J’ai eu la chance de me rendre à Tunis du 23 mars au 28 mars dans le cadre du Forum Social Mondial. Une première dans ce beau pays aux accents chantants et aux taxis jaunes fuyants.
Une chance unique et inouïe me direz-vous. C’est le cas.
Le Forum Social Mondial, un événement militant
En dépit des attentats qui ont frappé la Tunisie le 18 mars dernier, le Forum Social Mondial a tout de même eu lieu. Il y a déjà de quoi être frappé par la détermination des organisateurs.
Tout d’abord, en quelques mots, c’est quoi le forum social mondial ? Après tout rien ne me dit que vous qui êtes en train de lire connaissez cet évènement. Sur le site vous trouverez écrit que ce « n’est ni une association, ni une organisation ». Je vous entends déjà me dire qu’on est bien avancé mais attendez, attendez. Il s’agit d’un « espace de débat démocratique d’idées, d’approfondissement de la réflexion, de formulation de propositions, d’échange d’expériences et d’articulation de mouvements sociaux, réseaux, ONGs et d’autres organisations de la société civile qui s’opposent au néo-libéralisme et à la domination du monde par le capital et par toute forme d’impérialisme. ». Bon concrètement, c’est un évènement phare, surtout pour les altermondialistes, qui réunit environs 70000 personnes venues de toute la planète pour parler du monde de demain.
C’est un réel espace d’échanges où associations et ONG mais aussi citoyen lambda, viennent parler de leurs actions au quotidien sur le terrain et formulent des propositions pour améliorer les choses. On sort du communautarisme partisan, confessionnel ou « ethnique ». Les frontières physiques et mentales tendent alors à disparaître dans la bouche des participants.
Cette année, le mot d’ordre était « solidarité ». Solidarité avec la Tunisie qui vit des moments pénibles, solidarité avec les travailleurs, avec les femmes du monde entier… En somme, solidarité avec les acteurs de la société civile, héros de l’ombre.
Tunis : un décor aux multiples facettes
Le forum social mondial a eu lieu à l’université de Tunis : un très grand campus qui abrite plusieurs départements. Des ateliers et des performances avaient lieu çà et là aux quatre coins de cet énorme lieu d’études.
Tunis, censée n’être qu’un décor à cette folle aventure, s’est retrouvée à faire office de personnage principal. Les uns la pleurant, les autres la plaignant, la Tunisie, bien qu’atteinte est demeurée forte. Forte de ses valeurs mêlant traditions et démocratie. Elle était au cœur des mots et esprits durant le Forum Social Mondial tandis que l’attentat demeurait être la cause de nombreux maux.
Je dirai que la Tunisie m’a offert deux visages comme une diva qui, superbe sur scène se révèle parfois insupportable.
Tout d’abord, la chaleur. Les «marabiya bikoum » (bienvenue à vous en français) ont été aussi fréquents que la pluie. Pour idée, il a plu tous les jours quasiment. Je me suis sentie être la bienvenue dans ce petit pays qui ne rêve que de démocratie. On me l’a assez dit pour que ça rentre dans mon esprit.
Mais voilà, paradoxalement à coté de cette magnifique chaleur apparaît un côté plus froid. Aussi douloureux qu’insidieux.
Aucun taxi ne vous dira qu’il ne veut pas vous prendre parce que vous êtes noire, on ne s’arrêtera tout simplement pas. Et ce pendant une heure durant… De même, d’autres mal intentionnés ne prendront pas la peine de vous dire le prix réel de la course.
Mais attention, attention, ne faisons pas de généralités. Le positif s’est chargé de mettre un uppercut au négatif durant ce court séjour. Et puis ça ne reste qu’un ressenti qui ne fait pas foi.
Je dirais pour finir que la Tunisie est à l’image de ma définition de la vie : des côtés éclatants, d’autres sombres mais un sourire à toutes épreuves.
Assa Diarra