Poèmes de Maryvonne Girard extraits du recueil ils s’étaient donnés rendez-vous
Un artiste
Il porte en lui une douceur insaisissable et claire
Reflet tendre d’un parfum d’alcôve au pied d’argent
Sa fragile attitude, souvent, déroute les plus humbles
Mais, seule, la puissance de son talent l’habite
Parfois, un reflet changeant habille l’ombre de ses yeux
Il mène en lui un combat extrême et subtil
Tel un enfant malicieux mûri trop vite sous un soleil inconsolable
Il lui vient aisément des larmes de plénitude
A l’écoute d’une musique délicieuse et impalpable
La petite dame, à ses côtés, aime à le surprendre
En frôlant imperceptiblement sa peau d’un doigt attentif et songeur
Il demeure en lui cette jolie rondeur d’un fruit inconnu,
Cette légèreté de démarche si facilement reconnaissable
Il transpire de lui un petit air de gaieté
Comme si, du plus loin qu’il la voit, il aspire à la réconforter et à apaiser
La légère douleur qu’il sent poindre au coin de la paupière humide, de celle
A qui, il a su révéler quel chemin elle doit emprunter
Pour atteindre et déguster avec délice et volupté
Les bienfaits de la lune et du soleil, tous deux, enfin, assemblés
Désordre atténué
Cette nuit, j’ai vécu près de ton coeur
Cette nuit, j’ai chiffonné nos peurs
Cette nuit, j’ai regretté nos sueurs
Cette nuit, j’ai recollé notre demeure
Cette nuit, j’ai calmé le feu de nos clameurs
Cette nuit, j’ai cajolé nos pâleurs
Cette nuit, j’ai rassemblé nos odeurs
Cette nuit, j’ai fait reculer nos terreurs
Cette nuit, j’ai attendri nos frayeurs
Cette nuit, j’ai accueilli nos douceurs
Cette nuit, j’ai écouté le balbutiement de nos saveurs
Cette nuit, j’ai arrondi le creux de nos ailleurs
Cette nuit, j’ai élargi notre ardeur pour le plus noble des bonheurs…
Et pourquoi pas ?
A l’heure où la terre ne sent pas encore le mouillé
A l’heure où l’air transpire le pur, le miel et le parfumé
Au petit jour naissant, Oh quelle joie, pour moi, ce serait, que de pouvoir :
Déranger tes regrets et briser nos carcans
Mélanger tes idées et inventer notre temps
Effacer tes frayeurs et bouleverser nos plans
Balayer tes peurs et aiguiser nos élans
Ramasser tes peines et échanger nos accents
Chiffonner tes doutes et épanouir nos talents
Rassurer tes pensées et accorder nos sentiments
Nous libérer de tes chaînes et rassembler nos penchants
Tout au coeur de mon désordre, très doucement, je t’attends…
Une irrépressible envie
Je voudrais :
Que nos cheveux soient d’une couleur identique
Que nos doigts tiennent tous dans une main unique
Que nos bras enroulés ne forment qu’un seul arbre
Que nos ongles accolés en composent son feuillage
Que mes escarpins habitent tes mocassins
Que mon corsage dégrafe ta chemise
Que ma jupe se frotte à ton costume
Que mon foulard enlace ta cravate
Que mon lait réchauffe ton thé
Que mon miel adoucisse ta tisane
Que nos madeleines se souviennent ensembles
Que nos parfums s’exaltent et se confondent sans fin
Que nos âmes rejoignent, toutes deux, le même coin de paradis
Que Dieu, lui aussi, devant un tel amour, une telle union, en perde son latin
Mais pour satisfaire toutes ces nombreuses envies
Il conviendrait que je te rencontre, enfin…
( A suivre )
Maryvonne Girard enseigne la culture religieuse et la musique. Elle est elle-même organiste.
Elle vit et travaille en Normandie. A ce jour elle a écrit deux recueils de poèmes : Et si le soleil décidait de rester et ils s’étaient donné rendez-vous. Elle recherche actuellement un éditeur.