Une nuit, improbable, un lapin de Poméranie, unijambiste, petit fils de la baronne Pannonica de Koenigswarter et de Bibi Fricotin, frappe comme un possédé à la porte de la plus belle lapine du monde, délicieusement, parfumée à l’ail frit dans du sperme de nénuphar. Dans la main gauche il tient le meilleur camembert de Normandie, dans la main droite le Capital de Karl Marx. Pas une seule seconde, il imagine qu’il pourrait définitivement séduire la belle en lui proposant un cocktail de révolution au lait cru à déboucher les narines. Cette nuit là, un peu de créativité aurait pu changer la face du monde. Hélas, l’animal, sans doute un peu stalinien, a préféré respecter l’ordre des choses.
Ce Mardi 16 Mars , par exemple, il aurait dit….que tous ceux qui ont mauvais goût s’assoient sur le côté gauche de la salle, ceux qui ont un goût moyen , ou pas de goût, au milieu, et ceux qui ont bon goût à droite… d’accord, allez y sans précipitation. Attentez non… ce seraient plutôt le contraire….
Finalement, je ne sais pas trop… Attendez , réfléchissons une minute. Non, non, on va faire plus subtil.
Que personne ne bouge ! Ceux qui sont assis à gauche incarneront le mauvais goût pendant la 1ère partie du magazine et les mêmes le bon goût pendant la 2ème mi-temps. Vous vous sentez mieux ,moi aussi.
Hier… j’ai découvert un truc qui peut vous intéresser : le beefsteak est supérieur à l’homme… Prenez une bavette ou mieux une araignée…
Vous ne l’avalez pas d’un coup. Vous découpez votre steak. Chaque morceau
est aussi succulent que le tout. Prenez un homme vous le découpez en mari, amant, expert, poète,ami, tueur, obsédé sexuel, intello, collègue de bureau, bricoleur, pervers et j’en passe… Vous retrouvez un savoir faire et pour le reste rien… le goût est parti.
Nous on le savait depuis longtemps, un être humain, cela ne se découpe pas en morceaux, on prend le tout ou rien. Les humains sont intéressants dans leur complexité, contradictions, dans leur pluralité. Est-ce que l’émotion, la colère, la générosité, la lucidité, l’appétit viennent des pieds de la tête, du ventre, de la bouche ou d’ailleurs… Je ne sais pas. Je sais seulement que lorsque l’on ne meurt pas de faim, lorsqu’il n’y a pas une mitraillette pointée sur vous… On a rien d’autre à faire… que d’inventer des vies possibles, de la beauté, de la gaieté. C’est à notre modeste échelle ce que nous essayons de faire avec Mardi ça fait désordre. Que le tragique ou la médiocrité nous cernent ne devrait rien empêcher.Au contraire. Bon Mardi, Bonne soirée. Que le reste de semaine vous garde en appétit.
Editorial du 16 Mars 2010