Le 20 & 21 Octobre à 20 H 30
Lamento de Hamma Méliani
Mise en scène
Myriam Allal
à La Cave à Théâtre
(sous l’école Jean Moulin)
58, rue d’Estienne d’Orves
92700 Colombes
réservations au 0147809219
Prix des places : 10 / 6 euros
«dans le cadre
du cinquantenaire
du 17 octobre 1961»
Chroniques parisiennes
sur le massacre des algériens
les 17 et 18 octobre 1961.
Lors de la manifestation du 17 octobre 1961,
plus de dix mille algériens sont malmenés et
internés dans les prisons, les commissariats
de police, les centres de tri, au Vel-d’hiv et ailleurs.
Parmi eux se trouvaient des Chibani qui ont combattu aussi les nazis pendant les deux guerres sous
le drapeau tricolore, des ouvriers, des jeunes
banlieusards en compagnie de camarades
sénégalais, portugais, italiens, espagnols.
Y participaient également des français sympathisants du F.L.N. , des tunisiens , des marocains.
Composée de 16 tableaux, la pièce nous entraîne dans cette période de guerre évoquant la résistance clandestine des émigrés algériens face à l’engrenage de la répression policière.
Chaque personnage évoque sa propre histoire
liée à l’Histoire commune. A travers leurs témoignages le puzzle se constitue de
ces tragiques instants que menace l’oubli.
Amour clandestin, sévices , résistance et bonheur néanmoins vécus dans les sous-sols de la République pendant ces deux terribles journées.
Contre l’oubli Lamento pour Paris est une pièce qui dévoile un pan de l’époque sombre de la
colonisation et du traitement social réservé alors,
aux nord- africains.
Avant-propos de Raoul Sangla
A la lecture de «Lamento pour Paris»,
l’effroi et la honte m’ont submergé.
L’effroi pour réaliser à nouveau,
l’horreur et l’indignité de la barbarie
des «forces de l’ordre»,
comme l’on dit bien improprement.
La «bête immonde», prête à renaître, que Brecht signalait à notre vigilance, montra,ce jour-là, son mufle abominable et en notre nom de surcroît.Honte, donc aussi de n’être pas intervenu en masse pour éviter l’hécatombe.
Le drame de Hamma Méliani évoquant cette tragédie, outre ses vertus théâtrales auxquelles son oeuvre antérieure nous
a accoutumés, doit être tenu pour un ouvrage d’utilité publique en cela qu’il nous incite,
nous aide à porter plus avant
la réflexion proprement politique
pour préserver l’avenir de telle
humaine ignomignie.
Raoul Sangla
Septembre 2011
©Lamento pour Paris. Edition Marsa
©Mustapha Boutadjine
de Hamma Méliani
Mise en scène : Myriam Allal
La Cave à Théâtre
(sous l’Ecole Jean Moulin)
58, rue d’Estienne d’Orves
92700 Colombes Tél : 01 47 80 92 19
Représentations
Le 20 & 21 Octobre 2011 à 20H30
C
Textes
Une horreur si banale
Car sans papier l’étranger ne connaît pas la dignité
Sur une terre défigurée ou flotte le malheur
Je jette un bouquet de fleurs à la mer
Pour toutes les victimes de la guerre
Vendeur d’armes tu t’enflammes
Nous on rame et tu nous crames
Tu tires toutes les ficelles
puis t’envoles dans ta nacelle dans ta caravelle
Si la terre est un sanctuaire
Doit on devancer l’heure dernière ?
Doit on sacrifier nos enfants par derrière ?
Leurre devant tout droit les médias
Journaux standardisés système globalisé
les OGM sont là pour nous manger
que devient la liberté du Monde
quand ne subsiste que le canard enchaîné ?
Seul RFI m’informe sur d’autres pays
car trop consensuelle la télé nous met sous tutelle
On commence par un lissage
On poursuit par un gommage
Et on fini par un dégommage
Les politique s’agitent comme des pantins
crient comme des sales gamins
l’herbe est toujours plus verte chez le voisin
Mais comme Bourdieu j’ai le bourdon
Je deviens bougon face à la misère du monde
Je tourne en rond
Je peux pas tenir
je peux pas dormir
marre de trahir
Mon frère et mes pères
Tant que tous ne pourront pas manger
Comment pourrais je dormir en paix ?
