Contrairement aux idées reçues, l’histoire de La Courneuve est une belle histoire. Tenter de la raconter en saluant les femmes et les hommes d’intelligence et de courage qui sont les acteurs de cette aventure collective est une priorité. Mettre en face de leurs responsabilités « les racailles en col blanc » qui ont mis toute une population sous le joug est sûrement nécessaire. Mais l’énergie de la révolte, l’énergie de la vie s’assument mieux en construisant qu’en condamnant. Il est donc vital que tous ceux qui refusent l’injustice manifestent d’une façon ou d’une autre leur solidarité avec « les pestiférés » Qu’en dépit de toutes ces attaques et travestissements de la réalité, La Courneuve soit une ville en mouvement, une ville de haute humanité, ne veut pas dire une ville modèle de vertu sans drames, sans antagonismes. Tous ceux que le temps présent désespère pourraient apprendre ici, que pour les êtres humains en situation difficile, pleurer est un luxe hors de portée. La nécessité veut qu’ils assument. Ils le font.
Un reportage en forme d’école buissonnière
En Octobre 2014, Alors que la place occupée par le Front National ne cessait d’augmenter dans les médias, j’avais décidé de faire un premier reportage à Hénin Beaumont pour me rendre compte sur place de ce qu’il en était.( voir Pleure pas Hénin Beaumont sur ce blog reportage du 19/11/2014 ) Sans nier une seule seconde l’habileté et le sens stratégique de Marine Le Pen, il apparaissait clairement que la montée en puissance du mouvement populiste tenait moins à la pertinence de son programme qu’au rejet des partis traditionnels accusés d’être tous pourris et sans autre motivation que de vouloir se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Je suis resté moins de 4 jours à Hénin Beaumont, en me promettant d’y retourner d’ici un an.
J’ai choisi la Courneuve comme deuxième étape de mon voyage pour plusieurs raisons :
– Sa proximité avec Boulogne Billancourt, me permettant de faire des aller et retours dans la journée.
– Son appartenance à une banlieue populaire.
– L’intuition que la discrimination dont faisait l’objet cette ville du 9.3 pouvait aussi avoir comme fondement d’éradiquer une énergie et une créativité dérangeantes.
Procédant en zigzag, j’ai réalisé 34 interviews de citoyens, de membres d’associations, du personnel politique de la ville, conseillers municipaux, maire, président du conseil général. J’ai terminé le terrain à la fin du mois de Mai. Une ou deux fois par semaine je suis venu à la Courneuve, la plupart du temps pour poser des questions mais aussi pour participer à des repas d’association ou à des débats à la Maison de la citoyenneté.
« Mais qu’est-ce que Boulogne Hauts de Seine vient faire à la Courneuve 9.3 ? »
Répondre : poursuivre le reportage initié dans une première ville semblait peut être cohérent mais aussi totalement insuffisant. Alors ?
Alors je crois sincèrement qu’il s’agissait pour moi de rompre avec une situation ou chacun reste dans sa bulle. Ainsi restent invisibles tous ceux qui ont une vie différente des membres de notre tribu de référence. Pour savoir ce qui nous lie comme ce qui nous sépare il faut au moins pouvoir se rencontrer.
L’entreprise de discrimination, d’anéantissement de toute alternative n’est forte que de la paresse et de la faiblesse de ceux s’en tiennent aux clichés et préjugés savamment distillés par les édiles conservateurs et par les médias.
Il s’agissait de rejoindre les ouvriers des médias qui ont tenté de rompre le cercle vicieux du mensonge institutionnalisé. Florence Aubenas journaliste à Libération et ensuite au Monde est venue régulièrement à la Courneuve et pas seulement pour écrire elle a participé régulièrement à l’université populaire de l’association Africa et à la journée internationale de la femme. Son recueil d’articles du Monde « en France » passe bien sûr par la Courneuve.
Aline Leclerc journaliste au Monde, avec son blog (1) a voulu répondre à la question suivante « Comment parler des quartiers sensibles autrement que ponctuellement, lors d’un fait divers, de la publication d’un rapport, de la visite d’un ministre qui se rappelle leur existence. Quelle est la vie de ces quartiers le reste du temps ? Car le temps médiatique est comme cela, chaque événement produit son lot d’articles, de reportages, de « ça ne peut plus durer ». Et pourtant cela dure ». En décembre 2009, Luc Bronner, journaliste au Monde, écrivait : « Où va nous conduire notre aveuglement collectif sur les quartiers sensibles ? Nous sommes au bord du vide et cela ne semble émouvoir personne ». Fin mai, des élus lançaient un nouvel appel dans une « Lettre à ceux qui ignorent les banlieues ». « Faudra-t-il de nouvelles émeutes pour que les pouvoirs publics s’intéressent à nos villes et à ceux qui y vivent ? » écrivaient-ils. « Les habitants souffrent au quotidien, et nourrissent un sentiment d’abandon qu’une grande partie de la société française a du mal à concevoir. »
Si ceux qui prennent ainsi la parole ont de la visibilité, tant mieux. Mais chacun à sa place, même modeste, a sa part de travail à faire. Il n’y a pas de force collective sans conviction individuelle. En être persuadé et surtout capable de persuader les autres est un élément clef du défi que les préjugés, les clichés, la manipulation des esprits nous lancent. Détricoter les mensonges est une entreprise salutaire mais de longue haleine. Personne n’est de trop pour renverser le cours des choses.
Je ne peux que dire chaleureusement merci à ceux et à celles qui m’ont non seulement accordé de leur temps mais se sont senti assez en confiance, pour s’ouvrir à moi ( 6). La Courneuve est une ville moins que belle pour les yeux, mais pour les émotions, les sentiments, la générosité, l’intelligence, la solidarité, le don de soi , l’acceptation de l’autre, cette ville est tout simplement bouleversante. « Ici les gens sont habitués à vivre ensemble » nous dit Fabien Narritsens .Ceux qui ont peu, sont capables de donner beaucoup et entre autres choses non négligeables, la conviction que subir la loi du plus fort n’est pas une fatalité. On ne fait pas uniquement de la politique avec son cerveau mais aussi avec son corps. A chaque fois que je suis venu dans cette ville, j’ai reçu des cadeaux magnifiques. Quelque chose qui vient vous irriguer le ventre, le cœur et l’âme et vous donne envie de respirer plus haut et ensemble.
Fiche anthropométrique de la ville
A 5 km seulement de Paris, La Courneuve est desservie par les axes de communication (autoroutes A1 et A86) par trois routes RN2, RN 186, RN301 et les transports en commun (1 station de RER B, 6 stations de tram T1, 1 station de métro ligne 7, ainsi que 10 lignes de bus.
La superficie de la commune est de 753,50 hectares dont :
– 174 ha couverts par le parc départemental Georges Valbon
– 17 ha pour le parc des sports
– 24,17 ha pour les trois cimetières
Les principaux quartiers sont :
Les 4 routes, le centre ville, La cité des 4000, Les 6 routes, la gare.
. Le nombre d’habitants s’élève à 38 789 habitants (18ème ville du département) soit 14000 ménages. Un tiers (30,9% ) de la population a moins de 20 ans. Le département de la Seine Saint Denis est le plus jeune de France.
Activité et emploi
. 2093 entreprises au 1er janvier 2012
. 525 entreprises créées en 2012.13 259 emplois exercés sur la ville.12215 emplois salariés
. 1045 emplois non salariés.
