et uniquement par le pouvoir ,alors que les plus lucides cherchent en premier lieu le bien des sociétés dont ils assument  une part de responsabilité. pour y parvenir ,ils ont besoin de poésie. C’est la poésie qui guide la pensée lorsqu’elle va  au-delà de la simple considération du réel et du rationnel, c’est elle qui la dote d’une vision. une politique n’est admirable que si elle est visionnaire,et elle n’est visionnaire que si elle est nourrie par la poésie.  Stéphane Hessel

Stéphane Hessel et Elias Sanbar, « le rescapé et l’exilé. Editions Don Quichotte Mars 2012

Un livre à deux voix. Celle du rescapé des camps de la mort, Stéphane Hessel, celle de l’exilé, chassé de la Palestine, Elias Sanbar. Deux  parcours. L’un quitte l’enfer et se bat pour reconstruire le monde. L’autre, jour après jour, vit une destruction sans fin. N’ayons pas peur de le dire, deux hommes de bonne volonté présents en émotion et en intelligence non pour convaincre mais éclairer, expliquer, nous dire comment l’histoire s’est faite. En 1921, la SDN ancêtre de l’Onu, a donné mandat à la France et à l’Angleterre de mener les peuples concernés ( les futurs Liban, Syrie, Palestine, Transjordanie et Irak) jusqu’à leur majorité. En 1948, la création de l’état d’Israël  est comprise comme « une réponse au mal absolu de la barbarie nazie ». Face à l’horreur, le peuple mineur ou colonisé n’a pas d’existence. A un moment où les déplacements de population sont nombreux, personne ne prend en compte le problème de ces arabes qui devraient trouver refuge dans d’autres pays arabes. Cela Stéphane Hessel l’explique en toute bonne foi. Aujourd’hui à la faveur  de la politique de colonisation menée, du refus de reconnaître l’existence d’un état  Palestinien, Hessel critique sévèrement la politique d’Israël.  Les deux hommes sont partisans de la paix  et du droit. Mieux, ils sont d’une pâte humaine exceptionnelle. Ils savent très bien que sans «  l’autre », sans le respect du droit, on ne peut exister. Pour les inconditionnels de la politique israélienne, il y a là matière à scandale. Que l’homme qui a acquis avec « Indignez vous » une aura d’universalité puisse très clairement réfuter leur point de vue est inadmissible. Hessel a le tort d’aimer Israël et de refuser sa politique suicidaire. Elias Sanbar a raison de souligner qu’il est plus simple de parler avec des israéliens qu’avec les orthodoxes de la diaspora.

Mais au-delà de ce conflit majeur, les deux hommes habitent le même pays, celui de la poésie. On sait que le merveilleux traducteur du poète Mahmoud Darwich  qui a combattu toute sa vie pour l’existence d’un état palestinien  s’effacera  le jour où cet état verra le jour.  Elias Sanbar écrit « les poètes cet immense avantage sur les politiciens de ne pas avoir besoin d’imaginer l’avenir : il est déjà là. C’est en ce sens que je disais que la poésie est une forme supérieure , non de la, mais du politique »

Hessel répond « …. Ce qui distingue l’homme des autres espèces animales, c’est qu’il parle…la parole a d’abord été celle du commandement puis, par la suite, dans toutes les cultures le poète est intervenu pour dénoncer l’insuffisance du commandement… qui ne communique pas ce que nous avons tous d’imaginatif et de contestataire »

Hessel conclut en citant Apollinaire : «  Nous voulons explorer  la bonté, contrée énorme où tout se tait »

Compte rendu sur ce blog  avant le 15 mars

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