Impression  Après les attentats du 13 Novembre,le journal municipal de la ville de la Courneuve  » Regards » a édité un numéro spécial afin de permettre aux habitants de s’exprimer. Nous reproduisons quelques uns de ces témoignages avec l’aimable autorisation de la rédaction. Libérer la parole est un premier pas essentiel.Les pas suivants pourront être difficiles, balbutiants, maladroits, sûrement pluriels. Ils seront.

 

 

 

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Dorothée Rajiah, pasteur de La Courneuve.

« On ne peut pas refaire l’histoire, mais on peut travailler à l’avenir. Et dire aux personnes qui se trouvent sur le fil du rasoir que la haine n’est jamais la solution, mais l’arme des faibles, le chemin de la facilité, et sûrement pas le chemin vers Dieu. Il est si facile de haïr. Le langage de la haine entraîne la colère et la revanche. Le dialogue interreligieux est important, et tous les responsables religieux ont leur part à accomplir. Les loups solitaires, qui ont une très forte capacité de séduction et d’emprise, posent beaucoup de questions. L’amour, le pardon, l’éducation, apportent les structures nécessaires et inébranlables, que ces loups ne pourront pas fissurer. Les valeurs républicaines ne sont pas du tout en opposition avec les valeurs de la foi. Liberté, égalité, fraternité sont des valeurs communes que nous partageons et qui doivent rentrer profondément dans le cœur des enfants et des générations à venir. »

 

Père Gérard Marle, prêtre accompagnateur du CCSC (Comité chrétien de solidarité avec les chômeurs), curé de La Courneuve.

« Je suis comme tout le monde, à la fois révolté et dans la nécessité de comprendre. Comprendre comment ce qu’il se passe est possible et l’histoire du XXe siècle nous aide dans cette démarche. Comprendre pourquoi des gens en arrivent là, tombent dans le mensonge, la mort, le carnage. Le recul que nous accorde notre longue histoire religieuse chrétienne et notre passé occidental, doit nous permettre de faire autre chose que de gueuler avec les loups. C’est plus que souhaitable. Bien sûr, quand on y regarde de plus près, on se rend compte que ce n’est jamais simple, et c’est pourquoi il faut dépasser la facilité, la schématisation, et apporter aux gens des éléments pour sortir des préjugés sur les musulmans, les Roms… Et ne pas laisser trop de place à l’affectivité. Je fais mon travail, j’essaye de faire marcher ma tête, de raisonner, d’aider à réfléchir, de donner des noms d’écrivains qui méritent d’être lu par exemple. J’ai toujours exposé et argumenté mes convictions, je n’ai jamais été insulté pour cela, mais après je ne sais pas comment mes propos sont reçus. Les gens ne sont pas des moutons ! Il y a une réflexion à avoir, à nourrir, mais toute réflexion demande du temps. Il reste que je suis intransigeant sur un certain nombre de choses et comme l’a dit très clairement le pape, tuer au nom de Dieu est un blasphème. C’est un acte tout simplement impossible. Je me réfère beaucoup à la doctrine sociale chrétienne, à la dignité de la personne humaine, et au principe de subsidiarité. On ne peut pas laisser les politiques décider seuls. À notre niveau, nous devons tous faire quelque chose, et ne pas défausser notre responsabilité sur les élus, les militaires, les policiers… Si nous avons à réaliser un travail de colibri, n’hésitons pas ! Si je peux déposer une petite goutte pour empêcher l’incendie de se développer, alors je le fais ! »

 

 

Prosper Abenaïm, rabbin de La Courneuve.

« Prier. Que dire de plus que prier ? C’est vrai, les attentats font peur, et ça n’arrête pas. Mais l’homme est-il capable de surmonter cette peur ? L’homme est-il capable de réfléchir ? Je parle à tout le monde et je veux dire que l’homme, à l’image de Dieu, n’est que bonté et surtout pas massacre. Je veux dire qu’il y a prière et prière. Celui qui prie pour vivre et celui qui prie pour se faire sauter, pour, dit-il, être plus près de Dieu, celui-là ment. Je ne m’adresse pas à la seule communauté juive. Je parle à l’humanité tout entière. Cette catastrophe aujourd’hui doit nous donner à réfléchir et avant tout nous questionner sur le sens de la prière. Et je ne fais pas du prosélytisme mais je souhaite rendre à la prière son caractère initial. »

 

Sophie Cormeray, étudiante en Affaires publiques

 

J’étais effondrée, sidérée. ça ne pouvait pas recommencer. Nous n’avons pas cicatrisé ! Je suis choquée par des terroristes qui utilisent un maximum de violence contre ce que nous aimons faire. On peut se sentir atteints. Une autre semaine ces lieux de fête auraient peut-être ceux d’un autre quartier où je me serais trouvée… J’ai observée une minute de silence à La Sorbonne en présence du président de la République. C’est important ce moment de recueillement. Il dépasse les clivages religieux. Les terroristes ne parviendront pas à nous diviser. La Courneuve est une diversité. Il faut montrer notre union et continuer à vivre pleinement. Il est important de porter des initiatives ensemble quelque soient nos origines, nos religions, continuer à vivre, s’amuser ensemble. Quoi qu’il arrive, montrons que nous sommes des êtres humains capables d’être dignes face à la barbarie.

 

 

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