Patrick de Saint –Exupéry  cofondateur et rédacteur en chef de la revue XXI a été témoin du génocide Tutsi en 1994 . Il est l’auteur de « l’Inavouable , la France au Rwanda( éditions les Arènes) –  Hippolyte, dessinateur, auteur d’une dizaine d’albums dont « l’Afrique de papa » s’est rendu pour la première fois au Rwanda en 2013. Le journaliste et le dessinateur ont enquêté et racontent. A l’heure où les responsables français, de gauche comme de droite  se drapent dans une dignité offusquée, lorsque que le gouvernement rwandais dénonce l’action criminelle plutôt qu’humanitaire de la France, l’album « La Fantaisie des dieux » est sans ambiguïté. Déjà il s’ouvre par une citation de François Mitterrand pour le moins honteuse « Dans ces pays là, un génocide, ce n’est pas trop important »

Dès 1990, l’ambassadeur de France à Kigali mentionnait dans un télégramme diplomatique le risque d’une totale élimination des Tutsis. Le gouvernement français a été averti dès le début du massacre. La soi-disant opération humanitaire Turquoise a de fait prêté main forte aux agresseurs. Ceux là même qui s’estimaient agressés par « des cafards »

« – Du 6 Avril au 10 Juillet 1994, il y a eu 8OOO tués en moyenne  par jour

-Une productivité 2 fois supérieure à la solution finale nazie de Treblinka » Les bourreaux ont exterminé femmes, hommes, enfants, comme d’autres vont travailler à l’usine le matin et reviennent le soir à la maison reprendre des forces.

Ce qui fait l’intérêt exceptionnel de « la Fantaisie des dieux » c’est au cœur de cette tragédie, un rapport très subtil en le texte et l’image. La beauté des paysages, de la nature dessinés par Hippolyte, leur harmonie, voir leur douceur rend encore plus révoltante la violence criminelle des hommes. Ceux qui abiment le paysage sont aussi des assassins. L’eau , emmène les corps des assassinés dans un ailleurs indescriptible, l’eau abrite les paroles de vérité, elle les noie également. Par les mots les génocidaires nient leur action. Ils se sont simplement défendus et ont éliminé des insectes. Malgré le mensonge le ciel est bleu, le soleil brille. Les dieux sont aux abonnés absents. L’album se termine par une double page décrivant l’action des principaux acteurs. Ainsi l’adjudant chef au GIGN,  Thierry Prungnaud, envoyé au Rwanda en 1992 pour former la garde présidentielle qui sera un fer de lance du génocide.

 Il y a sans doute aujourd’hui dans la bande dessinée comme il y a eu dans les années 70 dans le roman policier français, une volonté farouche de résistance ,face aux mensonges  de ceux quidisposent de l’argent, de la culture et des mots capables d’ effacer leur action criminelle. A ce titre une BD comme « La fantaisie des dieux » contribue à la diffusion d’une culture populaire authentique, vigoureuse et digne. Merci.

 

 

 

Hippolyte

 

Patrick de Saint-Exupéry

 

La fantaisie des dieux

 

Editions des Arènes

 

 

 

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