Taux de chômage : 26,8 de la population en 2012
Logements
. 14219 logements dont 0,4% de résidences secondaires
. 71% des ménages sont locataires de leur logement
. 53,2% des logements sont des HLM
Le revenu moyen par habitant est de 14500 € contre 18456 à Hénin Beaumont, 40416 € à Boulogne Billancourt, 25384 € en moyenne France. 35% des foyers sont imposables.
A la Courneuve comme ailleurs, la violence doit être condamnée
« Cette ville est une poubelle, une poubelle sociale » nous déclare le président d’une association de voisins vigilants. Les gens jettent leurs détritus partout, les ordures s’amoncellent, détruisent le paysage et il faut attendre des mois avant que les services de la mairie ne fassent le nécessaire. Incivilités vols à la tire, agressions, crimes, consommation de drogue, trafic de drogue. Oui il y a tout cela à La Courneuve.Il y a aussi des armes cachées et depuis plusieurs années les bons esprits disent qu’à la prochaine émeute elles pourraient bien ne pas le rester. La situation est-elle seulement préoccupante ? Grave ? Très grave Incontestablement la situation des banlieues françaises est grave. La situation d’autres zones semi rurales et urbaines désertées par l’emploi l’est également. Partout le descendeur social est à l’œuvre, mais de façon inégale. Alors pourquoi la plupart de nos concitoyens pensent qu’ici la situation est bien pire qu’ailleurs? Pourquoi ? Parce qu’on leur a enfoncé la chose bien fort dans le crâne.
A La Courneuve comme ailleurs toutes les violences doivent être condamnées
Le problème est que parmi toutes les violences possibles, un nombre limité est assorti d’une sanction légale. La Halde, Haute autorité contre les discriminations territoriales a justement été crée pour permettre au droit d’être en phase avec l’évolution de la société. Gilles Poux, maire de La Courneuve a été en 2009, le premier magistrat municipal à porter plainte devant cet organisme qui l’a estimé fondée. Malheureusement il a été supprimé par la droite quand elle est revenue au pouvoir. L’opération a eu tout de même un impact très positif. La haute autorité a légitimé le combat mené par la ville, l’estime de soi de la population qui était au plus bas a pu remonter d’un cran.
Chacun dans son entourage connaît au moins une personne souffrant de solitude, ayant le sentiment que les autres se conduisent à son égard de façon méprisante, blessante. Mais quand c’est toute la population d’une ville qui exprime sa détresse, sa douleur, à moins d’être aveugle, sourd cela interpelle. Ce sentiment d’abandon est enraciné dans le quotidien de chacun : quand on peut faire une à deux heures de queue à la poste, quand à pôle emploi un chargé de mission est dans l’obligation de prendre en charge dix fois plus de chômeurs que dans la capitale, quand les effectifs de la police nationale paraissent peau de chagrin et que leurs responsables semblent plus enclins à éviter les problèmes qu’à les résoudre, quand la désindustrialisation qui touche l’ensemble du département accroit régulièrement le nombre de chômeurs, quand l’état diminue régulièrement ses dotations en oubliant que l’urgence sociale devrait ici le conduire à les augmenter. Mais hélas ce n’est pas tout. « Tu vas à la Courneuve ? …tu vas voir les racailles » « et dans la rue tu ne te sens pas en insécurité ». Les parisiens se moquent assez facilement de ces américains assez primaires pour penser dès qu’il y a le moindre problème que Paris est à feu et à sang. Pourtant dès qu’il s’agit de la banlieue, ils imaginent assez facilement qu’une horde de sauvages sanguinaires est à leur porte prête à les agresser. La jeunesse de cette ville n’est pas mieux lotie. Un curriculum –vitae inscrit dans le 9.3 ne sent pas très bon, mais quand il vient de la Courneuve, il a de bonnes chances de finir dans une poubelle. On imagine assez facilement que la proposition de Nicolas Sarkozy de vouloir nettoyer tout ça au Karcher lors des émeutes de 2005 n’a pas arrangé les choses. Bien entendu cette vision d’une ville infestée de racailles, de pestiférés ne s’est pas construite en un jour. « On a laissé pourrir la situation, on a fabriqué ces racailles » regrette Abdel Saadouni. Les crimes racistes qui ont endeuillé cette ville ont été vécu comme une double peine.
– Sentiment d’horreur de voir ses enfants assassinés sans autre raison que la couleur de leur peau.
– Honte d’être encore une fois stigmatisés sans que l’on fasse la moindre différence entre les victimes et les assassins. Pourquoi cette violence des médias vis à vis de la ville ?
La Courneuve n’étant qu’à quelques kilomètres de Paris, les journalistes peuvent facilement s’y rendre dès qu’une poubelle brûle. Mais il y a plus. Avec la cité des 4000, la ville a bien malgré elle fourni aux médias, qui n’en demandaient pas tant, une série d’images aussi fortes que désastreuses. Dans un premier temps c’est l’office d’HLM de la ville de Paris en charge de la gestion de la cité qui a envoyé aux 4000 les cas sociaux les plus aigus. Très vite une économie parallèle s’est mise en place et les dealers ont envahi les cages d’escalier. Très vite également cette cité qui avait représenté un véritable progrès, s’est détériorée. Incivilités sans doute mais surtout qualité plus que douteuse des matériaux et absence d’entretien. C’est ainsi que les barres sont progressivement devenues à travers les médias des lieux d’épouvante. Au fil des années leur destruction a été jugée nécessaire et le spectacle de leur implosion a fourni en direct sur les écrans de télévision un spectacle qui a marqué les esprits. Même si c’était pour aller vers le mieux, symboliquement ce sont des milliers de vie qui ont volé en éclat et pour l’ensemble du pays, ces implosions n’ont fait que confirmer que face aux « classes dangereuses » la brutalité la plus sommaire était le seul moyen de faire face.
Il est également vrai que depuis la disparition du mur de Berlin, nous avons perdu notre ennemi le plus cher. Qu’une ville issue de la banlieue rouge soit également marquée au fer…rouge permet de substituer au grand méchant loup étranger, un ennemi intérieur et de disqualifier toute tentative de rébellion politique puisque passible d’une sanction de droit commun. Il n’existe pas de balance à évaluer les souffrances, mais la violence faite à une population est d’autant plus cruelle, insidieuse quelle est celle des honnêtes gens disposant de tous les moyens possibles pour imposer leur point vue comme une vérité allant de soi. Dans cette période dite de crise, le peuple a décidément de moins en moins bonne presse. Un jour viendra où à défaut de changer de système politique on en viendra à changer de peuple.( 2)
D’un village d’agriculteurs à une ville ouvrière
Le village de 500 habitants du XIX siècle principalement dédié à la culture des légumes a bien évolué. Il a connu deux vagues d’industrialisation successives marquées par la fabrication de matériel militaire utilisé pour les guerres de 1914, et de 1940. Dans les années 30 ce sont les familles nombreuses d’ouvriers du 19ème arrondissement qui viennent travailler dans les usines métallurgiques et chimiques de la ville. La première vague d’immigrés des années 20 est d’origine européenne, beaucoup d’italiens, d’espagnols de polonais. A la veille de la deuxième guerre mondiale le village d’agriculteurs est devenu une ville ouvrière. Dans les années 60 la décolonisation de l’Indochine, de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie motive le retour de plus de deux millions de pieds noirs et Harkis. Parallèlement la société évolue. Sur le plan démographique de nouvelles conditions d’hygiène et de soin font que la natalité augmente alors que la mortalité infantile diminue et que la durée moyenne de la vie ne cesse d’augmenter. Mais les besoins de main d’œuvre sont tels que le pays décide de recourir à l’immigration. Elle est d’abord d’origine maghrébine. Dans les années 60/ 70 des recruteurs vont dans les villages sélectionner une main d’œuvre de jeunes hommes. Avant que ce soit des familles qui émigrent ce sont d’abord des célibataires qui fournissent leur force de travail. L’immigration est considérée comme une chance pour la France puisqu’elle va permettre de soutenir l’expansion en cours et concourir à peupler le pays.