Je veux être un miroir pour cette société
Toujours trop lâche complice de sa glisse
Et on se voile la face
Chez les peoples on s’embrasse
Embrasons nous
Mais pas connement en brûlant la voiture de devant…
Nous dégringolons et rigolons de cette nature trop puisée (usée)
Je verse une larme comme par excès
Sur une terre abusée
Une forêt dévastée
Pillée par la race humaine
Je plie sous la peine plein de haine
Car je me souviens aussi des chaînes
qui se scient aussi ils ont du souci à se faire
mais pour l’heure
Je me paralyse et me brise
Comme un roseau asséché
Je perd mon souffle
Et redeviens poussière
Dans le grand univers
Mon bon Djely,
Fais couler je te pries
La rivière de la nuit
Celle qui draine et purifie
Bien loin de mon ennui
Benoît Roques
La ville lumière
La ville lumière
Je la trouve sombre
Un peu acajou
Et le jour aussi
Je le trouve sombre
Et en plus de sombre
Disons plutôt gris
Et la vie aussi
Et le temps qui passe
Et le temps qui reste
C’est vraiment chiant
Cette obscurité
Qui envahit la ville
Même à Belleville
Le ciel est tout bas
Et à Montparnasse
Je t’en parle pas
Et à La Chapelle
C’est du gris sur gris
Alors chaque nuit
Je sors et je traîne
Je vois la lumière
Vaciller sur l’eau
Du canal de l’Ourcq
Et puis dans la Seine
Près de Saint Michel
Où il y a eu des morts
D’après ce qu’on dit
Des hommes noyés
Au milieu des cris
« Vive l’Algérie »
Ou dans le silence
Qui règne de nuit
Je la vois luire
L’étrange lumière
On dirait parfois
Comme des bougies
Tellement il y en a
Tellement elles vacillent
Tellement elles tremblotent
Petites loupiotes
Dans l’obscurité
Et je suis les quais
Je vais vers Jussieu
Là-bas sous les ponts
Des hommes roupillent
Ce sont des Indiens
D’un monde ancien
Ce sont les nouveaux
Indiens de ce monde
Il y a un mec
Qui fait du café
Sur un grand réchaud
Vétuste et rouillé
Je vois la lumière
Bleue de sa misère
J’écris mon slam
Un peu comme on pleure
Je rentre chez moi
Par un boulevard
Et je vois une fille
Vêtue de cristal
Ou à poil vraiment
Vêtue de son corps
Un corps vraiment beau
Et au Jardin de Plantes
On saute les grilles
Pour pouvoir s’aimer
Miguel Angel Sevilla
A MON PERE
1947, la guerre est finie, et moi j’arrive vers la vie
un soir de mai en Algérie, ça s’annonçait pas trop mal jusqu’ici
Les pieds nus blessés sur les cailloux, l’ombre des oliviers sur mon cou
En berbère il y a des mots pour tout, des prénoms aux rêves, des couleurs aux bijoux
Mais qui s’imagine toutes tes distances, mais qui s’imagine toute ta souffrance
Qui fait que c’est clean dans mon coeur, qui fait qu’j’suis moi…
1952, on débarque en France, un autre climat, une autre existence
L’école n’est pas ma première violence, dur est le prix de la connaissance
La musique Arabe à la radio, ne pas perdre ses repères, pas oublier ses mots.
Ma mère inquiète écoute les infos ; premier échange, j’apprends l’argot.
Mais qui s’imagine toutes ta patience, mais qui s’imagine ton silence
Qui fait que c’est clean dans mon coeur, qui fait qu’j’suis moi…
1955, une guerre qui commence ; 8 ans pour apprendre l’injustice du pouvoir policier
Mon djebel dans le feu lutte pour sa délivrance ; A paris la racisme a tatoué nos faces de rebelles étrangers.
1963, les BEATLES dans la tête, une guitare sous les doigts, je massacre LOVE ME DO
BRASSENS et DYLAN et leurs phrases prophètes, LIKE A ROLLING STONE, l’avenir est à nous.
Mais qui s’imagine ta résistance, mais qui s’imagine ta clairvoyance
Qui fait que c’est clean dans mon coeur, qui fait qu’j’suis moi…
1968, aux beaux arts des affiches, exécutent nos tabous sur les murs de Paris….Barise!!
On aura un futur sans non-dit et sans triches, en ouvrant nos esprits, en refusant les interdits.
Février 1985, Tu es parti au ciel ; j’espère qu’il existe pour qu’t’y foute ton bordel
Tu étais contre tout mon vieux provocateur ; des matins de février j’ai le vertige dans mon coeur.
