On n’y croit pas !
Par Christophe Marchand -Kiss
On n’y croirait pas à ce scénario — pas simplement français, mais tout de même —, et qui dure depuis 2005, voire depuis le traité de Maastricht, entre partisans résolus, un peu résolus du oui, et partisans résolus, eux, ils le sont, en général, du non. Le traité nouveau n’est qu’une resucée, mais en plus court, et en plus lisible, de Lisbonne — plus miss TSCG, extrêmement parlante, à escient, pour la population, qui ne sait ni lire, ni écrire —, et les politiques français et européens continuent, avec des non qui passent au oui, et des oui qui optent pour le non —dans un tout-à-coup urgentesque — , à s’étriper, aimablement ou non, sur la question alors que l’apport négatif du traité précédent était évident pour les mêmes raisons.
Il y a du ridicule dans l’air, mais malheureusement l’air manque dans le ridicule — ça leur ferait quelque bien s’il y en avait. Le traité est mauvais, tout le monde le sait à gauche : pas plus de démocratisation des institutions européennes — c’est une lecture néo-conservatrice qui prévaut, à cause des sociaux-démocrates qui ont gouverné, entre grosses guillemets, l’Europe, pendant quelques années, ayant la majorité gouvernementale qualifiée, et qui n’ont rien fait, que dalle, les mecs et les nanas, voilà — bah non, je ne parle pas comme si j’étais sorti de Eton, désolé, où de Tübingen, encore que Tübingen, ni de la bourse de Milan, car je n’y suis pas né, dans cette bourse, et d’abord je déteste cette ville, qui commence par une gare grandiloquente et sublime, le sublime terrifiant, et un aéroport, qui, lui, n’est que terrible, ou pas terrible : je digresse, j’aime ça —, ni beaucoup plus d’avancées sociales — je suis gentil —, rien d’autre que le choix que dénonce une tonne d’économistes, souvent keynésiens, d’ailleurs, de la cure d’austérité, stupide, qui nous attend et que nous avons déjà.
Bref, comme dans certaines histoires d’amour, c’est oui ou c’est non. Pour moi, le référendum de 2005 — pas le traité, hi guys and girls from Europe — ne s’imposait pas, les questions simplettes de ce genre n’assainissent pas le débat, au contraire elles l’obscurcissent, et clairement — ouhouho. Oui, à la fin, c’est oh, parce que, finalement, peut-être que — ah nom d’un petit bonhomme en carton pâte, me disait ma mère, quand j’étais petit, et je suis désolé de mettre ma mère dans le coup, mais c’est comme ça. Et le peut-être qui reste lettre, dit-on, morte, morte tout simplement, et je vais m’expliquer sans m’expliquer, et tant pis.
Oui, tiens, je n’y pensais pas, je dois ressembler à Bové, du non au oui, parce que l’on peut avancer avec l’ennemi, sûr — tu y crois, kumrad ? Moi, ma petite pensée — ce que ne dit pas Bové — c’est que si on n’est pas député européen, on est vraiment crétin : voir Mélanchon, cette espèce de type insupportable de vanité ; je n’oserais même pas parler de ses idées ; plus vaniteux que Goethe dans ses Conversations avec Eckermann, mais moins étonnant, non ?
Bref, l’Eeeeeuuuuuuroooopppe, ça s’écrit comme ça, je crois. Ce n’est pas du De Gaulle, mais, au moins, les béats, il les exécrait — je pèse mais maigres mots. L’Europe serait un formidable outil, non pour dominer le monde, ça c’est foutu depuis longtemps — et les néo-conservateurs en rajoutent une grosse couche —, mais un outil possiblement social et écologique dans la zone, améliorant — c’est marrant, j’ai failli écrit, amelhilarant — les conditions démocratiques de vie, non seulement des rôôyaumes et des rèèèpoubliques qui la composent, mais celles de gens tout ce qu’il y a de plus simple. Le contraire ne se prépare pas, il est déjà, non dans les startings-blocks, les athlètes sont partis depuis longtemps ; pas une vie d’être humain à sauver en soi, mess fesses.
Alors mi amor, l’Europe, c’est simple : tant qu’il y aura des traités comme ça, il n’y aura que du labeur — et s’il y a labeur, d’ailleurs : l’absence de Hegel, de Marx, de Weber, chez tous ces gens, est absolument, intellectuellement impardonnable, view of their culture in fact—, pour les simples dont je parlais, que des emmerdes, pardon ! pour les plus démunis, parce que diminuer les budgets, bien sûr que je ne le dis pas comme Stieglitz, un spécialiste, c’est assécher l’Europe — moi, je suis fédéraliste, nanamère !— , dans toutes ses compositions —entendons-la comme Olson, le grand poète américain, l’entendait sur la poésie ; bien sûr que je suis fédéraliste, c’est la seule façon de s’en tirer, pas forcément avec Merkel, dont on parle trop — elle est bête et retorse à ce niveau, et pire, l’Allemagne, au fond, a remplacé le Royaume Uni, tourné depuis toujours vers les US, dans sa conception, si l’on peut dire, de l’Europe, mais elle, dans le genre : je décide pour nos intérêts —, mais avec un Monti, qui, lui, ne l’est pas du tout, bête, il a été chez Goldmann Sachs, il sait de quoi il parle, donc retors, aussi — c’est sûrement pas tout ce qu’on veut —, il pourrait parler comme président du conseil de la Slovénie s’il savait la langue, ou de Hongrie, une dictature d’extrême droite, le fait qu’il soit italien, ah, é basta cosi. Au sens où il n’a plus de pays au sens strict, remarquez, c’est sûrement un progrès.
Oui, l’Europe est foutue, comme les US, et je me demande parfois si le monde occidental n’est pas en train de sombrer, point barre, face à d’autres puissances — on sait très bien que la récession chinoise, singapourienne et autres, est un leurre, ils ont les moyens de vous faire parler de non-droits, de non-salaires réels pour faire marner ; et s’il n’y avait que la Chine, mais l’Inde, le Brésil ; La Papouasie-Nouvelle-Guinée, méfions-nous d’eux. Je le dis de ces derniers. Parce qu’on ne sait pas.
Alors, oui. Cohn-Bendit, dans sa double appartenance à Deutschland und Frankreich, et que je respecte absolument — sauf que son humour était apprécié modérément sur ZDF ou ARD, et l’Allemagne, c’est génial, mais cette Allemagne est aussi pontifiante et arrêtante. Tiens, j’ai dit oui, alors je dis oui, même si c’est nul, même si c’est aller contre les intérêts, comme disait Marchais, des trââvailleurs, mais Florange, Liège, ce n’est pas nul, ni Peugeot à Aulnay et à Rennes, c’est gens-là ont les moyens de vous faire taire, contre les sales je le dis voilà, sales conservateurs de vos fortunes. On espère, et puis c’est tout : comme disait Jonasz, le chanteur, à l’époque de Mitterrand, « on se fume juste une cigarette, et en avant pour la nouvelle vie. »