Exemple : 490 milliards d’euros pour sauver les banques , 25 milliards pour combler en 2009 le déficit de la sécurité sociale. Quelle crise?
le 26 Avril à la maison du temps libre de Stains, c’était le 11ème numéro de mardi ça fait désordre » C’est dur d’être riche »
petite revue de presse édifiante. Philippe merlant, Sofiane, Rochdi Haouès
La crise par les chiffres
Economie réelle, économie virtuelle
• 1 million de milliards de dollars. Total annuel des échanges mondiaux sur les marchés financiers.
• 100 000 milliards de dollars. Total mondial des actions et obligations.
• 60 000 milliards de dollars. Total de la richesse produite annuellement par l’économie mondiale.
• 25 000 milliards de dollars. Sommes « évanouies » sur les places financières depuis janvier 2008 (« Une » du Monde du 26-27 octobre 2009).
Pays du Nord, pays du Sud
• 50 000 milliards de dollars. Dette totale des Etats-Unis (350 % de son PIB).
• 3 000 milliards de dollars. Dette totale des pays du Sud.
Priorités budgétaires
• 490 milliards d’euros. Plan de sauvetage des banques françaises.
• 36 milliards d’euros. Profits dégagés par les banques françaises en 2007.
• 25 milliards d’euros. Déficit annuel de la Sécurité sociale en 2009.
• 2 milliards d’euros. Financement supplémentaire nécessaire pour la mise en œuvre du RSA.
Besoins vitaux, besoins superflus
• 1200 milliards de dollars. Dépenses annuelles d’armement dans le monde (Pnud).
• 500 milliards de dollars. Dépenses annuelles de publicité dans le monde (Pnud).
• 80 milliards de dollars. Sommes annuelles nécessaires pour éradiquer la faim dans le monde, permettre l’accès à l’eau et à l’éducation de base, combattre les grandes pandémies (Pnud).
Revenons d’abord sur l’affaire Woerth-Bettencourt, qui a été le feuilleton de l’année 2010 : aux dernières nouvelles, la mère, Liliane, et sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, se sont réconciliées, Sofien ?
Oui, et au prix d’un joli pactole. En se servant de leur holding Téthys, l’une des sociétés qui gère la fortune des Bettencourt, comme d’une banque qui leur a racheté leurs actions. Produit de cette vente, la fille va toucher la coquette somme de 300 millions d’euros… sans verser un centime d’impôt.
Le pire, c’est qu’a priori, c’est parfaitement légal. Une savante astuce de connaissance de la fiscalité française.
Depuis cette affaire Woerth, Matignon réclame plus de transparence de la part des ministres. L’ensemble du gouvernement Fillon III s’est donc prêté au jeu d’une déclaration sur l’honneur, publiée le 21 avril et censée révéler d’éventuels conflits entre leurs activités publiques et des intérêts privés. Qu’est-ce que cela donne ?
Pas grand chose, finalement. On sera ravi d’apprendre qu’Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, possède en bon père de famille un « contrat d’assurance vie » ! Et Luc Chatel, son collègue de l’Education nationale, un Plan d’épargne en actions (PEA) au Crédit agricole ! Quant à Chantal Jouanno, elle détient des actions dans le groupe Pernod-Ricard : une ministre des Sports plutôt portée sur le pastis ?
En fait, cette « déclaration d’intérêts » ne porte pas sur l’ensemble des biens des ministres, mais seulement sur ceux « dont la valeur est susceptible d’être directement influencée par les décisions du gouvernement ». De plus, les biens des conjoints n’ont pas été rendus publics « par respect de la vie privée » : on se rappelle que c’est pourtant ce qui a posé problème dans l’affaire Woerth !
Une déclaration d’intérêt qui ne présente finalement… aucun intérêt.
Aux Etats-Unis, on va plus loin dans la transparence : Barack Obama vient de déclarer ses revenus pour l’année 2010. En baisse, apparemment ?
Le président américain a déclaré au fisc 1,72 million de dollars pour 2010. La famille Obama a donc divisé ses revenus par trois par rapport à 2009 : 5,5 millions de dollars, soit un peu plus de 4 millions d’euros. La raison ? Le clan Obama tire surtout profit de la vente des livres du président américain, qui sont de véritables best-sellers. Or, ceux-ci se sont beaucoup moins bien vendus l’an passé…
Le salaire présidentiel est de 395 000 dollars annuels. Et Michele Obama n’exerce aucune activité rémunérée. Logé, nourris et protégé aux frais du contribuable, Barack Obama s’acquitte en revanche des frais de bouche personnels de sa famille. Au moins, il paye ce qu’il mange, c’est un minimum…
Sous la houlette du ministre du budget Francois Baroin, le gouvernement, dans un élan de bonté ou de propagande électorale, a fait grincer des dents les oligarques du Cac 40 par la proposition suivante : obliger les entreprises qui versent des dividendes à accorder à leurs salariés une prime de 1000 euros. Ce n’est pas du goût de tout le monde, apparemment ?
Que l’idée soit bonne ou pas, telle n’est pas la question. C’est surtout la réponse de Laurence Parisot qui étonne. D’après la patronne du Medef, « en France la richesse est bien partagée ». Et elle poursuit : « Il y a des statistiques qui ne sont peut-être pas si faciles à comprendre quand on n’a pas eu la possibilité de faire un an ou deux de sciences-éco ». A-t-on besoin d’avoir fait deux années d’études économiques pour savoir que l’écart de salaires, ces dernières années, a augmenté entre les plus riches et les plus pauvres ? La richesse est mal partagée, sauf pour Laurence Parisot.
Les écarts de revenus, parlons-en, justement ! Une étude réalisée par un chercheur en économie et publiée le 19 avril sur le site Marianne 2 donne des résultats bien instructifs.
Elle montre que les plus riches (les patrons des grandes entreprises et autres nantis de la finance) ont augmenté leurs pouvoir d’achat de 340 % en 30 ans !
Le rapport entre le salaire moyen des 90 % les moins bien payés et celui des salariés les plus riches est passé de 1 à 23 en 1980 à 1 à 81 en 2007. La progression des très hauts salaires étant due, pour l’essentiel, aux traders : ils représentent aujourd’hui plus du tiers des 1700 salariés les mieux payés.
Mais quand même, les riches paient trop d’impôts, non ?
C’est ce que doit penser le gouvernement, qui prépare pour le 11 mai un projet de loi réformant l’Impôt de solidarité sur la fortune. Quelque 300 000 Français, dont le patrimoine est compris entre 800 000 et 1,3 million d’euros, en seront désormais dispensés. Ce qui va coûter la bagatelle de 300 000 millions d’euros à l’Etat. Le problème, c’est que ceux qui ont un peu plus d’ 1,3 million d’euros de patrimoine – le nouveau seuil – vont payer plus d’ISF. Alors le gouvernement planche sur des solutions techniques pour éviter qu’ils ne soient pénalisés… les pauvres !
Une petite page culturelle, maintenant : en direct d’un théâtre parisien ?
(Rochdi)
Pour finir, on est tous un peu largués devant tous ces chiffres. Alors, on vous en a concoctés quelques-uns pour mieux pouvoir comparer. Vous aller voir : c’est édifiant !