse pour savoir combien elle coûte »

Où en est l’Afrique ? pas forcément besoin de lire un traité d’économie, Gauz nous explique très simplement que les européens après l’avoir dépecé ont réussi avec le concours des américains à rhabiller ces bons sauvages avec les surplus de coton du Mississipi Autre preuve tangible de l’infériorité africaine « …dans le parking souterain Vinci, exactement : une Maserati, deux Porsche, une grosse Mercédès AMG63, une Ferrari rouge, une Ferrari jaune et trois BMW X6, soit de quoi construire à Ganoa un hôpital régional entièrement équipé, payer les salaires du personnel et distribuer gratuitement des médicaments pendant un an ». Faut-il en conclure que les africains s’ils étaient un peu plus rentrés dans l’histoire(1) ne se seraient pas fait avoir par leurs exploiteurs ? Les marques, c’est Osiri qui le découvre, servent à nous figer hors de notre enfance, hors de la vie vivante.

Osiri, n’est ni docteur en sociologie, ni philosophe, pourtant il sait, expérience des chaînes à l’appui, ce qu’est le racisme, le colonialisme, mais à la façon d’un poète il fait des raccourcis si pertinents qu’il  pourrait ouvrir les yeux des consommateurs citoyens d’ici, bien qu’ils soient encore plus « sécurisés » ou chloroformés depuis le 11 Septembre 2001. Voilà un livre qui nous fait rire autant qu’il va nous réveiller. Réjouissons nous, l’ Afrique est capable de nous aider à nous ré-humaniser. Il était temps qu’un ethnologue de terrain nous aide à mettre en lumière les travers et tares des blancs pas si blancs que nous sommes. .

 

FB

 

Debout payé de Gauz

 Editions le Nouvel Attila

 

(1)      Allusion non voilée au discours de Dakar de N Sarkozy prononcé le 26 Juillet 2007 à l’université de Dakar. le « drame de l’Afrique » vient du fait que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire. […] Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès » Bien entendu c’est l’immense philosophe Henry Guaino qui a écrit ce chef d’œuvre de mépris satisfait.

( 2) Dieu égyptien lié à l’agriculture il va principalement être associé au culte des morts. Plus proche de nous Osiris est devenu la principale attraction du parc Astérix sous la forme d’une nouvelle montagne russe. Ça roule !

 

 

 

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