Mathias Malzieu a failli mourir d’une panne sèche de moelle osseuse. Dans le « journal d’un vampire en pyjama », il raconte l’aventure panique, remontée à la surface , plongée dans l’abîme , amour, sœur, père, rock and roll Dionysos son groupe…à une allure échevelée. A lui tout seul, il est les Marx Brothers tombés amoureux d’Alice au pays de Tim Burton. La mort ou plutôt la menace de la mort est chose trop sérieuse pour que l’on se laisse aller à pleurer. son livre est un paradoxe …vivant. Mais quelle belle santé que la sienne. Son combat avec lui même est un match de foot aussi passionnant que pas sérieux. L’homme est élégant. Sa panique ne transforme pas l’univers en un trou noir irrespirable. Bien au contraire il salue avec tendresse et reconnaissance les attentions que tous, personnel soignant compris, ont pour lui. On lit son journal comme une aventure épique dont on ne connaît pas l’issue, alors qu’en ouvrant le livre on sait que l’homme est vivant, puisque qu’il l’a écrit. c’est sans doute la mise à nu de sa fragilité qui rend l’ odyssée si précieuse. Pourtant sa plongée au fond du trou, suivie de sa remontée n’apparaît pas comme une rédemption mais plutôt comme une attention portée à la vie sous toutes ses formes. Voilà un rocker dont la musique nous touche particulièrement. Il y a là comme un parti pris d’ouverture sans restriction à toute forme de rencontre aussi sidérant qu’incroyablement doux. Nous sommes bien sûr heureux que la médecine ait sauvé Mathias Malzieu, mais l’homme est si curieux que l’on se demande s’il n’aurait pas été intéressé à faire un reportage exclusif et inédit sur sa disparition dans l’hypothèse où la greffe n’aurait pas réussi.
François Bernheim
Mathias Malzieu
Journal d’un vampire en pyjama
Editions Albin Michel