Avec la carte postale être timbré ne signifie pas que l’on mérite l’enfermement mais plutôt que l’on est libre de voyager et pour pas, en prime, de rêver.
Nous, qui à chaque fois que nous déplaçons dans un lieu que nous jugeons valorisant, envoyons une carte postale, pour que nos proches puissent nous admirer ou mieux nous jalouser, nous oublions très souvent que mer, montagne, monuments ne sont qu’une partie de notre paysage. Nous oublions également que déplacement ne rime pas forcément avec voyage.
Femmes Ottomanes et dames turques de Christine Peltre, livre et collection de cartes postales, parues chez « Bleu Autour » vient opportunément nous rappeler que voyager c’est d’abord rencontrer puis imaginer. Ces photos, peintures, dessins reproduites sur un rectangle de carton timbré ouvrent la porte à nos fantasmes, clichés mais aussi nous informent sur la condition féminine au 19ème et début du 20ème siècle. Le voile était l’apanage des femmes de la haute société , alors qu’au 15ème siècle les femmes ottomanes se promenaient nue tête dans l’espace public En 1925 le grand réformateur Atatürk prenait sans ambiguïté , position: « Pour ce qui de la condition féminine, soyons courageux… Ne tergiversons pas., Qu’elles se découvrent ! Ornons- leur l’esprit avec des connaissances sérieuses et de la science » Nous avons hélas là une nouvelle preuve que le temps qui passe, n’est pas obligatoirement celui du progrès. Si aujourd’hui nous pouvons prendre aussi facilement connaissance de ces trésors, nous le devons aussi à la passion de collectionneurs éclairés qui bien avant que le pop art vienne nous vanter les mérites de la reproduction de masse, avaient compris que les usines à images peuvent aussi servir de terrain d’envol à notre imaginaire.
La postface de l’ouvrage signée Lizi Behmoaras, éclaire magnifiquement le propos de Christine Peltre « Entrer pour reprendre l’expression du poète Nâzim Hikmet dans « les paysages humains » que constituent ces cartes postales, c’est approcher de l’intérieur les mondes de l’empire ottoman finissant et de la république turque naissante, des mondes pétris d’histoire,bardés de contradictions ,en perpétuel mouvement. C’est aussi,par le prisme de l’humanité féminine, mesurer la complexité et la diversité de ces mondes, s’interroger sur chacune de ses composantes, partant, s’aventurer sans délai dans les dédales des bibliothèques pour les découvrir sous d’autres éclairages… »
Femmes Ottomanes et dames turques de Christine Peltre
Une collection de cartes postales 1880 – 1930 Editions Bleu Autour