C’est le pied !

Le 10 Décembre, Le magazine vivant, critique et poétique  » Mardi ça fait désordre faisait son numéro ( 14) à Créteil au Centre Culturel MadeleineRebérioux. Le public dense mais qui aurait être beaucoup plus nombreux a applaudi des intervenants magnifiques. Les ateliers Danse de Céline Tringali et théâtre de Denis Morin, juste formidables ,JC Guillebaud ouvrant lignes de forces  d’un optimisme sans concession, Thomas Hahn, tranquillement insolent, Benjamin Barou-crossman et son guitariste tous deux inspirés par le Duende de Lorca, Hamed Bouzzine le conteur d’âme, de coeur et de beauté, Philippe Merlant assez audacieux pour remettre en cause sa pratique journalistique et la forme de son discours, Marie Perruchet capable de faire danser une salle en fin de soirée. Mais la plus belle surprise est venue des jeunes reporters citoyens coordonnés par Sabath Rahmani. L’association  Reporter citoyen fondée par Philippe Merlant, La Télé Libre, L’Ecole des métiers de l’information afin de permettre aux jeunes des quartiers dits difficiles de pratiquer un journalisme non formaté, produit un travail d’une qualité et d’une fraîcheur sidérantes. Amédée Anglade, déja un ancien de RC a réalité une vidéo sur une leçon de tango donnée par le maître JC Caron à l’écrivaine Belinda Cannone d’une grande beauté. Jean Philippe Bucher et Marius Caillol ont produit un micro-trottoir sur le thème de la soirée « On ne sait plus très bien sur quel pied danser  » aussi savoureux qu’éclairant. Tous ceux qui pensent que les problèmes de société doivent être étudiés avec gravité et expertise scientifique n’ont pas entendu, hélas pour eux, Assa Diarra  traiter  » On ne sait plus très bien sur quel pied danser quand on est en couple mixte ». La lucidité, le charme, la poésie étaient au rendez-vous. Ah ! tout de même une petite note critique. Un des intervenants a regretté que Madeleine  n’ait pas mis à leur disposition , une petite bouteille d’eau pour s’éclaircir la gorge.Pour vous donner un aperçu de la soirée vous trouverez ici le merveilleux texte d’Assa Diarra et l’éditorial du magazine.

On ne sait plus très bien sur quel pied danser quand on est en couple mixte !
Alors, sur quel pied on danse quand on a trouvé chaussure à son pied Après avoir fait des pieds et des mains pour séduire l’autre, voilà que l’on met sur pied un projet d’avenir commun. On évite dans ce cas de traîner des pieds et on envoie valser les préjugés pour laisser l’amour guider Mais, il faut être ouvert  et garder les pieds sur terre !
Dans un couple mixte, la culture de l’autre peut être sujet de discorde !La différence prend alors le pas et les concessions peuvent nous mettre au pied du mur. Certaines traditions sont prises au pied de la lettre et on coupe l’herbe sous le pied de son conjoint.
Apparemment, quand les chats ne sont pas là les souris dansent, mais n’empêche que sans l’autre on danse comme un pied.
C’est de pied ferme qu’on prend alors des nouvelles résolutions pour éviter de faire cavalier seul et surtout pour garder l’élu de notre cœur.
Les amoureux font un pied de nez aux prévisions, qui ne leur laissaient que peu de chance. Ça leur fera les pieds !
On voyage, on apprend et on danse sur plusieurs rythmes ! Toujours sur nos deux pieds, pour être en harmonie !
Finalement, être en couple mixte, c’est le pied !

Par Assa Diarra, reporter citoyen
www.reporter-citoyen.fr

 


Editorial du mardi 10 Décembre 2013

 

Amis du désordre et des aventures improbables bonsoir.

Merci d’être là, merci de nous donner l’opportunité d’être ensemble.

Vous venez d’applaudir les élèves de l’atelier théâtre de Denis Morin et de l’atelier danse de Céline Tringali  du centre Madeleine Rebérioux.

Merci et bravo aux élèves comme aux maîtres.

Un individu qui danse  est un danseur ou une danseuse. Un individu qui pense est un penseur ou une penseuse. Heureusement entre la danseuse et la penseuse, il y  la bande Velpeau qui panse elle aussi…Elle panse nos blessures….

Patrice Chéreau, Stéphane Hessel étaient –ils des danseurs, des penseurs ?

