« La Rose dans le bus Jaune » le roman de l’auteur montpelliérain Eugène Ebodé est sorti le 23 Février 2013. Ce jour là, l’héroïne de son livre Rosa Parks aurait eu 1OO ans. Décembre 1955, Rosa est couturière, elle a 50 ans.

 Elle prend le bus, comme chaque jour à Montgomery Alabama, état sudiste, s’il en est ; un blanc lui demande de lui céder la place. Rosa refuse. Elle sera condamnée pour avoir enfreint la législation en vigueur. A partir de cet instant une solidarité sans équivalent se met en place. Manifestations, prises de parole sont organisées et le boycott des bus locaux sera organisé pendant plusieurs mois. Personne ne lâchera. Ces évènements voient la montée en puissance d’un inconnu, orateur exceptionnel  : Martin Luther King. Le mouvement qu’a suscité Rosa Parks réunit les partisans de l’égalité civique, noirs et blancs, laïcs et religieux. Malgré intimidations, violences du Ku KU Klan, la résistance ne faiblit pas et la compagnie de bus frôle la faillite. Le 4 juin 1956, la Cour Fédérale  condamne les règles segrégationistes en vigueur dans les transports. Le maire de Montgomery en appelle à la Cour suprême qui, le 13 novembre suivant, confirme l’arrêt: ces pratiques sont déclarées inconstitutionnelles. L’histoire de Rosa Parks, militante exemplaire est connue depuis lontemps.

Pourquoi la raconter aujourd’hui ?  Le récit tel que l’a structuré Eugène Ebodé bénéficie d’un double recul, celui du temps et de l’espace, l’auteur a enquêté aux USA, mais il vit en France. En toute simplicité, il met en lumière  un problème majeur : faire apparaître comme telle , une violence s’abritant derrière la pseudo légitimité des lois de nature. Chacun devant être certain que traiter les noirs comme des êtres  inférieurs est en conformité avec la volonté divine. A la faveur de cette action collective, l’auteur réussit à faire apparaître cette violence comme pure construction qu’un groupe social utilise à son avantage . Il nous amène à nous interroger sur le terrorisme racial. Ceux qui exerçaient cette violence bénéficiant de l’appareil d’état et de la “naturalité” apparente de leurs concepts  avaient beau jeu de réprimer sauvagement toute contre- violence mettant en cause leur pouvoir. Le mouvement des droits civiques avec Martin Luther King a eu le courage et la lucidité de forger jour après jour une forme de résistance  collective qui à force de patience et de froide détermination a atteint ses objectifs.

La Bastille de l’inégalité raciale ne pouvait être prise en un jour. La révolution de fait qui a mis à terre l’ordre raciste  s’est pas faite au rythme où évoluent les esprits. A ce titre là, Martin Luther King était pour ses adversaires le plus dangereux des opposants. Il y a encore un demi siècle il était facile d’opposer les mouvements révolutionnaires aux réformismes de tout poil. Aujourd’hui  , on ne peut que sortir d’un tel  schéma. C’est en ça que le livre d’Eugène Ebodé nous interroge  dans notre actualité . On ne changera rien à l’ordre établi si on ne mêle pas de changer les mentalités.

 

 

 

François Bernheim

 

 

 

La Rose dans le bus Jaune d’Eugène Ebodé

 

Collection Continents Noirs Editions Gallimard

 

 

 

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