primaires les américains?images ouvrez«  Deux comédiens » un petit bijou de Don Carpenter pour faire voler en éclat ces préjugés. Comédiens, showmen et amis David et Jim (ressemblant à Jerry lewis et Dean Martin) ont monté un numéro comique que l’on imagine très bien faire les succès des salles de troisième zone dans le fin fond des campagnes. Sauf qu’un jour un producteur avisé les remarque, leur donne des conseils judicieux et les voilà promus au rang de grandes vedettes.

Une fois par an, ils se rejoignent pour tourner un film et faire un spectacle à Vegas.

l’ouvrage est-il une charge contre la bêtise et les mœurs dépravés du show business américain ? Pas vraiment. Mais ce livre écrit comme un roman d’action mi western mi comédie américaine portée sur la bagatelle, raconte bien autre chose.

Il dit le bonheur de la route, l’ivresse de la nature en dehors des grandes cités «  …par les nuits chaudes, vous sentez l’odeur douce et légèrement acide des mouffetes romantiques et les chevreuils qui cassent des brindilles en avançant dans les sous-bois… »

Il dit aussi la force de l’amitié, de la complicité entre deux hommes fidèles à eux même à travers frasques, ivresse, drogues et absences. David passe beaucoup de temps à attendre Jim. Les studios, vu ce qu’ils rapportent tolèrent leurs incartades. Mais eux à chaque fois doivent se faire violence pour continuer. Est-ce à dire que le système les broient, comme il broie des millions d’individus qui assimilent toutes les niaiseries diffusées à la télévision ?

San doute que oui mais ce n’est pas si sûr. Alors pourquoi des gens de talent et qui sont professionnellement irréprochables, contribuent –ils à la perpétuation d’un tel système ?

Pas seulement à cause de l’argent, pas seulement pour briller, mais aussi pour quelques raisons profondes qui font qu’Hollywood est en même temps un temple du vide intersidéral et une machine psychanalytique à exprimer avec force le génie d’un peuple.

De Steinbeck à Carpenter le roman américain nous rafraichit des pieds à la tête. Ici c’est la vie qui désespère mais c’est aussi la vie qui fait penser. Don Carpenter raconte une histoire et c’est le lecteur pris dans l’action qui va se gratter la tête s’il le veut bien. S’il ne le souhaite pas l’histoire est assez belle et émouvante pour le satisfaire. Ici le plaisir de la lecture va de pair avec une grande modestie de l’auteur. Mais le cocktail est assez riche pour que les amoureux de la littérature apprécient l’élégance d’un romancier quelque peu saltimbanque exprimant avec tant de légèreté un mal de vivre que le risque de chuter met en permanence à l’épreuve.

On devine tout ce que suggère Don Carpenter sans éprouver le besoin de ce répandre. La pudeur et le respect sont aussi présents à Hollywood.

François Bernheim

 

Deux comédiens de Don Carpenter

Editions Cambourakis

 

 

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