Pour le cent-cinquantième anniversaire de la Commune de Paris
À Paris en place de Grève
Bientôt les piquets sont levés
Sur les plages s’échouent les rêves
Et la révolte est sans pavés
Les insurgés de la Commune
Ont dû rôtir des chiens, des rats
Quand il faut vivre sans une thune
Le chat est un repas de roi
À Paris en place de Grève
Devant la statue d’Eugène Sue
Le peuple francilien rêve
Que les révoltes aient une issue
Alors que naît un nouveau monde
Qui connaît les règles du jeu ?
Mais l’espérance reste féconde
De beaux lendemains radieux…
Pauvres Sublimes
*Ils ont la gueule et la vie dure
Dans ce cachot où morsurent
Les rats
Pauvres Sublimes
Vous qu’on a traités de scé-
-lérats
Vous aviez pris parti pour l’insurgé
Et c’est l’abîme sous vos pas
Vous avez dû baisser les bras
Et puis rendre vos armes aux bourgeois
Ceux qui criaient : « Qu’on la fusille la Commune ! »
Ils ont de la gueule
Ils ont le cœur pur
Ces beaux Sublimes des faubourgs
Aux mains d’or
Leur seule fortune
Ils refusaient de travailler encore
Surtout quand ils avaient fait la fête
Avec Ninon, Suzon, Lisette,
Près des fortifs dans les guinguettes
Et leurs piquettes
Ils aimaient la vie, ils aimaient leur travail
Ils se savaient indispensables
Mais le plaisir ça compte aussi
Tout comme le droit à la paresse
Et la douce caresse des lorettes
Faites votre ménage Versaillais !
Accomplissez votre besogne
La mort ne nous fait pas peur (bis ?)
Florian, Gustave, Zéphyrin, Onésime
Nous sommes les Sublimes
Et le dernier d’entre nous vous criera :
*Plus jamais la vie ne vous tendra les mains!
Michel Dréano
*Le premier et le dernier vers sont respectivement de Francis Lemarque et d’Aristide Bruant