Ces différents facteurs bouleversent le paysage humain du pays. La population des campagnes va progressivement quitter ses villages pour nourrir l’urbanisation en cours. La France, pays rural devient une France urbaine et pour faire face à cette évolution il va falloir avoir une politique volontariste de la ville. On va « fabriquer » des villes et c’est dans ce cadre là, grâce au béton, que s’érigent de véritables cités dortoirs, dont les fleurons les plus connus sont les Minguettes à Vénissieux, le Haut Lièvre à Nancy et les 4000 à La Courneuve.
La peur de l’autre est un luxe
Ici, comme ailleurs, une population qui a migré puis trouvé refuge sur une terre ne voit pas toujours d’un bon œil l’arrivée de nouveaux migrants. Il en a été ainsi à la Courneuve quand les européens ont vu arriver les gens du Maghreb et en particulier quand le regroupement familial a permis dans les années 8o, de faire venir femme et enfants. Plus tard vers 1985 les Maghrébins n’ont pas forcément apprécié l’arrivée des ressortissants d’Afrique noire, maliens, sénégalais, ivoiriens, camerounais. Ensuite dans les années 2000, il y a eu les asiatiques, les gens de l’Europe de l’est, les Roms trop souvent rejetés. Le racisme existe à la Courneuve, mais les difficultés de la vie, les conditions de logement insalubres, baraquements, bidonvilles, la pauvreté, une culture de la lutte et la nécessité de survivre ont également créé une solidarité de fait, une aptitude à surmonter en commun une adversité des plus rigoureuses. Ici jouer collectif, est une nécessité.
« Au bidonville la Campa, il y avait une solidarité de l’hébergement, même si en fait rien n’était gratuit. Tout le monde migrait à cette époque, des familles entières, des villages entiers et forcément on allait rejoindre ses proches. Donc souvent les baraques s’agrandissaient, pour une sœur, pour un cousin » Extrait du récit d’Anne-Marie H –Journal Atlas. Histoires de l’habiter (3)
« Une fois, j’ai croisé un type, tu sais ce qu’il m’a dit ? Une connerie aussi grosse qu’une montagne : « oh j’aurais bien aimé vivre là dedans » Mais tu crois camarade, que tu choisis où tu veux vivre ? » Extrait du récit de Manuel C .Juin 2014. Journal Atlas
Jouer collectif.
La banlieue rouge a trouvé les formes d’organisation syndicales et politiques pour s’exprimer. Le combat pour une vie meilleure est aussi celui pour la dignité. Il ne s’agit pas seulement de lutter pour l’emploi, l’amélioration du salaire, mais aussi d’élever le niveau d’instruction, de culture de chacun. Même si la politique et les mots d’ordre du parti communiste n’ont pas toujours suivi une ligne progressiste, il est incontestable qu’ici les individus appartenant aux classes populaires, ont pu rester debout et se mettre en mouvement. Pour Françoise Tirante directrice d’école « une ville 100% communiste depuis l’après guerre, c’est une vision de la vie, de l’entraide, de la solidarité »
« La Courneuve dit Gilles Poux, le maire de la ville, c’est d’abord une ville populaire qui s’est développée autour du monde du travail, une ville pleine de richesses humaines une ville avec des flux migratoires tels, qu’elle est un peu devenue une ville monde, une terre d’accueil qui n’a jamais considéré que l’autre lui porte préjudice. Les immigrés viennent plus facilement là où ils savent qu’ils auront une place, qu’ils seront reconnus. Moi je suis originaire de l’Aveyron, j’habite depuis 1982 à La Courneuve. J’y suis resté parce la qualité de la rencontre avec la population a été extraordinaire. Il y a une vraie spontanéité de relation, de vrais rapports avec les gens, cela crée des liens forts. C’est un peu moins vrai dans les années 9O, avec l’émergence des problèmes identitaires et communautaires. Mais la ville bouge, elle sera de moins en moins une cité de banlieue mais de plus en intégrée aux enjeux de la métropole parisienne »
Les habitants de La Courneuve sont très attachés à leur ville. Ainsi monsieur Belloto dont le grand père était déjà cordonnier « Pour rien au monde, je ne partirai de La Courneuve, parce que je me sens bien. C’est une commune populaire tout le monde se connait, j’apprécie les gens…j’aime les gens »
« Ici il y a une énergie énorme avance Nicolas Revel du cinéma Etoile…je suis frappé par la gentillesse et la générosité d’énormément de gens. Contrairement à une idée très répandue sur la banlieue, ce n’est pas la jungle »
Mais dans une ville pauvre, quand une famille réussit à améliorer son niveau de vie, elle a tendance à vouloir quitter la ville. Près d’un tiers de la population quitte La Courneuve tous les dix ans. Les parents ne songent pas seulement à améliorer leurs conditions de logement mais aussi à préserver l’avenir de leurs enfants. Comme le dit Jean Michel Roy, l’historien de la ville, s’il y a une préoccupation que partage tous les habitants de La Courneuve, c’est l’avenir de leurs enfants. La puissance insidieuse d’une mauvaise réputation collective entame la confiance en soi de chacun. Si on en vient à se considérer soi même soi même comme un pestiféré, on fera tout pour que ses enfants échappent à cette malédiction. L’échec scolaire est la hantise des parents. Même si aujourd’hui les enfants des écoles de la Courneuve obtiennent de bons résultats la volonté de partir ailleurs reste très forte. Peu de villes connaissent autant de mouvement et de brassage. Dans ces conditions, la peur de l’autre, la peur d’être envahi par l’étranger ne peut trouver ici un terrain favorable. Les jeunes de nationalité française, ont pour plus de 60% des parents d’origine étrangère.
Au service des autres
A l’heure où le « tous pourris « est plus que jamais d’actualité, où il est de bon ton de dénigrer toute initiative venant de la puissance publique et de cracher sur les fonctionnaires aussi irresponsables que ceux qui se permettent de faire grève à tout bout de champ, il me paraît juste de mettre en avant les femmes et les hommes dont le travail pour ne pas dire le dévouement contribuent au bien être collectif. Il en est ainsi de ceux qui animent la politique municipale de La Courneuve et des nombreuses associations qui proposent leur appui à la population.
L’action des associations
Peu de villes de moins de 40 000 habitants voient se déployer autant d’associations qu’à la Courneuve, elles couvrent aussi bien le champ sportif, citoyen, loisirs, spirituel qu’économique, politique culturel ou ethnique. Certaines ont une action spécifiquement dédiée au soutien scolaire, mais beaucoup dont ce n’est pas l’objet spécifique s’y consacrent également. Ces associations prouvent qu’ici on a conscience d’appartenir à la grande famille humaine. Parmi celles que j’ai eu le bonheur de connaître, quatre ont plus particulièrement retenu mon attention.
