Où sont passé les hommes ? Que peut attendre d’eux une jeune femme en souffrance ?

C. Catherine Hélie Gallimard

L’un est parti loin. Au téléphone, dans ses lettres, Il lui parle d’amour, de vivre ensemble dans un vrai appartement, loin des chambres d’hôtel. L’autre est blessé et va sans doute partir.  Joubra, la narratrice vit dans un espace d’incertitudes borné par les insomnies, les songes et les tempêtes. Ce qui est fantastique dans « Le rêve de l’autre » le nouveau roman de Milena Hirsch, c’est que toutes les angoisses, peurs et fantasmes qui  traversent son héroïne, transforment de fond en comble le paysage  de la ville. Paris n’est plus une capitale culturelle, une ville musée, mais un espace vibrant entre mer et désert où la force des vagues ne cesse de naufrager une jeune femme chassée  de son avenir et de ses sentiments. Le rythme des phrases de Milena Hirsch donne une réalité physique à ce va et vient fracassant qui assomme les êtres sensibles et les laisse inertes sur le rivage. A travers lambeaux de réalité et de désir, un chemin d’errance est esquissé au creux d’ un monde somnambule.

La figure tutélaire d’Albert Cossery, grand voyageur de l’imaginaire  qui occupa pendant 60 ans la chambre 58 de l’hôtel de la Louisiane à Paris  règne sur ce livre. Sa présence discrète et énigmatique est celle de l’infinie tendresse qu’éprouvent les exilés de la vie pour leurs semblables. Celui qui ne possède rien d’autre que ce qu’il a déjà vécu est la générosité même. Il est un phare  illuminant nos nuits incertaines. Voyageurs entre les lignes, voilà un livre magnifique écrit à votre intention.

 François Bernheim

 

Le rêve de l’autre

de Milena Hirsch

Editions Joëlle Losfeld

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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