Welcome in Vienna
Une trilogie d’Axel Corti réalisateur sur un scénario de Georg Stefan Troller
Un coffret de 3 DVD 2 heures X 3. éditions Montparnasse/ le Pacte 25 €
1/ Dieu ne croit plus en nous
2/ Santa Fé
3/ Welcome in Vienna
Voilà un chef-d’œuvre à voir ou revoir en famille, grâce à la nouvelle version restaurée éditée en DVD par les éditions Montparnasse. La troisième partie est sortie au cinéma en 1980 et ce n’est qu’en 2011 que l’intégrale a pu être vue en salle. L’histoire est celle de la persécution et de l’exil de Juifs viennois depuis la nuit de Cristal en 1938 à la victoire sur les nazis en 1945. On les suit de Vienne à Prague, Paris, les camps de rétention du Nord de la France à Marseille, New York , Vienne. Au premier niveau on voit comment l’histoire, la grande, s’attaque à des personnes ordinaires. Travail de sape, de déracinement, de résistance à la fatalité mais aussi de désespoir. Ici on touche à ce qui peut abimer chacun d’entre nous, on partage les espoirs déçus de ceux qui ont cru au rêve américain. Que les uns, les nazis aient été des purs salauds n’a pas empêché les autres de ne pas être les bienfaiteurs d’humanité que l’on s’est plu à imaginer. La trilogie a l’épaisseur humaine du quotidien, elle a le mérite incroyable de mettre en avant des individus de chair et de sang en proie à la machine d’anéantissement la plus perfectionnée des temps modernes. Ce choix d’une mise en scène attentive à chacun, est en soi un choix d’espoir. Nous sommes vivants tant que nous sommes en mesure de partager les émotions d’un autre être humain. Vienne par ailleurs n’est pas n’importe quelle ville. Même en oubliant les fastes d’un passé plus lointain, on se souvient de la richesse intellectuelle que cette ville de la Mitteleuropa a abrité, on se souvient aussi que l’Autriche, au contraire de l’Allemagne, n’a jamais voulu régler ses comptes avec un passé nauséabond. Pire l’écho des massacres et exils contemporains nous amène à nous demander si la Shoah n’a pas été le laboratoire d’avant garde d’une entreprise planétaire d’anéantissement de l’humain au sens des valeurs, de l’imagination et de la capacité à vivre ensemble. Voilà donc une œuvre cinématographique d’une beauté indéniable qui sans le moindre effet de style plonge au plus profond de notre devenir