Lieu de rencontre pour les femmes
Vendredi 6 Mars 2015, je suis invité à un buffet international organisé par l’association à l’occasion de la journée internationale de la femme. C’est une trois dernières occupantes de la barre du Petit Debussy, Mebrouka Hadajd, artiste engagée qui m’a convié. LRF qui devra dans un délai non encore fixé, quitter les lieux dispose d’un local au rez-de-chaussée de la barre. Je suis accueilli par Joséphine Ripa qui anime l’association. Je lui avais téléphoné avant de venir, elle avait ri très fort quand je lui avais demandé si je pouvais apporter quelque victuaille. J’avais donc un géranium à la main quand j’ai frappé à la porte et cette fois ci Joséphine a souri avant de me donner l’accolade. Les femmes de dix origines différentes avaient préparé des plats somptueux à la vue et délicieux à manger. Il y avait là des jeunes, des moins jeunes, des femmes âgées, blanches, plus ou moins colorées, cheveux longs, courts, parfois voilés, en pantalon, jupe, robe courte, très courte ou longue. Quelques hommes sont arrivés, dont Stéphane Troussel, qui a témoigné de son amitié. Ici tout paraissait simple, possible, ouvert. Je n’ai posé aucune question à Joséphine, je suis revenu la voir une semaine plus tard. L’association existe depuis plus de trente ans. Joséphine militait à Saint Denis au sein de l’union des femmes françaises proche du parti communiste. On lui a demandé de venir une ou deux fois par semaine donner un coup de main. La cadence s’est accélérée et Joséphine a ainsi pu faire bénéficier l’association de son expérience. Les femmes des 4000 ont ainsi pu avoir un lieu à elles un espace, une parenthèse dans le temps leur permettant de souffler, d’être écoutées aidées. Il s’agissait de faire face à de nombreux problèmes, violences physiques, sujétions morales, enfermement mental. Certaines ne savaient ni lire, ni écrire. Beaucoup avaient donc de la difficulté à « suivre » leurs enfants à l’école. La drogue, le Sida ont fait leur apparition. Lieu de rencontre pour les femmes les a aussi accompagné dans leurs démarches de santé et aussi sur le plan administratif, l’association a joué le rôle d’écrivain public et pas seulement pour les femmes.
Elle a également organisé des sorties, culturelles, touristiques, elle a emmené les femmes en vacances. Sortir de chez soi, échapper quelque peu à la loi masculine devenait possible. En 1990 les militants du FIS chassés d’Algérie, sont arrivés à la Courneuve. Ils ont fait une propagande intensive et Joséphine a pu voir des filles qui avaient accompagné leurs mères pendant des années, s’ériger en juge de l’orthodoxie musulmane. En 1995, les prêcheurs ont quitté les lieux. Joséphine Ripa est d’origine italienne, Elle sait quel mal le fascisme a fait à l’Italie. Elle n’a pas besoin d’élever la voix pour que l’on sache qu’elle sait ce qu’elle veut. Elle est dans tous les sens du terme une bonne vivante.
Africa
« Pour une réelle citoyenneté quelque soit la nationalité »
S’il y une violence que Mimouna Hadjam admet sans restriction c’est celle du débat d’idées. Elle a une passion pour tout ce qui peut contribuer à émanciper les peuples, à libérer les femmes de tous les carcans qui les oppriment. Une curiosité intellectuelle insatiable, l’a amené, à une époque où le tiers-mondisme paraissait être une chance pour toute la planète, à créer l’association Africa. Mimouna est d’origine algérienne, elle vient du Nord où son père était ouvrier. Tous les ans à la fête de l’Aid une fois l’agneau découpé, il demandait à ses fils d’en réserver les meilleurs morceaux pour les voisins chrétiens et juifs. « Parce que ce sont les peuples du livre » A dix sept ans Mimouna adhère aux jeunesses communistes. Avant l’université, c’est le parti qui élèvera son niveau de conscience et lui fournira les outils pour réfléchir. Mimouna a sur toutes les questions qui agitent le monde un point de vue de femme libre et ne sera jamais la dernière à critiquer le PC, chaque fois qu’il adoptera des positions plus staliniennes que progressistes. Mimouna est un personnage haut en couleur d’une grande sensibilité. Bien avant la crise elle a senti que les élites de ce pays mettaient en place une entreprise systématique de disqualification des pauvres, il ne s’agissait pas seulement de démunir encore un peu plus les plus démunis mais de mettre en place les outils intellectuels qui légitiment la chose. Cette douleur croissante des exclus elle la ressent profondément, elle la comprend même si elle est en profond désaccord avec les débouchés populistes qui la captent aujourd’hui. Tant que la gauche n’apportera pas des réponses économiques et sociales aux problèmes des classes populaires, rien ne pourra enrayer la montée du Front National. Le parti socialiste dont le passé colonialiste est lourd n’a pas vraiment vocation à aller dans cette direction. Mimouna Hadjam parle également sans détour de la montée de l’islamisme. Les premiers signaux ont été donné quand des femmes lui ont dit qu’elles avaient le sentiment que leur mari était « travaillé » c’est à dire endoctriné en échange de bons et loyaux conseils leur permettant d’oublier la honte qu’ils avaient à être devenus chômeurs.
Africa, c’est aussi la réaction à la blessure infligée aux familles avec les crimes racistes qui ont frappé leurs enfants. Africa c’est le soutien à tous les combats féministes, notamment contre le voile, le soutien au peuple palestinien et le dialogue avec les israéliens courageux qui ont bravé la doxa. C’est la la venue à la Courneuve de personnages emblématiques, comme Angela Davis, Giselle Halimi, Françoise Héritier, Leila Chahid, Christine et Abraham Sarfati, Marie- Georges Buffet, Florence Aubenas, c’est la solidarité avec tous les combats pour l’égalité, la justice, la dignité. Africa, c’est aussi une université populaire, répondant à l’impératif d’échanger sur les problèmes du monde et de faire, tant que possible avancer le progrès humain.
Aly Dioura de l’association ASAD
La raison d’être de l’association présidée par Amar Bellili est de favoriser la réussite scolaire et sociale des enfants, en l’inscrivant dans un avenir harmonieux de la planète. Aly Dioura responsable d’ASAD, me demande d’emblée pourquoi je fais ce reportage. Je lui explique.- Cela déjà été fait mille fois. Mais il est d’accord pour répondre à mes questions. Le jeune homme est agent communal spécialisé dans l’accompagnement scolaire. Pour la première fois depuis 15 ans Asad a obtenu 100% de succès au bac. Les enfants viennent travailler tous les jours, ils jouent aussi et font du sport, de la musique avec l’association, qui organise également des sorties pouvant élever leur niveau de réflexion. Aly est compétent, d’une sincérité sans faille et surtout totalement investi. On pourrait dire qu’en toute modestie sa mission est de réparer là ou il est, les injustices de la vie. Son regard sur le monde politique est d’une lucidité décapante mais non sans nuances. Sans doute les gens de sa génération sont en désaccord profond avec des responsables politiques regardant l’avenir dans leur rétroviseur. 40 ans de politique de la ville, 40 ans d’échec, laissent de plus en plus de monde sur le bord de la route. Mais parmi les politiques il y a tout de même des gens formidables. Pour Aly, la ville de la Courneuve est celle qui tente le plus. Malgré les difficultés c’est une ville où il fait bon vivre. La dynamique en place, n’est pas seulement celle de la collectivité publique mais tient aussi à la volonté et à l’action de tous, citoyens, commerçants, associations, agents du service public. Tous sont concernés par l’énormité des carences et retards accumulés. Face à cela Aly dit que l’on n’en fera jamais assez. Que la ville soit dirigée par une équipe composite ne semble pas lui poser de problème. Plus importants que le PC et le PS, il y a Gilles Poux et Stéphane Troussel qui sont le point de mire de la politique locale. Cela n’empêche pas Aly de réfléchir à une démarche de renouveau citoyen. Aux dernières élections départementales, il a contribué au succès de la liste citoyenne « ensemble construisons un « notre » 93 » de Mebrouka Hadjdj et Nasreddine Yahia. Au premier tour elle a obtenu plus de 14% des voix sur la ville, alors que le mouvement n’a que quelques mois d’existence.