 Ce que nous savons  à Marseille comme à Créteil , c’est que ces êtres d’une humanité et d’une créativité exceptionnelle, nous ont fait dansé l’âme, l’imagination et le cœur.

Le 27 Mars 2012, nous étions ici à Créteil avec Stéphane Hessel, Michel Butel et d’autres amis pour traiter le thème « la politique trop vieille pour les jeunes »  Ce fut une soirée délicieuse, inoubliable. Stéphane Hessel a redit ce soir là qu’li attendait la mort avec gourmandise. Il a été entendu le 27 Février de cette année. Merci à cet homme généreux du cadeau qu’il nous a fait.

On ne sait plus très bien sur quel pied danser ?

Qu’est-ce que cela veut dire ?

On se prend les pieds dans le tapis…

on n’est plus à pied d’œuvre,

ce n’est pas le pied ?

En 2013, on a perdu des êtres chers, La planète n’en peut plus d’être maltraitée, ses habitants non plus, on est « grand corps malade » plus souvent enfumés qu’informés, Nelson Mandela, le magnifique s’est définitivement absenté …  et en plus on se mettrait à genoux pour pleurer, se plaindre, se lamenter ? La tristesse est un luxe réservé aux nantis et aux abrutis qui préfèrent mourir leur vie que prendre le risque de la vivre.On ne  va tout de même pas regretter les certitudes de la France collabo/pétainiste, on ne va pas regretter les certitudes du goulag stalinien, ni celles de l’hyper capitalisme spoliateur.

Enfin ! on ne sait plus, enfin ! on a des doutes,on a donc une chance de vivre dans un monde qui ne soit plus un monde d’abrutis, de singes savants. On est tombé de haut. Et alors ! cela nous donne une chance de nous relever, d’être un peu plus solidaires et de rire ensemble de nos maladresses. Nous sommes des millions, voire des milliards dans cette position et c’est tant mieux. Foin de tous les prêchi-prêcha nous sommes dans l’obligation d’inventer, d’avoir de l’imagination. Seuls les équarris du cerveau pourraient s’en plaindre. Doutons, questionnons sans modération et débattons joyeusement, Sortir du marasme et beaucoup moins difficile qu’on peut le penser.Tenez pour commencer on peut tenter un exercice très simple. Vous voyez ces 2 doigts, très doucement vous les rapprochez de la partie la plus préhensible de votre individu et sans vergogne vous pincez….

Aye, Aye , n’hésitez pas, crions de concert. ….Aye !!!!! Aye !!!!  Aye !!! Voilà la douleur est partie…Nousdécouvrons que nous avons un corps, c’est considérable. J’en connais beaucoup qui rangent leur tête dans l’armoire du haut et le reste de leur body à la cave. Cela ne facilite pas l’élégance de la démarche…  …vous me suivez !!!!

Ce soir on va essayer de faire autrement, on va essayer de penser avec les pieds…le ventre, les jambes, ce soir on va essayer de faire danser la totalité de notre individu. La danse est beauté, plaisirs, mais aussi sollicitation des neurones. épanouissement. En plus elle nous apprend à jouer avec les contraires. La pure invention n’existe pas. Pour que le neuf soit perçu par tous, il faut qu’il y ait répétition, inscription dans notre corps. Dominique Noguez écrit  que la danse est d’abord une lecture. Sur une autre rive,Alain Badiou ajoute « la danse est innocence, parce qu’elle est  corps d’avant le corps.

Elle est oubli, parce qu’elle est un corps qui oublie son astreinte, son poids. Elle est commencement nouveau, parce que le geste dansant doit toujours être comme s’il inventait son propre commencement. Jeu, bien sûr, puisque la danse libère le corps de toute mimique sociale, de tout Il sérieux, de toute convenance. »

Il est temps de pratiquer la démocratie corporelle directe. Du bout de nos gros orteils à la racine de nos cheveux nous allons trouver de quoi nous ressourcer, nous mettre en danger. Alors nos neurones charmés par tant de grâce et de fraicheur feront des étincelles, fabriqueront des émotions, des novations sidérantes. Alors nous redécouvrirons une humanité en marche qui saura et ne saura pas sur quel pied danser.

Ce soir au centre Madeleine Rebérioux, nous sommes heureux à l’idée de gambader en votre compagnie. L’équipe de Mardi ça fait désordre vous souhaite une soirée aussi douce que forte  et joyeuse. olé !!! Ensemble on va bien s’amuser.

François Bernheim

 

 

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