Ils sont un demi million à être en âge d’être scolarisés et moins de la moitié le sont. Ces enfants et ces jeunes ont fui la guerre en Syrie et sont réfugiés au Liban. Réinventer l’école, enquête auprès des enfants réfugiés au Liban, coédité par les éditions Ici&Là et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), attire l’attention sur leur situation difficile.
« De nombreux obstacles empêchent ces enfants d’aller à l’école : la guerre, l’exil, les problèmes d’ordre psychologique, le travail des enfants, les mariages précoces, le manque de moyens financiers pour les transports, l’éloignement géographique par rapport aux écoles… », explique en préambule Youma Fall, directrice Langue française, Culture et Diversités à l’OIF. « Mais il y a aussi la barrière linguistique. L’enseignement dans les écoles pubiques au Liban est bilingue, arabe et français/anglais. Et la non maîtrise de cette deuxième langue conduit l’enfant à décrocher d’autant plus facilement de l’école. »
Reportage poétique
Marion Coudert, écrivaine et fondatrice à Bordeaux des éditions Ici&Là, propose un « reportage poétique » sur cette question sensible. Elle témoigne dans un texte plein de finesse de la misère d’un petit vendeur de roses par un jour de pluie, de l’activité de la société civile à Aley, dans la plaine de la Bekaa, dans les banlieues sud de Beyrouth, capte les moments d’enfance qui survivent à l’épreuve.
Les photos en noir et blanc de Nicolas Camoisson (collectif Territoires) montrent les camps, les unités pédagogiques mobiles, les regards attentifs des enfants.
Yamen Manai, prix des Cinq continents de la francophonie pour L’Amas ardent (Elyzad, 2017), se souvient de ses parents enseignants et de leur dévotion pour le tableau noir, symbole d’émancipation. Il raconte le quotidien des écoles pilotées par les ONG Yalla ! Pour les enfants et Sawa for Development and Aid.
Ce livre est l’occasion de découvrir le travail engagé et élégant des éditions Ici&Là, dont la base n’est « pas la fiction mais les réalités qui nous entourent », avec un vrai « regard sur l’humain ou le paysage ». Et cette méthode : « Si le travail de collecte s’appuie sur une démarche journalistique et/ou ethnographique, la retranscription, elle, est poétique. »