Sarah Gogel de Global Potential.
Elle est avocate spécialisée dans les droits humains et l’entrepreneuriat social. En 2007 à New York avec une amie, elle crée son association dans le quartier de Brooklyn. Global Potential grâce à une démarche interculturelle active a pour objectif de donner leur chance à des jeunes des quartiers populaires en leur proposant de réaliser un projet dans un pays d’une autre culture (Nicaragua, République Dominicaine, Haïti) Ensuite à leur retour GP les accompagne dans leur démarche professionnelle ou entrepreneuriale. L’association a compris que le maitre mot du développement personnel et collectif est la confiance. L’association après NY a ouvert à Boston. Elle existe maintenant dans 5 pays dont la France depuis 2012. Sarah Gogel a aujourd’hui, trente trois ans.
« Aux Etats Unis, j’ai d’abord cherché à établir des partenariats avec des lycées et des professeurs. En France cela été plus difficile. On m’a conseillé de contacter le proviseur du lycée Jacques Brel de la Courneuve. Il a tout de suite compris, mais n’étant pas prêt, il m’a mis en contact avec les acteurs associatifs de cette ville très attachante, très active. On a pu en parallèle établir un partenariat avec Planet Finance qui nous héberge gratuitement dans le 17ème arrondissement de Paris. Cet organisme spécialiste du micro-financement à l’étranger a aussi mis au point un programme d’accompagnement des entrepreneurs en banlieue. Les contacts avec les associations ont été excellents. Dès la première année 5 jeunes de l’association Asad ont postulé, puis dans la foulée 15, d’autres associations. La Mairie était également très intéressée et nous a prêté des locaux pour nos ateliers de préparation hebdomadaires. … ce que j’adore ici c’est l’engagement des différents acteurs, c’est grâce à La Courneuve que l’on a pu ouvrir en France. La ville a d’ailleurs un jumelage avec le Nicaragua et des liens avec le Burkina Faso. …
Les jeunes peuvent échouer, une fois, deux, trois, on n’est jamais dans le jugement. A la Courneuve les jeunes deviennent acteurs de changement, la ville bouge, innove, c’est un lieu parfait pour nous… Il y a par ailleurs un problème en France et en Europe, c’est le manque d’éducation et de connaissance de l’autre. Les jeunes français osent moins que les autres »
La politique municipale
La ville donne la priorité à la réussite des jeunes :
– Le contrat courneuvien de réussite concerne tout jeune qui a besoin d’une aide sur son projet. La ville s’engage à lui offrir un accompagnement personnalisé.
– Elle a aussi créé un service civique avec des missions indemnisées
– développé des chantiers éducatifs par quartier
– pris des mesures pour faciliter l’accès au 1er logement
– organisé de forums biannuels
La ville travaille à développer l’égalité hommes/ femmes en encourageant, valorisant les réussites féminines et en favorisant l’engagement des citoyennes.
La ville se mobilise également pour l’emploi de tous et contre la précarité notamment en travaillant à l’implantation de nouvelles entreprises, de commerces de proximité et en créant une maison pour l’emploi.
La Courneuve est partie prenante au développement de l’agglomération Plaine commune et également à la mise en oeuvre du Grand Paris. Elle innove en matière de sécurité en créant une police municipale. Elle avance également dans le développement d’une démocratie participative décentralisée par quartiers donnant le leadership aux citoyens et surtout en créant des outils d’évaluation de l’action et des engagements municipaux.
Est-ce à dire que cette politique soit exempte de clientélisme ?
La réponse à cette question mérite d’être nuancée. Certains dénoncent une action municipale où « on fait tout pour les Tamouls », d’autres pensent que les chinois sont les grands privilégiés de l’action municipale. A voir la liste des conseillers municipaux, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle est le fruit d’un savant dosage entre les différentes composantes de la population. Cela n’est pas critiquable, sauf si l’appartenance ethnique prime la compétence. On reproche beaucoup à la Mairie de ne pas privilégier les courneuviens dans l’accès aux postes municipaux. Gilles Poux refuse d’aller dans cette direction qui pour lui fleure bon la préférence nationale chère à l’extrême droite .
L’union de la gauche a-t-elle encore un sens à La Courneuve ?
Les déçus de la politique pensent que non. Les pragmatiques observent que l’union des deux principaux partis de gauche diminue la surenchère clientéliste. Les leaders locaux Gilles Poux et Stéphane Troussel président du conseil général constatent qu’au contact l’un de l’autre les approches locales de chaque formation se sont considérablement rapprochées. Le PC et le Front de gauche semblent se soucier de maintenir un équilibre entre leur volonté de transformation sociale et la réussite individuelle de chacun. La tendance gauche que représente le PS local n’est pas éloignée de cette position. Il est certes incontestable que pour le Front de gauche c’est le combat politique solidaire qui importe. Mais le PS lui a pu comme le souligne Stéphane Troussel apporter une autre dimension. Plus orienté sur les thèmes sociétaux comme les problèmes de santé, toxicomanie, Sida, droits du malade, création d’un revenu d’insertion, intercommunalité, démocratie participative, sécurité. Les sociaux démocrates ont aidé leurs alliés à évoluer et vice versa. Pour les uns comme les autres il s’agit de se battre pour que la cité soit un espace pour tous et pour la réussite de chacun.
Pour plus de détails sur la politique municipale voir www.ville-la-courneuve.fr
Mélanie Davaux jeune géologue de 26 ans, issue d’une famille ouvrière, élue conseillère municipale aux dernières élections sur la liste de Gilles Poux apporte un témoignage laissant penser que la fidélité à des valeurs, à un idéal n’est nullement en contradiction avec une aspiration légitime à la modernité « J’ai toujours vécu ici. Je me suis construite à la Courneuve, grâce à la Courneuve. La ville permet l’accès au sport de tous. Les projets individuels issus des associations deviennent possibles grâce à la ville. Ainsi à 17, 18 ans j’ai pu mener à bien un projet humanitaire en Egypte. Les élus sont présents et très proches. … J’ai fait une partie de mes études à l’institut français du pétrole de Rueil Malmaison. Tout le monde vantait à juste titre le multiculturalisme développé au sein de l’école. Mais moi, j’ai depuis l’enfance vécu dans ce bouillon de culture d’une grande richesse. Je travaille avec une élue sur un projet informatique facilitant l’orientation des lycéens après le bac. Quand on vient d’un milieu ouvrier, on n’a pas une vision claire des débouchés, contrairement à ceux qui ont parents ingénieurs, entrepreneurs pouvant les informer les guider. Il faut essayer de compenser ce manque de connaissances des milieux professionnels. L’une des raisons du taux de chômage important, c’est la difficulté à orienter les jeunes. On n’a pas de vision concrète du futur, et pas de réseaux qui nous portent. J’habite les 4000 nord, dans le Vieux Barbusse, une cité HLM d’immeubles de quatre étages. Ma grand mère habitait déjà là. Quand les barres de Ravel et Presof sont tombées on a été très impressionnés, un silence de deuil a pesé. C’est une page de notre histoire que l’on venait de tourner…
Il n’y a pas assez de diversité sociale à la Courneuve, il y a trop de pauvres, trop de chômage… J’aimerais que la ville soit aussi celle des réussites, pas seulement humaine, sociale et économique. C’est l’expérience des gens qui ont réussi dans l’entreprise, dans l’industrie qui nous manque. Je suis profondément ancrée à gauche parce que je suis issue d’une famille ouvrière, je suis contre les injustices. Les combats menés ont un sens. Je déteste que l’on tape sur les syndicats, les grévistes, que l’on remette en question les acquis sociaux, alors que ceux qui le font, bien souvent, ne savent pas de quoi ils parlent »
En fait dans une société de plus en plus complexe, le choix qui est laissé aux villes de banlieue populaire est abrupt. Soit les responsables politiques se contentent de gérer la descente aux enfers, soit ils se battent en refusant que la domination qu’ils subissent deviennent une fatalité. Ainsi Claude Dilain le regretté maire socialiste de Clichy sous bois qui affirmait « Ce sont 5 à 6 millions de personnes qui vivent dans des conditions indignes de la république et de sa devise » Très souvent on entend dire que tout ce qui est local ressort du domaine de la gestion de bon sens alors que ce qui est national obéirait à une logique politique donc partisane. La Courneuve démontre assez facilement que cette assertion est erronée. Il est clair que l’option gestionnaire qui avalise la logique libérale, en condamnant des populations entières à la relégation a la faveur des médias et des responsables politiques de droite. On ne manquera pas de remarquer que la politique suivie à la Courneuve par l’union de la gauche est assez éloignée des principes et idées qu’applique le gouvernement de ce pays qui se réclame également de la gauche. Malgré la baisse des dotations de l’état, l’équipe municipale de la ville maintient le cap. Jusqu’à quand ? On ne le sait pas.