Mais qui s’imagine ta résistance, mais qui s’imagine ta clairvoyance
Qui fait que c’est clean dans mon coeur, qui fait qu’j’suis moi…
En quinze ans, t’as rien raté, le monde est toujours aussi cinglé
Si à Berlin le mur est tombé , pas les briseurs de liberté
Les détenteurs du pouvoir, ils ne sont qu’un millier
Ils me font peur , car fragiles et aussi déraisonnables que nous…. je le sais.
Toutes ces phrases résonnent dans mon âme ya vava
L’homme pour se faire est obligé de se défaire … tu vois
Mais j’espère que demain fera des jours meilleurs in’ch allah.
Avant tout je resterai debout comme un homme droit.
Mais qui s’imagine ta résistance, mais qui s’imagine ta clairvoyance
Qui fait que c’est clean dans mon coeur,qui fait qu’j’suis moi
Mais qui s’imagine ta résistance, mais qui s’imagine ta clairvoyance,
Qui fait que c’est clean dans mon coeur, qui fait qu’j’suis moi
Mourad Malki
FILMOGRAPHIE (non exhaustive)
Documentaires :
Octobre à Paris de Jacques Panijel (1962) précédé de Préface à propos d’Octobre de Mehdi Lallaoui (2011)
17 octobre 61, dissimulation d’un massacre (2001) et Mourir à Charonne pourquoi ? (2010) ; (Coffret de 2 DVD de Daniel Kupferstein)
Le silence du fleuve d’Agnès Denis et Mehdi Lallaoui ; 1991
Ici on noie les Algériens de Yamina Adi ; 2008
Une journée portée disparue de A. Hayling ; 1992
La guerre d’Algérie de Peter Batty ; 1984 (diffusé par France 3 en 1990). Coffret de 2 DVD.
La nuit des chasseurs d’Ali Akira ; 2009
Français si vous saviez d’André Harris ; 1973
Les Algériens à Paris (film de la RTBF, tourné en novembre 61, à partir des clichés d’Elie Kagan, mais jamais diffusé et dont certains éléments semblent avoir été repris pour France-Algérie, diffusé par la RTBF le 25 février 62).
Fictions :
Vivre au paradis de Boulem Guerdjou ; 1999
Hors la loi de Rachid Bouchareb ; 2010
BIBLIOGRAPHIE (non exhaustive)
Essais :
La bataille de Paris de Jean-Luc Einaudi. Points Seuil/ Histoire
La guerre d’Algérie 1954-2004, la fin de l’amnésie, sous la direction de Mohamed Harbi et Benjamin Stora. Editions Robert Laffont, 2004
Police contre FLN, le drame d’octobre 1961 de Jean-Paul Brunet ; Editions Flammarion 1999.
Les ratonnades d’octobre de Michel Levine ; Editions Ramsay 2011.
La torture dans la République de Pierre Vidal-Naquet. Editions de Minuit, 1998.
Romans :
Meurtres pour mémoire de Didier Daenincks. Folio 1998
Des hommes de Laurent Mauvignier. Editions de Minuit, 2009.
Le sourire de Brahim de Nasser Kettane. Editions Denoël, 1985.
Théâtre :
Lamento pour Paris de Hamma Meliani. Editions Marsa
Un soir à Paris de Madjid Ben Chikh. Editions Marsa
C’était un 17 octobre de Marie-Christine Prati-Belmokhtar. Editions Marsa
… Et aussi La pomme et le couteau, spectacle itinérant en octobre 2011de Aziz Chouaki, mis en scène par Adel Hakim (Voir site de la compagnie des petits ruisseaux pour les dates en octobre 2011) Pas d’indication d’éditeur.
Poésie :
« La ville lumière » in Tangos slams et coplas de Miguel Sevilla. Editions de l’amandier. 2011.
Dans la gueule du loup De Kateb Yacine
Ligue des droits de l’homme
Après les fortes mobilisations qui ont marqué le 50e anniversaire du 17 octobre 1961, voir :
– des images de la manifestation à Paris lundi 17 octobre 2011
http://www.youtube.com/watch?v=guSkX8NqDJ8
– une vidéo avec l’interview de Pierre Tartakowsky
« Le devoir de mémoire du 17 octobre 1961 doit être assumé » – L’EXPRESS
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/histoire/le-devoir-de-memoire-du-17-octobre-1961-doit-etre-assume_1041562.html
– des photos et un entretien sur LeMonde.fr :
17 octobre 1961 : « Ce massacre a été occulté de la mémoire collective » – LeMonde.fr
http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/10/17/17-octobre-1961-ce-massacre-a-ete-occulte-de-la-memoire-collective_1586418_3224.html
Le film Ici on noie les Algériens – 17 octobre 1961 de Yasmina Adi
sort le 20 Octobre dans toute la France