On ne se méfiera jamais assez des cons. Bien sûr il y en a forcément un qui sommeille ou s’agite au fond de nous, quand ils ne sont pas plusieurs, ou pourquoi pas une foule, mais à y regarder de plus près, sans doute grâce à Picabia qui nous a alerté sur le sujet avec sa sentence magnifique « les cons nous cernent » on découvre que les cons qui aujourd’hui dominent le monde se dissimulent avec bonheur derrière l’étymologie. Ainsi, il n’existe aucun mot permettant de penser que les cons ne cessent de monter. Le con ne peut être que con descendant. Pire l’expression con vaincu est bien unilatérale, on ne parle jamais de con vainqueur.
Certes on parle de con fort, mais en même temps cette force se noie dans la recherche d’une vie molle et agréable. Le con doté de qualités voit immédiatement sa branche sciée, Il est con pétant, ce qui signifie que pour arriver à ses fins il suffit de faire du bruit.
L ‘imaginaire érotique du con est par ailleurs fort limité voire vulgaire.
Où va donc émerger le désir avec un con cul pissant. On est là dans la con fusion la plus totale. D’ailleurs l’intelligence du con ne lui permet pas de transgresser, puisqu’il est immédiatement con pris. Alors on se prend à rêver d’un con un peu plus subtil, un con capable de mauvaise foi. Qui pourrait par exemple se targuer d’être con pliqué. C’est à dire un con susceptible de dissimuler qu’il est piqué derrière son l.
François Bernheim