Alors tout va assez mal mais pas plus ?
Pas si sûr. La génération qui a animé les luttes politiques, syndicales et associatives depuis les années 70, peut être légitimement essoufflée. L’errance accrue des populations déshéritées à l’échelle mondiale montre bien qu’une logique dominante de plus en plus inhumaine est en train de s’installer. La Courneuve n’est pas un village gaulois et la ville ne peut être imperméable aux courants de fond qui perturbent la société.
Le populisme du Front national
Sans doute, faut- il vivre près des gens, avec les gens pour ressentir leur désarroi, leur douleur. Mimouna Hadjam parle depuis plusieurs années de « la sous France qui est en souffrance »
Les inégalités se sont accrues, le chômage de masse n’a cessé d’augmenter et face à cela les différents partis au pouvoir ont démontré soit qu’ils ne savaient pas faire soit qu’il s’accommodaient assez bien d’un fléau qui mettait au pas tous ceux qui auraient eu la moindre velléité de se révolter. Les UMPS comme les appelle Marine le Pen ont donné l’impression qu’ils n’avaient pas de projet ou du moins que leurs propositions étaient pour la plupart interchangeable. « il n’y a plus de convictions, il n’y a que des intérêts » observe Abdel Saadouni. L’opposition entre 2 blocs homogènes n’a plus cours, L’Europe est dirigée par des technocrates. Les nantis de la culture se sont drapé dans leur toge de bien pensants pour vouer aux gémonies cette populace qui était assez stupide et aveugle pour avaliser des solutions en forme d’impasse. Opposer un Front républicain au populisme du Front National qu’est-ce que cela veut dire se demande Aly Diouara. Que le Front National n’est pas un parti républicain ? S’il n’est pas un parti républicain, il faut l’interdire. La place accordée au Front national par les médias tendrait plutôt à banaliser son existence qu’à la contester.
A la Courneuve, aux dernières élections européennes le Front national a obtenu 20,52 % des voix, le Front de gauche 19,79%, l’union de la gauche 19,35% mais ce sont les abstentionnistes qui ont fait le plus gros score avec plus de 75% des voix . Il n’y a eu ni campagne locale du FN. Aux dernières élections départementales au premier tour le FN a obtenu 15,04 % des voix. Ce résultat est loin des performances du Var, de l’Ain ou du Vaucluse ou le parti oscille entre 37% et 39% des voix. A contrario des départements comme la Haute Corse, le Cantal et la Corrèze se situent entre 5 à 8 % des voix.
Ceci démontre à l’évidence que dans une ville très pauvre où les problèmes sociaux et d’emploi sont aigus, l’action de la municipalité limite singulièrement l’impact de ce parti. et ce d’autant qu’à la Courneuve on a bien compris que l’aide apportée ne peut être valorisée que si elle est accompagnée de respect des individus. Mais le FN obtient tout de même des résultats dans une ville profondément ancrée à gauche. Pourquoi ?
-L’impact médiatique du FN et de ses amis à l’échelle nationale est tel qu’il exerce une pression dans tout le pays.
-L’action municipale si elle est importante ne peut se substituer à celle d’un gouvernement. Depuis 2012, celui la France est étiqueté à gauche et les classes populaires en sont toujours à attendre un changement en leur faveur.
Paradoxalement que la mairie en fasse autant, donc beaucoup plus que dans d’autres villes autorise certains à penser qu’elle n’en fait pas assez.
– Le rejet de la ville et de ses habitants par l’extérieur est aussi intériorisé à l’intérieur de la ville « Nous sommes des pestiférés, le FN aussi, alors pourquoi ne pas voter pour lui ». La communauté nationale abandonne les plus déshérités, de quel droit les partis qui sont censés promouvoir la démocratie, peuvent -ils donner des leçons à ceux qu’ils ont abandonnés? Combien de fois ai-je entendu « je ne comprends pas, je ne comprends pas ». Des murs d’incompréhension se sont installé entre ceux du bas et ceux du haut.
Relégation, incompréhension et Islam
Aujourd’hui en France on ne peut aujourd’hui parler sereinement de l’Islam et de la religion musulmane. Les raisons en sont multiples.
– La France a un passé colonial lourd. Les liens avec les anciennes colonies comme le Maroc, la Tunisie et surtout l’Algérie sont aussi étroits que contrastés. Dans les années 60, l’immigration indispensable pour faire face à une démographie peu dynamique, a été aussi l’occasion de développer un racisme anti arabe assez virulent. En témoignent les crimes racistes comme la multiplication des appellations méprisantes : bicot, bique crouille, bougnoul, moukère, raton, etc.
– Aujourd’hui après les prises de pouvoir intégristes en Iran, en Afghanistan et au Pakistan, après les attentats du 11 Septembre 2001 à New York, le terrorisme islamique et ses crimes déstabilise les régimes en place dans plusieurs régions du monde. Il devient d’autant plus menaçant qu’il recrute de nouveaux soldats dans tous les pays occidentaux. Ainsi des adolescents déracinés en manque d’une grande cause à défendre viennent grossir leurs rangs. En France pays leader en la matière, le nombre de personnes recrutées est passé de 555 en Janvier 2014 à 1400 en Janvier 2015.
– Le manque d’informations et de définitions claires favorise le rejet. Entre l’islam qui fédère les croyants et l’islamisme terroriste il y a une proximité linguistique source de confusion.
– On parle assez facilement de personne d’origine musulmane. Personne n’est d’origine musulmane. On peut par contre être d’origine maghrébine sans être musulman. On peut également être musulman sans être arabe.
