En Février Francine Pampuzac a dévoré : L Attoun, A Wiazemski, L Merle,JM Ganassia, G Bertrand, S Marai, A.Choplin et H.Mingarelli , J Rolin, A Lessana.
Pour un théâtre contemporain – Lucien Attoun ( Actes Sud – Nov.2014)
Lucien Attoun !! C’est l’homme qui, sur France Culture, pendant des années, a produit une émission dont j’étais fan : Le nouveau théâtre contemporain. Que des pièces extraordinaires, étonnantes, un peu difficiles parfois, qui sont passées sur les ondes depuis 1969 : J’ai découvert ainsi Bernard Marie Koltès, Jean Luc Lagarce, entre autres. Mais Lucien Attoun, c’est aussi la grande aventure du Théâtre Ouvert et dans ce livre, Antoine de Baeque fait une grande interview où tout est raconté, avec mille anecdotes, Avignon, Vilar, et toujours Micheline à ses côtés, etc..275 pages pour les amoureux du théâtre qui suivront avec bonheur les aventures d’Attoun et Attounette. J’ai dévoré ce bouquin.
Un an après – Anne Wiazemski ( Gallimard – dec. 2014)
Un bien joli livre. Voici un an de la vie du couple Godard-Wiazemski. Ils viennent de s’installer rue Saint Jacques .. en mai 68 ! Ils seront aux premières loges pour vivre les évènements. Lui, bien politisé, elle.. moins. Elle a 20 ans et quand ils descendent à Cannes pour faire interdire le Festival, on sourit en lisant son bonheur d’être, alors, dans la superbe maison des Lazaref au Lavandou. Godard est très amoureux, très jaloux. Le voilà qui renie le « cinéma d’avant », et même ses propres chefs-d’œuvre. Elle aussi est très amoureuse de son gauchiste de mari. Lors d’un voyage à Montréal, ils font du skiDoo : « de cette matinée, il reste un polaroïd. On m’y voit mes cheveux roux au vent, dans le long manteau de renard que je portais à cette époque.. » Au cours du récit les personnages évoluent et c’est très finement rendu.
L’incendie – A.Choplin et H.Mingarelli ( La fosse aux Ours –Dec 2014)
Les courts récits de Mingarelli sont toujours extraordinaires. Mais cette fois, déception. Le livre se présente sous la forme d’un échange épistolaire entre deux anciens soldats de la guerre de Croatie en 1991. Des lettres, façon « n’habite plus à l’adresse indiquée, » qui peu à peu vont faire découvrir aux deux hommes ce qui s’est vraiment passé dans cette maison incendiée. Mais c’est bien long pour arriver à la vérité.
Seul, invaincu – Loïc Merle – ( Actes Sud- Janvier 2015)
Charles ,lieutenant quelque part dans un désert, a reçu ce message : « Kerim a attrapé un cancer ».Il quitte tout, se retrouve dans sa ville natale, (C.) dans une montagne française. Ainsi démarre ce livre, très dense, pas toujours facile, dont l’épine dorsale est l’amitié, depuis l’enfance, de Charles et Kérim . Mais ce dernier, on l’apprendra petit à petit est devenu une notabilité, riche, influente, en utilisant des moyens pas toujours très catholiques. La vie de Charles va se trouver chamboulée, il se montrera souvent indécis, entrainant le lecteur à se poser beaucoup de questions. La langue est superbe, quoique parfois mystérieuse. J’ai été subjuguée mais aussi souvent désarçonnée par ce live aussi fort que troublant .Quelle curieuse atmosphère !
