Nous ne pouvons pas savoir ce que veulent nos pas ni où ils nous mènent.

– Nous ne savons pas très bien où commence l’aventure et où elle se finit.

– Elle commence en un certain lieu et finit quelque part

– Plus loin à un endroit précis, à une certaine heure, un certain jour.

– Pourtant j’ai essayé de lire l’avenir, de donner aux miens à lire l’avenir

– Mais je me dis que hier je n’étais pas et demain je ne serai plus

– J’ai choisi ! Et maintenant je suis à la merci de mon choix

– Quelle différence y – a – t-il entre choisir et être choisi lorsque nous ne pouvons faire autrement que nous soumettre au choix

– Je dis je mais je ne suis plus je

– je c’est moi et que je vais mourir.

– Dorénavant je serai seul

_ J’ai traversé le songe et le temps pour ceux qui me voient. Mais ils ne me voient pas comme je ne me vois pas. Je suis une forme qui se déplace dans le brouillard.

Une antilope traquée dans les dédales de plomb et d’asphalte que j’ai osé emprunter un soir.

J’ai échappé a la chasse à l’homme et jusqu’au jour où je fut capturé, les mailles étaient trop serrés

– Emmené par les chasseurs de cette contrée pour être livré et vendu aux receleurs de la liberté. Aux trancheurs de mes pieds légers et de mes bras tendus.

– J’ai éprouvé à mon heure la dimension de la séparation, de la détresse, du néant auquel j’ai essayé de répondre.

Maintenant j’ai le vide pour voyage ! – La vérité est ainsi dans le temps

– Cette absurde et fertile quête de dignité que nous payons de notre sueur, de nos larmes et de notre sang. La prise de conscience d’un cri

– Comment aurais-je pu m’exprimer, quand j’ouvre la bouche c’est pour prolonger le cri des affamés

– Il n’y a pas de marche dans la mer comme de degré dans la douleur

– Le chemin que j’ai pris fut par moment glorieux, il a eu ses heurts et ses douleurs, ses sommets et ses raz de marée.

– Sans savoir où j’allais, un jour je serai là, un jour ailleurs. Un jour comme tous les jours où je suis là. Ce ne sera plus demain.

– J’ai pourtant suivi pour atteindre mon but des routes amères ou le sable de mes pieds brisait la pierre

– Je l’ai suivi pour atteindre d’autres jours, d’autres rives, d’autres vies

– Le chemin qui me rapprochait de ce pays n’a jamais été sûr même quand il débouchait sur un océan

– Je marchais à mon rythme. Quoique que je fasse je ne pouvais aller plus vite ni plus doucement.

– Je me disais : « Sans mon rythme, je n’aurai pas vu le soleil se lever chaque matin.

– Maintenant , celui de la fatalité. Je suis allé, je n’irai plus.

– J’essayais de vivre en accord avec mon esprit et mon cœur.

– Mais je ne suis qu’un galet sur une plage, un caillou dans la rivière. J’ai traversé tant de de villes inconnues de jour comme de nuit. Une ville la nuit c’est comme une devanture vidée de son contenu.

– Étais-ce hier, étais-ce aujourd’hui, étais-ce jamais. Loin de ma demeure, j’ai croisé des couples enlacés semblables à des arbrisseaux qui prennent racines dans les nuages. J’ai rencontré des enfants aux yeux chargés d’étoiles. Les ai-je croisé vraiment ?

– Au bout j’espérais sentir l’odeur de la délivrance. Mais au bout je suis arrivé au pays des Vainqueurs avec leur arrogance, leur éloquence, leur suffisance.

– J’ai endossé le manteau des vaincus, sans paroles, regard toujours baissé

– Ils ne savent pas : la race des vaincus est tenace. La patience du cri est sans limite.

– Ici qui est ailleurs, un ailleurs qui a enchainé nos chevilles.

– Ce n’est pas un pays que le désespoir remet en cause, ni un continent mais le monde. Ce n’est pas un homme mais tous les hommes. Le salut pour l’homme c’est ce qui comme lui a un commencement et une fin. C’est l’espoir qui recommence. C’est l’eau qui étanche sa soif pour être à nouveau réclamée. C’est le pain qui fait oublier la faim et pourtant l’entretient.

– Ils me disent que tout ce que j’ai fait a la transparence du mal. La France, l’Europe, l’Occident est pour chaque habitant la réalité de tous les jours. Pour nous elle est le rocher contre lequel viennent se briser nos âmes et nos os où des vents viennent éteindre des flammes d’espoir. Le désespoir n’est que rêve de futur espoir

– Être clandestin c’est avoir à justifier de l’existence. C’est avoir en commun ces nuits sans sommeils, ces jours sur le qui-vive. C’est aussi avoir cherché désespérement la même bouée, la même main secourable. C’est avoir marché pour ne pas tomber. C’est avoir nagé pour ne pas couler. Beaucoup de ruses employées pour survivre. Une ingéniosité de tous les instants. C’est s’adapter, tracer.

– On peut s’acharner sur nous, on ne réussira pas à nous détruire. De métamorphoses permanentes pour échapper à nos bourreaux. Mais aussi l’histoire de solitudes. La solitude ne se transmet pas, elle n’est pas génétique. Un jour elle engendre la vie, un autre jour elle engendre la mort.

– Qui a voulu partager mon ombre, l’ombre n’est qu’une tache que l’œil perçoit. Mais invisible avons nous une ombre ?L’ombre est un lien de la lumière et mon enveloppe celle de la nuit.

– J’ai cru vivre mais j’ai appelé la mort. J’ai cherché à regarder les gens d’ici avec sympathie. Désormais l’agonie d’un beau regard nous sépare.

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