François Dosse : Gilles Deleuze Félix Guattari

Biographie croisée. Editions de la Découverte/poche

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Je ne suis ni philosophe, ni critique patenté et ne peux prétendre maîtriser une pensée parfois très complexe, mais le plaisir que j’ai eu à lire le livre de françois Dosse a été  immense. Gilles Deleuze et Félix Guattari touchent au sommet  de la pensée et François Dosse avec une intelligence et une humilité remarquables met leurs vies/pensées dans une lumière aussi bienveillante que stimulante.

Les métier que j’exerce, la publicité et la communication m’ont appris, comme à l’armée, l’art du positionnement. On est à un endroit pour exprimer une seule idée. Quelle pauvreté !

La pensée en mouvement de DG resitue l’homme dans sa complexité, son aptitude à être plusieurs,  capables de voyager parmi les autres.

Depuis la lecture de Sartre c’est la deuxième fois en une vie que j’ai le bonheur d’approcher une pensée aussi puissante .  DG n’ont  eu ni le loisir ni le goût de virevolter sur Internet ou d’user et abuser des jeux vidéos, mais les individus qu’ils décrivent paraissent agités des mêmes soubresauts. Plutôt que de dresser la carte critique de cette humanité multipolaire, ils démontrent qu’il y a potentiellement là une source d’enrichissement.

François Dosse dans sa façon d’exposer leur pensée, adopte une méthode qui en soi est déjà un hommage aux auteurs : vies personnelles, vies professionnelles l’université pour l’un , la clinique de Laborde pour l’autre viennent s’entrechoquer et échanger avec ce qui les a nourri intellectuellement : penseurs,groupes associatifs ou politiques. Le bouillon de culture est fascinant ,voire grisant. On comprend bien que ceux qui rejettent 68, n’apprécient guère la liberté de penser.  Voilà deux auteurs qui comme aucuns autres ont su profiter de la rencontre tant l’un avec l’autre, qu’avec d’autres hommes et femmes qui les ont nourri. Ils sont sans doute à ce jour le seul exemple d’une chimie aussi forte, d’une pensée qui pourrait être celle d’un troisième homme. Certains jours il s’appellerait DG, d’autres jours GD. François Dosse démontre parfaitement qu’il y a là deux génies en action. au départ D est plus philosophe que  G  et G plus analyste que D, mais ces deux là ont été capables de mettre à profit  leurs manques et leurs qualités. Pas la moindre posture, pas le moindre égo dans leur relation, mais une conscience très haute de ce qu’ils peuvent inventer ensemble. Il n’y a pas là un couple, mais une pensée unique en action.

Et le comble est sans doute que François Dosse avec toutes ses qualité, esquisse subtilement une figure qui pourrait ressembler à la naissance incongrue d’un trio.

Si cette pensée est bien celle des temps futurs, on peut se demander si l’effervescence sociale,intellectuelle, politique qui accompagnait son élaboration, appartient ou non au passé. Sans doute et François Dosse nous incite à le croire : notre présent et notre futur

nous obligent à traverser les déserts les plus voyants. Restons pugnaces, joyeux et ouverts.

Ne comptons pas sur les médias pour nous inciter à penser. Merci à  François Dosse.

Merci  aux merveilleuses machines désirantes inventées pour notre liberté par Gilles  Deleuze

et Félix Guattari

NB : quand GD élaborent une critique radicale de la psychanalyse, ce n’est pas pour être à la une des médias, mais pour faire avancer la pensée. Ce faisant Félix Guattari n’a pas démissionné de Laborde. Bien au contraire il a enrichi sa pratique et son propos, tout en apportant à Gilles Deleuze les connaissances qui lui manquaient.