Trompe-la-mort – Jean Michel Guenassia –(Albin Michel –janvier 2015)
Trompe-la-mort, ainsi a été surnommé Tom Larch à son retour de la guerre d’Irak. Il est né à New Dheli. A 8 ans, il a dû revenir en Angleterre avec son père ingénieur et sa mère bien aimée, indienne, mais très malade. Le voilà Anglais, soudain rescapé d’une verrière qui s’écroule, puis rescapé d’un incendie. Et militaire, rescapé de mille dangers dont l’écrasement d’un hélicoptère. Revenu à la vie civile, ne croyez pas que sa vie va être un lit de roses. Et c’est passionnant de la suivre. J.M. Guenassia est un conteur diabolique, qui sait surprendre son lecteur tout au long de son histoire. D’accord, il y a des invraisemblances, mais le plaisir de lecture est tel qu’on galope avec ivresse dans cette épopée moderne.
Le vin à la belle étoile – Gérard Bertrand –(La Martinière – janvier 2015)
Arrivé à la cinquantaine, G.Bertrand a eu envie de raconter sa vie, et il a rudement bien fait. Né à Narbonne, d’un père viticulteur, il fut d’abord un vrai pro du rugby. Mais son père meurt brusquement, il doit reprendre l’exploitation à 26 ans. 60 hectares de vignes, aujourd’hui près de 600 avec la volonté de faire des « vins du Sud » des vins merveilleux. Il se met à la biodynamie,( à lire page 9O-9I) puis même à faire des vins quantiques. « la cave vinicole, connectée à l’extérieur par ses cubes en plein air, favorise la rencontre entre les forces cosmiques et les forces telluriques, optimisant ainsi la fermentation des raisins ». Dans ce livre, pas un mot méchant. Son ami Yann Arthus-Bertrand dit qu’il a côté prêcheur illuminé. Et que « lorsqu’on l’entend on a envie de boire son vin ». Vrai.
Ce que j’ai voulu taire – Sandor Marai ( Albin Michel – Sept 2014)
Cette fois, il ne s’agit pas d’un de ces merveilleux romans signés Marai qu’on traduit peu à peu en Français. Ici, l’auteur parle histoire, histoire de son pays la Hongrie dont il a vu la transformation jusqu’au fascisme. Il a écrit ce livre en 1949 alors qu’il s’exilait avec toute sa famille aux USA, obligé de fuir son pays devenu un satellite de l’URSS. L’histoire, est vue « du dedans », racontée avec une écriture calme est saisissante. Une merveille d’analyse historique, humaine, qu’on sent scrupuleuse et honnête. Peut-on en tirer des leçons maintenant ?
Les évènements – Jean Rolin –( P.O.L. Janvier 2015)
C’est peu dire que je n’ai pas aimé ce livre. Jean Rolin y imagine une guerre civile en France. Le héros narrateur, a bord ‘une vieille voiture, va rejoindre un ami du côté d’Orléans. Ce dernier a pris la tête d’une faction et a besoin de médicament. Et l’auteur ne nous fera grâce d’aucun kilomètre de son itinéraire, toutes les routes avec leurs numéros, les embranchements, les chemins de terre, les villes traversées, avec leurs immeubles, leurs statues, leurs fontaines et la campagne avec toutes leurs plantes, bien décrites aussi. Toutes ces précisions, très enquiquinantes, noient l’action, qui elle, par contre est très floue, avec les différents groupes qui s’opposent ( façon ex-Yougoslavie ?)). Bref, je suis allée au bout non sans peine !
Le sens de l’orientation – ( Arrigo Lessana – Christian Bourgois janvier 2015)
Ferdinand est chirurgien du cœur, il aime le foot et adore la montagne, l’alpinisme. Eléonore l’a quitté mais il va rencontrer Paola.Il racontera tout cela à Valentin, son psy, joueur invétéré. Voilà de quoi faire une jolie histoire, n’est-ce pas ? Eh bien ! c’est une multitude d’histoires qu’on déguste tout le long de ce livre, tellement original. Les chapitres sont livrés, assez courts, pas vraiment dans l’ordre, toujours éblouissants, faisant avancer le récit cahin- caha avec une écriture vivante, facile mais étonnante. Ce livre pas comme les autres m’a constamment surprise et enchantée. Un vrai délice.
Février 2015 Francine Pampuzac
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