– On oppose assez facilement les attentats antisémites et les attentats anti arabes. Hors étymologiquement un acte antisémite est un acte contre les juifs ou contre les arabes, qui sont tous deux des peuples sémites. Par ailleurs le flou qui entoure l’importance du nombre de fidèles de la religion musulmane est significatif. Les français, selon un sondage surévaluent leur présence. Ils l’estiment à 23% de la population alors qu’elle serait de 8%. Une estimation de l’INSEE et de l’INED la chiffre à 2,1 millions hors mineurs et seniors. Soit entre 3,9 et 4,1 millions au total. Alors que le ministère de l’intérieur l’évalue à 4 à 5 millions de personnes ! Ce manque de rigueur dans les statistiques est de nature à alimenter tous les fantasmes d’envahissement. A la Courneuve la thèse d’un complot a quelques partisans. « Depuis deux ans les musulmans prennent le leadership des groupes dans lesquels ils évoluent et ne se gênent pas pour interrompre un travail en cours parce c’est l’heure de la prière ». Ici la population a subi jusqu’en 1995 le prosélytisme du Front islamique de salut. Mais depuis rien de notable n’est à signaler. Certains soupçonnent les musulmans de pratiquer un double langage. C’est à dire d’affirmer leur volonté de respecter la laïcité pour mieux s’implanter. Ainsi une bonne partie du soutien scolaire pratiqué pourrait l’être à des fins de pénétration. Rien ne permet d’affirmer qu’ils ont raison ou qu’ils se trompent.
Faut-il s’étonner que les jeunes musulmans parqués en banlieue comme dans une prison dont les portes ne seraient pas visibles, se retrouvent entre eux ? Est-ce cela qu’on appelle communautarisme ? Faut-il s’étonner que cette génération à qui personne ne parlait puisse être la proie des islamistes ? La génération précédente a eu plus de chance puisqu’elle a trouvé avec le parti communiste un interlocuteur et un éducateur de poids. A défaut certains sont très admiratifs d’un intellectuel comme Tarik Ramadan, dont le discours public à propos de la lapidation des femmes a été mal compris. Un de mes interlocuteurs m’explique que ce qui fait sens pour décider d’une lapidation, c’est qu’il faut que 4 témoins soient d’accord. Sans commentaire.
Aujourd’hui des jeunes d’origine maghrébine font partie du conseil municipal. Ils sont pour ceux que j’ai pu rencontrer aussi dynamiques que brillants. Pourtant même si les partis de gauche, notamment à la Courneuve se sont résolu à leur faire place, ces nouveaux leaders en puissance semblent tout de même frustrés. Ils considèrent que le PC a vis à vis d’eux une approche néo- coloniale, paternaliste, sachant mieux qu’eux ce qui est bon pour eux. A la Courneuve il existe des associations comme les Jeunes Musulmans de France très actifs dans le domaine du soutien scolaire. La plupart des nouveaux leaders est issue de cette association. Ils ont fondé également une association laïque « Citoyenneté active » ouverte à tous et destinée à jeter les bases d’une nouvelle force politique citoyenne. Seyfeddine Cherraben 5ème adjoint au maire revendique « le droit d’être jeune, musulman, français et de se battre pour la citoyenneté de tous »
Aux dernières élections départementales des membres de Citoyenneté active se présentaient sur les listes du Front de gauche, alors que d’autres exprimant pourtant des valeurs de gauche, créaient une liste autonome citoyenne. Ces nouveaux responsables semblent assez pragmatiques et lucides. Face à la crise du politique ils expérimentent plusieurs voies. Les partis politiques tels qu’ils existent aujourd’hui leur semblent totalement déphasés face aux aspirations de leur génération et aux besoins de la société. Si un jour ces jeunes en venaient à oublier la laïcité au profit de leur religion, on aura beau jeu de vouer une fois de plus la religion musulmane au pilori, alors que cette montée en puissance signera l’échec d’une gauche qui n’aura pas su se réformer pour répondre aux aspirations des classes populaires de son époque.
Défis
Pour affronter avec succès les nombreux obstacles et problèmes qui jalonnent sa route, la ville de la Courneuve a de très sérieux atouts mais aussi des handicaps non négligeables.
atouts : un éventail d’expériences collectives d’une très grande richesse :
expériences
– des combats politiques menés en commun
– d’une dynamique associative porteuse de solidarité, de réflexion, de joie de vivre et de fierté
– d’un féminisme de terrain exemplaire de courage et d’effectivité
– d’une démocratie participative innervant les quartiers
– d’une lutte acharnée des femmes et des hommes pour que leurs enfants disposent d’un avenir meilleur
.La Courneuve est une ville populaire au sens de « l’élitisme populaire » cher à jean Vilar. La ville est au cœur d’un multi –réseau d’appartenances. C’est une ville de banlieue, de l’agglomération parisienne, du 9.3, de la France et du Monde. Elle est une ville politique. Au delà des services publics qualifiés comme tels, les citoyens sont intégrés à un service public informel qui irrigue la ville. Ils ont donc une expertise multi- terrains assez formidable.
La ville a cependant un handicap majeur
qui pourrait bien constituer un verrou face aux problèmes cruciaux qui se posent : chômage, difficultés à faire venir des entreprises, sécurité, etc – Mis à part en 2009, quand le maire a porté plainte devant la Halde, la ville ne développe pas son propre récit vis à vis des acteurs extérieurs, alors que son image est injustement négative.
Les porte voix non choisis de la ville ont été ou sont : L’office D’HLM de la ville de Paris, les médias discriminants, la police, les politiciens, le bouche à oreilles peu favorable. La fête de l’humanité a lieu à la Courneuve, mais sa vocation n’est pas de parler de la ville. Cette absence est non seulement cruelle, pénalisante mais également dangereuse, car les énergies, les talents de cette ville risquent de s’épuiser, de se décourager.
Pour expliquer ce phénomène plusieurs explications sont possibles :
Si le renouvellement constant d’une partie de la. population peut être en soi considéré comme une richesse, à ce niveau là il pose problème, car il y a à fort à parier que les enfants des migrants pris entre leurs origines et la nécessité d’intégrer une nouvelle réalité ne disposent pas des informations permettant de comprendre leur histoire.
– Même si la Courneuve n’est pas un village gaulois, la tentation de rester entre soi, la tentation du repli existe d’autant plus fort que l’environnement apparaît hostile.
– La gauche française et surtout l’extrême gauche dénigrent autant ou presque les médias qu’ils sont stigmatisés par eux. A cet égard une comparaison avec la situation espagnole est révélatrice. Les leaders de Podemos ( 4) persuadés que leur mouvement a une vocation majoritaire n’ont pas peur d’investir les médias, ils prennent donc la parole là où ils peuvent avoir la plus grande audience.
Bien entendu ce problème qu’un observateur extérieur juge majeur, ne peut être résolu par un coup de baguette magique. Il faut du temps, des débats et au final une stratégie idoine pour que l’image de la ville devienne enfin positive.
Le défi de la pauvreté
La logique du profit qui tend à vider Paris de ses classes populaires vaut également pour la banlieue. N’existe-t-il qu’une seule alternative ?
– Soit rester une ville pauvre réservée de fait aux seules classes populaires ancrées dans une tradition de combat et d’ouverture à l’autre. Certes la religion catholique ne manque pas d’exalter le bonheur qu’il y a à être pauvre et le phénomène de résilience collective, qu’entraîne cet état doit être salué. De là en en faire l’apologie il n’y a qu’un pas qu’il vaudrait mieux ne pas franchir.
Soit devenir progressivement une ville pour les classes moyennes, les plus pauvres étant dans l’obligation de s’éloigner toujours un peu plus de la capitale. La Courneuve, avec un habitat rénové peut tout à fait attirer les classes moyennes et l’implantation d’entreprises. Où se situera le bon équilibre ?
Est-il possible qu’une ville de pestiférés devienne une ville respectée ? La réponse ne peut être binaire tant les facteurs qui sous tendent une évolution possible sont complexes.
La génération des responsables politiques et associatifs qui ont fait et font de la Courneuve ce qu’elle est, peut- elle à la fois continuer à travailler pour la ville dans un esprit de fidélité à ses valeurs mais en l’ouvrant à une diversité qui ne serait pas seulement ethnique mais aussi économique et sociale ?
La transmission des valeurs et expériences entre générations peut –elle avoir lieu dans un esprit d’évolution, transformation et non de reniement ?
La transversalité culturelle entre les différentes origines ethniques n’est pas un problème mais une richesse affirme avec force Evré Isikli .
Sera-t-il possible d’opérer une synthèse acceptable par tous ?
Comment une ville profondément laïque peut –elle avancer dans le respect des différentes religions, notamment la religion musulmane et qu’en retour ces religions soient en mesure de respecter une laïcité ouverte sur le monde ?
La réponse à toutes ces questions est à l’évidence profondément liée à une volonté politique.
Le défi de la mutation politique
La multi appartenance de l’ancienne ville des maraichers peut être porteuse d’éclatement, mais aussi d’innovations majeures. Quelle autre ville de moins de 40 000 habitants peut être considérée comme une ville monde ? Venir à la Courneuve, écouter la ville ce n’est pas seulement rendre justice à ses habitants mais également se trouver au cœur des problématiques qui agitent la planète. Celle de la démocratie représentative nous paraît prioritaire. Aujourd’hui dans une ville où, de l’avis d’une grande majorité, les élus font bien leur travail et même plus, on ne manque pas pour autant, de critiquer le rôle des partis politiques et l’inadéquation d’une vision venue dans haut. Aux quatre coins de la planète, l’idée de déléguer son pouvoir de citoyen à des représentants est remise en cause. Le niveau d’instruction de chacun s’est élevé et grâce à Internet les femmes et les hommes de ce siècle font l’apprentissage d’une information plus horizontale et plurielle. Avec le Net même le plus petit village est relié à la planète. Cette approche est difficilement compatible avec l’existence d’appareils verticaux peu aptes à écouter ce qui se passe en bas. De plus en plus de citoyens ne comprennent plus le discours des politiques éloignés des réalités du quotidien. Trop souvent les professionnels de la politique tournent à vide et ne représentent plus qu’eux même.
Ce n’est pas à La Courneuve de résoudre les problèmes de la planète, mais cette ville a la chance d’avoir un nombre limité d’habitants et surtout de par son histoire, de cumuler une sommes d’expériences qui la rendent apte au mouvement. Débattre, expérimenter, innover est sans doute plus facile à cette échelle. Ce qui se passe en Grèce avec Syrisa, en Espagne avec Podemos, comme les innovations sociales intervenues dans plusieurs pays d’Amérique latine ou les réflexions autour d’une maîtrise collective des biens communs (5) ainsi que le souligne Marie Christine Labat, peuvent constituer un terrain d’études fructueux. La jeunesse de la Courneuve comme celle de nombreuses banlieues reléguées a de l’appétit. Personne ne peut reprocher à personne de vouloir réussir. Il reste à inventer une démocratie citoyenne égalitaire d’aujourd’hui, ce qui ne veut pas dire sans idéologie. Le défi est d’importance. Il serait savoureux que les habitants d’une ville si mal traitée par ailleurs, soient à la pointe de ce combat.
A suivre de près
Pour tous ceux qui s’intéressent au développement humain, La Courneuve est un bien commun précieux; sûrement trop pour transformer une cité maudite en une vache sacrée. Toutes les questions restent ouvertes. mais plutôt que de vouloir lire l’avenir dans le marc de café ou toute autre substance divinatoire, il serait plus pertinent de se demander ce que chacun de nous peut apporter au mouvement d’une ville qui se bat pour notre humanité. L’enjeu est immense, le mérite de La Courneuve est de nous permettre de l’appréhender, sans que la tête soit tentée de refouler les émotions qui nous traversent.
« Car il nous faut retrouver la composante initiale des idées de progrès et de démocratie, à savoir l’espérance, et surtout de la part de ceux qui n’avaient plus que leurs idées et leur nombre, pas de fortune, pas d’ami puissant. Et, avec l’espérance la passion d’appartenir à une communauté et le partage. Il faut reconstruire une identité populaire au sens large en réactivant cette passion sans laquelle il n’y a pas de démocratie »
Inigo Errejon- Podemos (4)
François Bernheim
(1) Blog d’Aline Leclerc : lacourneuve.blog.lemonde.fr
(2)allusion à la phrase de Berthold Brecht « puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple pour en élire un autre »
(3) Atlas est un journal gratuit de plus de 100 pages « une histoire de l’habitat, une politique de la ville racontée par les habitants eux mêmes » 1950 /2015.Une initiative de Jeremy Gravayat réalisée avec la collaboration d’Yann Sarris et soutenue par le département de Seine Saint Denis et l’unité Patrimoine et Arts visuels de la municipalité de La Courneuve. Infos : l-abominable.org
(4) PODEMOS sûr que nous pouvons de Carolina Bescansa, Inigo Errejon, Pablo Iglesias, Juan Carlos Monedero – Editions Indigène. collection « ceux qui marchent contre le vent »
(5) Sur l’actualité et le regain d’intérêt pour les biens communs :
- La renaissance des communs de David Bollier – Editions Charles Léopold Mayer.
- Le retour des communs. La crise de l’idéologie propriétaire. sous la direction de Benjamin Coriat – Editions Les liens qui libèrent.
( 6) : Chaleureusement merci à toutes les personnes que j’ai pu rencontrer et interroger :
M Belloto, Mehdi Bouteghmes, Thierry Braun, Seifeddine Cheraben, Tristan Clémançon , Nadège Corrodi Mélanie Davaux , Henver Dos Santos, Aly Diouara,Isabelle Dransart Chantal et René Féjan, Mohamed Gandhour Sarah Gogel, Jeremy Gravayat, Mebrouka Hadjadj, Mimouna Hadjam, Evré Isikli Benoit Klein , Marie-Christine Labat, Monte Laster Yacine Medjahed, Mde Nkini, Fabien Narritsens, Gilles Poux ,Nicolas Revel, Joséphine Ripa, Jean Michel Roy, Danièle Rudent Gibertini, Abdel Saadouni, Marine Schaefer Chantal Tillet Françoise Tirante, Stéphane Troussel .
Bravo François. Si une dizaine de journalistes FRANCILIENS avaient le dizième de l’empathie et l’énergie qui fut la tienne pour faire cette enquête, l’image des hommes sensibles des quartiers relégués en serait totalement changée.
à la lecture de « La Courneuve ville de l’humanité, mais pas toujours à la fête… »
j’ai eu le sentiment d’entendre la parole de tous les Courneuviens, tout en pensant qu’il manquait toutes les particularités de ceux qui n’avaient pas été entendus.
Cet article rend compte de la beauté et de la complexité de cette ville, parfois sur un ton protecteur parfois plus offensif, à l’image de ses habitants.
Un sentiment de révolte aussi, en réalisant une fois de plus les efforts de chacun et pourtant le long chemin qu’il reste à accomplir.
La Courneuve se bat, avec ses petits bras,un peu seule, trop souvent seule, dénigrée ceux qui ne la connaissent pas, pas toujours aidée par ceux qui y vivent.
Un grand merci à François de s’y être arrêté, d’avoir eu envie d’écrire sur l’essence de cette ville.Nous avons tous à apprendre des autres, vos mots y contribuent et j’espère que ce lien pourra perdurer.
Mélanie Davaux
Le plus drôle est de voir une ville comme La Courneuve avec énormément de terrains vagues laissés à l’abandon dont on ne sait quoi faire quant certains proposent des projets d’immeubles de 12 voir 14 étages sur une zone où de la verdure existe….Cherchez l’erreur de ces projets d’urbanismes ….